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P
ierre Beaufort se
classe 119
e
de la
catégorie 35-39.
En 10h07.
10h07.51 de souffrance et de
bonheur. C’est le temps mis par
le Tinlotois Pierre Beaufort pour
parcourir l’Ironman d’Hawai,
la course la plus mythique du
monde. Le mari d’Anne Fallais,
du service «Accueil Patients »
au CHU de Liège, a engrangé de
l’expérience. Pour faire mieux la
prochaine fois? «
J'ai fait le plein
d’informations qui me permet-
tront de revenir pour faire mieux
encore. Même si j’ai fait un temps
excellent en natation et en ma-
rathon. Par contre, le parcours à
vélo a été plus compliqué, même
si j’ai dépassé 400 athlètes sur les
180km
». En cause, le climat
hawaien, chaud et lourd. «
Un
climat tropical qui a perturbé
mon alimentation. J’adapterai le
plan alimentaire pour les grandes
chaleurs. Ici, j’ai dû prendre mes
ravitos plus tôt que prévu. Sans
parler du vent changeant que
j’ai eu de face ou latéral sur tout
le parcours. J’étais parti prudem-
ment, peut-être un peu trop
».
Il termine 119
e
dans sa catégo-
rie et 533e au général soit dans
le premier quart des champion-
nats du monde. «
Nous allons
à présent débriefer avec mon
coach, Jesse van Nieuwenhuyzen,
et préparer la saison prochaine.
En collaboration avec SportS² et
le service du Pr. Kaux du CHU
de Liège, avec un accent spéci-
fique sur l’alimentation avec le
Dr Stevens
». Avant de prendre
un repos bien mérité, Pierre
Beaufort sera au départ du Trail
du CHU de Liège, ce samedi 22
octobre. «
Je tiens à remercier
mes sponsors, mon encadrement
et…Anne qui est toujours à mes
côtés
».
LE CHU
À HAWAÏ
IRON MAN
Evi Van Acker
Une gastro qui coûte une médaille
Les plaintes gastro-intestinales
sont très fréquentes chez les
athlètes d’endurance. LeDr Luc
Stevens les explique.
Lors des JOde Rio, alors qu’ellemenait
le classement général du Laser Radial
après trois régates, la navigatrice belge
Evi Van Acker a vécu une journée
cauchemardesque, dégringolant au
classement après les deux régates du
jour, victime d’une gastro-entérite
infectieuse. Plus marquant encore,
l’épreuve de marche de 50 Km. Sous
un soleil de plomb, le français Yohann
Diniz, alors premier, est victime de
diarrhée impérieuse et s’effondre à
plusieurs reprises pour terminer 8è.
Les plaintes gastro-intestinales sont
très fréquentes chez les athlètes
d’endurance. Selon la méthodologie
utilisée et les événements étudiés,
environ 30 à 90 % des athlètes de
longue distance ont des problèmes
intestinaux associés à l’effort. La
nature des symptômes abdomi-
naux vécue par les athlètes varie de
malaises doux liés à l’exercice à une
diarrhée plus ou moins impérieuse,
ou une colite ischémique sévère.
Il existe une forte corrélation entre
les plaintes gastro-intestinales lors
de l’effort et les antécédents de
symptômes gastro-intestinaux. Et
c’est là une des premières clefs à re-
tenir. La prévention passe par des
mesures hygiéno-diététiques pré-
cises, de façon à protéger la barrière
intestinale.
En ce qui concerne la physiopa-
thologie des dysfonctions intesti-
nales, liée à la pratique sportive, à
ce jour, plusieurs hypothèses plus
ou moins démontrées coexistent.
Une des plus admises est l’hypo-
perfusion splanchnique, (qui se
rapporte aux viscères). Au cours
de l’exercice, elle varie en fonction
de l’intensité de l’effort, d’une lé-
gère baisse du débit circulatoire à
une vaconstriction adrénergique
qui peut provoquer une profonde
ischémie digestive (obstruction
soudaine et complète par un caillot
de l'artère mésentérique supérieure,
qui irrigue la majeure partie du tube
digestif). En conséquence, il y a des
changements dans la perméabilité
de la paroi intestinale et des lésions
ulcératives qui peuvent modifier la
fonction intestinale. Ces modifi-
cations, répétées au fur et mesure
des efforts, sont alors la source de
ces troubles gastro-intestinaux. Qui
ont des répercussions directes sur le
rendement et qui ont coûté la mé-
daille à Evi Van Acker.
Les frères Browlee, les frères Borlée, les sœurs Williams
Quelle est la place du bagage
génétique dans le sport?
Les frères Brownlee ont réalisé
undoublémédailles d’or
et d’argent de la distance
olympique en triathlon.
Entretien avec leDr Damien
Sanfilippo
Il existe de multiples exemples de
frères performants, dans différentes
disciplines: Les frères Schleck en
cyclisme, les frères Borlee en athlé-
tisme, les sœurs Williams en tennis,
les frères Saive en ping,...
L’impact du génome dont on hérite
est considérable. Selon les études et
selon les variables étudiées, on peut
estimer que 40 à 70% des perfor-
mances d’un individu peuvent être at-
tribuées au seul «
héritage génétique
».
La génétique n'explique donc pas
tout. L’entrainement, en quantité (vo-
lume) ET en qualité, reste primordial.
Les sportifs de haut niveau et tous les
athlètes qui «
performent
» ont beaucoup de mérite par rapport
aux entrainements rigoureux aux-
quels ils se plient quotidiennement.
Par ailleurs, d’autres paramètres sont
moins, ou pas du tout, influencés par
la génétique ! On peut évoquer l’envi-
ronnement sportif, l’alimentation, la
personnalité, la motivation/force de
caractère, l’intelligence…
En réalité, nous ne sommes pas, au
niveau sportif non plus, tous égaux.
Transformer sa vie pour s’entrainer
comme un pro ne nous fera jamais
atteindre les podiums si nous ne
sommes pas faits pour ça. Préfé-
rez le dépassement de soi même en
première intention et enfin et sur-
tout: mettez l’accent sur la recherche
d’autres bénéfices de l’activité phy-
sique et sportive (bien-être physique
et mental à court, moyen et long
terme (prévention cardio-vasculaire),
le partage, l’entraide, l’amitié, les va-
leurs du sport,…
Nafi - Roger:
une relation
forte
Avant les J.O., une multitude de fac-
teurs ont été mis en place afin que
Nafissatou Thiam puisse être au top
au bon moment.
Nafi a mis en place une logistique fa-
vorisant des entrainements sereins.
Depuis qu’elle est dans le supérieur,
s’entrainant sur Liège, elle s’est orientée
vers l'ULg (Géographie) où elle profite
d’un étalement grâce à son statut d’élite
sportive.
La famille de Nafi l’entoure et la mo-
tive, lorsqu’elle est dans des périodes
plus difficiles (blessures, contre-per-
formances, …).
Et, selon Estelle André, psychologue
du sport, le duo coach-entrainée fonc-
tionne également très bien. Roger Les-
pagnard ne semble pas, sur base des
interviews, souhaiter vivre des victoires
au travers de Nafi. Il l’entraine pour
qu’elle soit au meilleur niveau physique
et technique, qui sont des objectifs sains.
Nafi n’a pas une approche par résultats
comme la majorité des sportifs. Nafi
rapporte toujours qu’elle souhaite
prendre du plaisir, faire le mieux pos-
sible et toujours essayer de faire encore
mieux. Une approche d’objectifs tech-
niques ou tactiques est une bonne ap-
proche (surtout si elle est en phase avec
celle du coach). Pourquoi ?
1. Parce que cela évite de mettre
une pression complémentaire: les
grosses compétitions sont déjà assez
stressantes.
2. Parce que si l’objectif du résultat
est atteint, le cerveau l’enregistre,
installe une certaine euphorie qui
entraîne une baisse de concentra-
tion, de motivation… et le résultat
supérieur est rarement atteint.
Les objectifs, ce n’est qu’une partie des
outils psy sport pouvant être utilisés.
Les encouragements intérieurs ont
également un rôle. Il est, à tous les ni-
veaux, déconseillé de «
s’auto-mutiler
»
langagièrement. En effet, cela aura un
effet négatif sur la confiance en soi, sur
la motivation.