Le père noël existe !

07 C’est la fête ! COMITE DE PATIENT | LA CHRONIQUE «Bonjour, Petit Nicolas» (Goscinny / Sempé ©) ! Et voilà, c’est reparti. Les «monsieur» et les «madame» sont déjà là. C’est décembre et il fait toujours tout noir dehors. Et il pleut en plus. Ils veulent quand même que je m’éveille. Bon, je peux rester au lit, c’est déjà ça. Avant … ah oui, avant, c’était avant que je dorme ici dans une chambre avec des «monsieur» et des «madame» comme ceux d’aujourd’hui (et des autres jours depuis des mois) qui viennent «pour mes soins » comme ils disent. Maman et Papa m’ont dit que je devais aller dans l’hôpital, même que je sais pas comment qu’on dit pace que je n’en avais jamais vu avant. Je suis malade, ils m’ont dit. Avant, quand j’étais malade, je restais à la maison avec Maman et Papa ou bien avec ma Mamy quand ils étaient au travail. Et même que c’était bien parce que je n’allais pas à l’école. Mais maintenant, depuis le temps que je ne vais plus à l’école, je veux revoir mes copains et mes copines. Ils m’écrivent des belles cartes mais c’est avec eux que je veux jouer et même apprendre, tiens. Et Mademoiselle Jeanne, (Franquin ©) elle me manque. Elle donnait bien des punitions parfois mais moi, je l’aimais bien. On apprenait beaucoup des choses avec elle … Le plus di’cile, c’était l’aurtografe ! Je demande tous les jours mais ce n’est pas encore aujourd’hui que je reverrai la classe et la cour de récréation. Paraît que j’ai une sorte de « lussmie» dans le sang et que c’est grave. Ils m’ont pas dit. Ils parlaient à voix basse mais j’ai quand même tout entendu. Tiens, aujourd’hui, on a mis des étoiles et des sapins tout dans ma chambre. Avec des lumières. C’est mieux que les lumières habituelles au plafond, celles qui sont tout blanc et tout froid. Maintenant, c’est chaud. Et ça clignote. C’est comme à la maison quand Papa Noël m’apporte des cadeaux. P’têt bien qu’on est le 25? C’est drôle. Ça doit être ça. On a mangé mieux aujourd’hui. C’est Monsieur le chef de la cuisine qui a décidé, on m’a dit. Faudra que je lui écrive «merci » sur un papier. Je vais demander après mes crayons et mon carnet. On a mangé mieux mais pas comme à la maison le jour du Père Noël. Maman, elle fait bien la cuisine. C’est plus bon qu’aujourd’hui mais c’est pas grave. J’aime quandmême bien. Le plus bon, c’est quand Mamy «va fé l’amagnî » comme dit maman. Quand j’étais malade à lamaison, Mamy disait tout le temps : «Acouh’nez vosse malåde come i fåt. I sèrèt vite so pîd». J’espère que Monsieur le chef de la cuisine connait ma Mamy. Super ! Aujourd’hui, on pouvait avoir des visites! Ah oui, je vous ai pas dit mais, avec le machin du «covite 19», on peut voir nos parents jusse une fois par semaine. Pace qui faut faire attention à tout et surtout pour les enfants fortmalades commemoi. «Covite», ça va, j’ai déjà entendu. À ce qui parait, ça s’attrape facile. Mais, je comprends pas le 19. Quand i fait danger, on dit pourtant «22, v’là les flics» ( Cauvin / Kox ©). Bon, encore des a‰aires de grands, tout cela. Ah oui donc, en parlant des grands. Papa et Maman sont venus aujourd’hui !!! Avec des grands sourires comme les «monsieur » et les «madame » du matin mais ils ne m’ont pas réveillé, eux. Les autres, ils étaient bien gentils mais c’est quand même pas la même chose. Même que Papa il avait mis son rouge costume avec sa bonète à blanc pompon. Il pensait que j’allais pas le reconnaitre même en faisant une grosse voix. Il est pas toujours très malin, Papa. Il avait laissé ses lunettes à son nez ! P’têt c’était mieux pour pas cogner contre la porte. Mais, avec ses grosses lunettes, ça ne pouvait être que lui. Et puis, il aurait disputé Maman si elle aurait venu me voir sans lui … et avec un autre clown en plus. Ils m’ont apporté tout plein des jouets et des cadeaux que les copains et les copines de ma classe avaient préparés à l’école. J’ai eu du chocolat, des boules de gommes, des gâteaux, des oranges, des mandarines et … trop pour mon petit ventre qu’on m’a dit. Alors, je devais les garder pour les autres jours. J’ai voulu dire : «bien vite les autres jours » mais j’étais trop content de voir Papa et Maman aujourd’hui. Et même qu’ils ont pu rester plus longtemps que les autres semaines. C’est bien, Noël, je trouve. Je m’en souviendrai toute ma vie ! Je sais que je vais bien dormir cette nuit avec les étoiles, les sapins, Papa tout rouge et Maman avec les gâteaux. J’ai trouvé ! Je vais demander aux «monsieur » et aux «madame » de venir plus tard demain puisqu’il me va mieux. Jacques GLAUDE Nous ne connaissons pas ni le petit Nicolas ni les autres enfants hospitalisés en pédiatrie. Les uns pour quelques jours, les autres pour quelques mois, d’autres enfin pour … Mais il su–t de suivre l’un ou l’autre couloir du 3e ou du 4e étage du CHU BRUYÈRE pour imaginer leur vécu quotidien. Et la Fête durant ce mois de décembre et la pandémie? la Fête est considérée comme «non essentielle». Mais en thérapie, que vaut le geste-barrière face au geste festif?Même si la fête s’avère occasionnelle et transitoire, pouvons-nous en nier l’impact thérapeutique? Pour le philosophe, le sociologue ou le psychologue, la fête est et restera un événement invariant malgré la diversité et la multiplicité des comportements qui y sont associés. Pour Durkheim, le phénomène festif est reconnu en sociologie tant comme un divertissement que comme une célébration visant à faire pénétrer le sens du sacré au sein de la vie sociale. Pour Freud, la fête est psychanalytiquement justifiée comme un excès permis, voire ordonné, une violation solennelle d’une prohibition. Pour le philosophe moderne, toute fête remet à l’heure la temporalité de notre existence en perdant peu à peu sa raison d’être traditionnelle. Devenue événementielle, la fête prend valeur d’accompagnement des événements de nos existences, fussent-ils heureux ou malheureux. Elle peut prolonger les premiers comme elle peut obnubiler les deuxièmes. En synthèse de ces approches et de ces réflexions, la fête apaise mentalement la sou™rance tout comme elle peut apaiser la pathologie en elle-même en réconciliant le corps sou™rant avec le vécu de la sou™rance. En gardant bien en conscience la différence essentielle sinon le conf lit sémantique entre le sens de la fête et l’esprit festif, nous pouvons oser prétendre que la fête soit libératrice et expressive de la catharsis des tensions de chacun. Néanmoins, toute fête a ses limites comme l’a–rmait, déjà vers 306 AJC, Épicure qui écrivait à son disciple Ménécée: « Il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre avec prudence, honnêteté et justice c’est-à-dire sans appui sur une censure morale à lever ou à transgresser ». Si ce type d’engagement vous parle, merci de proposer votre candidature auprès du service de médiation du CHU en adressant votre demande à l’adresse-mail de Madame DOPPAGNE, responsable du CP-CHU (comitedepatients@chuliege.be)

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