Jeûner, c'est bon pour la santé ?

11 1. On dit que la pratique du jeûne montre une amélioration de l’e! cacité des traitements anticancéreux, et singulièrement, de la chimiothérapie, chez les patients. Qu’en pensez-vous ? Les données recueillies chez les souris étudiées étaient bien convaincantes : une diète faible en calories, en hydrates de carbone et en protéines stimulait le système immunitaire et augmentait l’e" cacité de la chimiothérapie et la protection des tissus sains chez les animaux étudiés. C’était particulièrement démontré dans la lutte contre le cancer du sein. 2. Il y a un mais ? Il y a un mais. Une étude randomisée prospective (appelée étude « DIRECT ») a été réalisée chez des femmes atteintes d’un cancer du sein débutant et qui n’étaient donc pas encore a# aiblies. Quand on jeûne, en e# et, il y a un risque de perte de poids considérable, et c’est un risque qu’on ne peut pas courir avec des patientes déjà a# aiblies. Ça a été une grande déception. Malgré la puissance statistique satisfaisante de l’étude, on n’a pas comptabilisé plus de patientes en rémission complète à l’issue du traitement. On n’a pas pu démontrer, non plus, de toxicité plus faible de la chimiothérapie. Il faut admettre cependant une adhérence médiocre au jeûne : la moitié des patientes a tenu 2 cycles (4 semaines), et un tiers seulement a poursuivi jusqu’à 4 cycles. Le schéma testé sur les souris était très di" cile à reproduire : une souris à qui vous ne donnez pas à manger n’a pas tellement d’autre choix. Un humain, oui. Et, alors que ces patientes étaient volontaires et motivées par les données recueillies chez les souris, elles n’ont pas tenu. Il faudrait d’autres études, qui démontreraient ce qui est supportable en termes de privations, de durée… Peut-être aussi le jeûne serait-il e" cace pour d’autres cancers, ou avec des régimes moins drastiques ? 3. Le sucre, cependant, est réputé favoriser la croissance tumorale ? Le sucre simple, en e# et, fait sécréter de l’insuline, et d’autres facteurs de croissance tumorale. Idéalement, il ne faut donc pas se goinfrer de sucre. Mais on oublie parfois à quel point une chimiothérapie est une épreuve lourde. Elle déforme les goûts, diminue l’appétit, provoque des nausées ou des diarrhées. Or il faut bien se nourrir, pour être prêt à a# ronter le cycle suivant. Plus qu’une diète, je préconise d’essayer de manger sainement, de faire du sport ou, à défaut, de bouger. Et tant pis si pour tenir le coup, le patient a besoin de chocolat : pour accepter la chimiothérapie suivante, il faut garder un minimum de goût de vivre. F.Si. Jeûne & chimiothérapie Trois questions au Professeur Guy Jérusalem, Chef du service d’Oncologie médicale PR. GUY JÉRUSALEM Chef du service d’Oncologie médicale

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