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N

afissatou Thiam a

marqué les esprits lors

de ces J.O, entre autres

en battant son record

personnel de lancer du javelot,

alors qu’elle était blessée au

coude droit. Analyse du

Dr. Christian Milants.

Le ligament collatéral ulnaire (LCU)

est le ligament le plus souvent atteint

chez le lanceur. Sa lésion favorise une

laxité en valgus du coude, qui pourra

accélérer les blessures d’autres struc-

tures du coude, entraîner une sensa-

tion d’instabilité, des douleurs, une

perte de rapidité et donc d’efficacité

lors du lancer ainsi qu’un manque

d’endurance. Les contraintes en val-

gus, lors d’un mouvement de lancer,

sont supérieures à la résistance de ce

ligament, ce qui souligne l’impor-

tance des autres moyens de conten-

tion du coude, et surtout des muscles

épitrochléens qui servent de moyen

de stabilisation active du coude pour

contrer ces forces en valgus et per-

mettent de limiter le risque de lésion

du LCU. L’épitrochléite (l’épicondy-

lite médiale) est moins fréquente que

l’épicondylite, représente 10% des

tendinopathies du coude, et résulte de

mouvements répétitifs en flexion et

pronation du poignet (et est fréquente

également chez le golfeur, d’où son

nom de golfer’s elbow).

LE DIAGNOSTIC ?

L’anamnèse bien menée et l’examen

clinique attentif et systématique sont les

éléments les plus importants de l’évalua-

tion et du diagnostic de la pathologie du

coude. Un examen comparatif de l’autre

coude sera toujours réalisé, et un exa-

men détaillé de l’épaule et de l’omoplate

sera également réalisé. Ensuite, un bilan

radiographique sera en général réalisé

en première intention.

QUELTRAITEMENT ?

Engénéral,letraitementconsisteraenun

repos sportif (consistant en l’interrup-

tion des lancers), d’environ 6 semaines

pour les atteintes du LCU, prise d’AINS,

cryothérapie, accompagnées d’exercices

de renforcement des épitrochléens et

de mobilisation activo-passive pour

maintenir les amplitudes articulaires.

L’immobilisation par plâtre sera évitée

pour éviter l’enraidissement du coude.

Une attention particulière sera portée à

l’optimisation du mouvement de lancer.

LA REPRISE SPORTIVE ?

La reprise du sport sera autorisée

une fois l’athlète asymptomatique et

l’examen clinique normalisé. Un suivi

longitudinal permettra de prévenir au

maximum les récidives.

QUEL PRONOSTIC ?

Le pronostic de l’épitrochléite est géné-

ralement assez bon. Celui de la lésion

du LCU l’est un peu moins (taux de

42% de retour au sport à 24 semaines

avec un traitement conservateur).

La sévérité de l’atteinte initiale et la

qualité et rapidité de la prise en charge

thérapeutique influent de façon consi-

dérable sur le pronostic, ce qui per-

met de souligner l’intérêt d’un suivi

longitudinal par une équipe pluridis-

ciplinaire et une bonne communica-

tion entre les différents intervenants

(médecin du sport/physiothérapeute,

coach sportif, chirurgien, nutrition-

niste…).

LES

J.O

DE RIO

VUS PAR LES EXPERTS EN MÉDECINE SPORTIVE

Ce mercredi 19 octobre, le CHU de Liège et l’ULg,

via le LAMH (Laboratoire d’Analyse du Mouve-

ment Humain), ont été mis à l’honneur par la Fé-

dération Internationale de Football Association

(FIFA). Le Président de la Commission médi-

cale de la FIFA, le Dr Michel D’Hooghe, a en

effet remis à «

SportS²

» (prononcez Sports

Carré) la reconnaissance comme Centre

médical d’Excellence FIFA. 47 centres

sont reconnus à travers le monde et 2 en

Belgique : Roulers et Liège. «

SportS²

» est

l’acronyme de «

Service Pluridisciplinaire

Orthopédie, Rééducation, Traumatologie, Santé

du Sportif

», et rassemble médecins, chercheurs et

paramédicaux au CHU de Liège spécialisés dans le

sport et ses pathologies, la prévention des blessures,

la réathlétisation, la psychologie du sportif et l’opti-

malisation de la performance sportive.

Profitant de la présence de toute cette expertise,

«

Le Patient

» a pensé qu’il serait intéressant de de-

mander à ces spécialistes sportifs une lecture «

mé-

dicale

» de certains événements des derniers Jeux

Olympiques de Rio.

NAFI NE DEVAIT PAS SAUTER EN HAUTEUR APRÈS L’HEPTATHLON

C’est l’avis d’Estelle André, psychologue

du sport qui évoque l’importance du

mental dans le résultat sportif.

"

Je pense en effet qu’il aurait été

«

inconscient

» que Nafi participe

à la hauteur. Elle était dans un tel

état d’euphorie, de demandes de

tous les côtés, qu’il lui aurait été im-

possible de faire une performance à

la hauteur et encore moins d’égaler

ce qu’elle avait réussi en hauteur

lors de son hepta. Pire : elle aurait

même pu se blesser…"

Après une

telle épreuve qu’est l’heptathlon,

une pression tombe et le corps se

relâche également, décompresse.

Repartir dans une compétition

quelques jours après LA perfor-

mance lui aurait coûté trop d’éner-

gie pour se remettre dans un état

de compétition et donc elle aurait

contre-performé. En s’abstenant,

elle a fait un excellent choix!

NAFI THIAM EN

AVAIT SOUS LE COUDE!

© PHOTONEWS

© D.R.