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LES MAILLONS DE LA CHAÎNE DE

LA TRANSPLANTATION

4

L

es coordinatrices

de transplantation

d’organes du CHU de

Liège expliquent leur

métier et lancent un appel aux

dons : «

Faites connaître votre

volonté : vous avez huit fois

plus de chances d’être rece-

veur que d’être donneur

».

Elles sont trois. Trois infirmières

qui sont les coordinatrices des

dons d’organes du CHU de Liège:

Marie-Hélène

Delbouille,

Ma-

rie-France Hans et Josée Monard.

Ensemble, elles assurent une garde

24 h /24, sept jours sur sept. Elles

mettent ensemble les bons maillons

de la chaîne de la transplantation au

bon moment. «

C’est une chaîne de

la solidarité. Entre le donneur et les

receveurs, il y a énormément de per-

sonnes qui sont impliquées : les méde-

cins et infirmiers autour du donneur,

le personnel des laboratoires qui

analyse les compatibilités, les chirur-

giens, anesthésistes-réanimateurs et

infirmiers au bloc opératoire qui as-

surent les prélèvements, les transpor-

teurs qui assurent le transfert vers les

hôpitaux où les blocs opératoires sont

prêts à effectuer les greffes. Tout cela

est organisé en collaboration avec

Eurotransplant qui est l’opérateur of-

ficiel pour la Belgique

».

CHU DE LIÈGE, RÉFÉRENT

WALLON

Marie-Hélène fait ce travail depuis

28 ans au CHU de Liège. En Bel-

gique, seuls les hôpitaux universi-

taires peuvent effectuer les greffes

et le CHU de Liège est le seul en

Wallonie. La nouvelle campagne de

promotion du don d’organes, lancée

à l’occasion de la sortie du film «Ré-

parer les vivants », va lui donner da-

vantage de travail ? «

Les campagnes

sont nécessaires. Parce qu’on est en

pénurie d’organes et qu’il faut sans

cesse promouvoir le geste de solidarité.

Parce qu’il faut tout le temps adapter

la communication à l’évolution des

lois et de la technologie. Parce que c’est

une information difficile, personne

n’aimant parler de la mort

».

La sortie du film avec Bouli Lan-

ners est-elle une bonne occasion ?

«

Toutes les occasions sont bonnes

pour amener les citoyens à réfléchir

à ce sujet en dehors de tout contexte

émotionnel. Il est toujours mieux de

parler de cela quand on n’y est pas

confronté. Quand la famille est face

à la mort d’un proche, il n’est pas

trop tard pour en parler mais c’est

beaucoup plus difficile. Quand on est

confronté à la perte d’un être cher, la

préoccupation première n’est pas de

penser aux autres ; le choc émotion-

nel prend le pas sur le rationnel. La

Loi sur le don d’organes dit qu’il faut

se conformer à la volonté de la per-

sonne. On vérifie d’abord le registre

national : a-t-elle déclaré sa volonté

de donner ? Elle fait déclaration d’op-

position ? Non ? On interroge alors la

famille, pour voir si elle connaît la

volonté du défunt. En l’absence de dé-

claration, c’est la règle du « qui ne dit

mot consent » qui prime. Statistique-

ment, on a entre 15 et 20% de refus

transmis par la famille

».

Le CHU de Liège a ses propres don-

neurs ou reçoit l’appel d’un des hôpi-

taux de la région qui le prévient qu’il a

un donneur potentiel. Il s’agit parfois

de donneurs morts violemment. «

Il

faut de suite faire des démarches vis-

à-vis du Parquet qui met, ou pas, le

corps à disposition. En 28 ans, je dois

dire que je n’ai eu aucun refus du Par-

quet

». Les coordinatrices collectent

dans le même temps les informations

sur le donneur, l’âge, la taille, le poids,

les antécédents par consultation du

dossier médical ou par contact avec

le médecin traitant. Toute une série

d’analyses est menée : le groupe san-

guin, le typage HLA, les tests hépatite

et sida. Tous ces examens sont menés

en urgence, directement au CHU, et

les résultats sont disponibles endéans

les 3 heures. «

On part du principe qu’il

vaut mieux maximaliser les opportuni-

tés de don, les organes et les tissus, et

on effectue alors, avec les médecins des

soins intensifs, l’évaluation de chaque

organe, notamment par échographie

et coronarographie. Une fois le dossier

complet, on sait quels organes sont

transplantables

».

EURO TRANSPLAN

SEULS LES HÔPITAUX

UNIVERSITAIRES

PEUVENT EFFECTUER

DES GREFFES.

ET LES CANDIDATS

RECEVEURS…

Les données sont alors transmises

à EuroTransplant qui, avec un pro-

gramme informatique, va recher-

cher les receveurs dans la liste des

patients en attente. «

Pour chaque

organe, EuroTransplant établit une

liste de patients, classés avec un ordre

de priorité, d’abord sur la compati-

bilité mais ensuite sur des facteurs

externes objectifs, dans l’ordre : la

gravité de l’état du patient, les critères

géographiques et depuis combien de

temps le patient est déjà sur la liste

d’attente. Quelqu’un inscrit depuis 6

mois a priorité sur un patient inscrit

depuis deux jours. Mais, ce qui est

clair, c’est que les médecins ne choi-

sissent pas : c’est un classement objec-

tif et transparent !

»

Le travail des coordinatrices ne s’ar-

rête pas là : «

Si le receveur que dé-

signe EuroTransplant est dans notre

zone, nous battons le rappel : celui

des équipes médicales et celui du pa-

tient

». La cellule de coordination

du CHU de Liège a vu tous les can-

didats à la greffe au moment de leur

inscription. Ils sont donc informés

qu’ils peuvent être rappelés à n’im-

porte quelle heure du jour et de la

nuit et qu’ils doivent être à même

de rejoindre l’hôpital rapidement.

«

Parfois, ils ne répondent pas aux

divers numéros de téléphone donnés.

Il arrive alors qu’on envoie la police

à l’adresse. Nous nous donnons deux

heures pour trouver le patient et

cela arrive qu’on ne le trouve pas. Il

a alors perdu son tour et il est rayé

de la liste jusqu’à ce qu’on le revoie

pour comprendre ce qui s’est passé,

un simple problème technique ou une

opposition psychologique

».

Le patient que la coordinatrice a

réussi à contacter doit alors re-

joindre l’hôpital. «

L’avoir au télé-

phone et l’informer que c’est son tour,

c’est un moment secouant dans notre

travail. Un moment heureux. Pour

en augmenter le nombre, il faut da-

vantage de donneurs. Donc un seul

conseil : le don d’organes, parlez-en,

faites connaître votre volonté avant.

Statistiquement, vous avez huit fois

plus de chances d’être receveur que

d’être donneur

».

R .T.

L'équipe de coordination des transplantations d'organes du CHU

© R.T.