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D
ans l’histoire de la pensée
médicale, le XVIII
e
siècle
est perçu comme une pé-
riode de léthargie, entre
un xviie siècle qui a hissé la science
et un XIX
e
siècle qui verra sa
consécration et son institutionna-
lisation. Ce n’est pas pour autant
que la médecine ne change pas de
visage, elle se voudra avant tout
utile. Le médecin s’implique dans
la société, se préoccupe de l’amé-
lioration de l’état de santé et des
conditions de vie de la population.
C’est dans ce contexte que le 24 mars
1699, le prince-évêque Joseph-Clément
de Bavière promulgue un règlement en-
térinant la création du Collège des méde-
cins. Pour la première fois dans l’histoire
liégeoise, médecins, chirurgiens et phar-
maciens sont associés et dépendent d’une
même autorité. Les médecins, qui échap-
paient à tout contrôle corporatif, sont dé-
sormais soumis au Collège. Les chirur-
giens quittent la Confrérie des barbiers et
des chirurgiens, tandis que les pharma-
ciens se séparent du métier des Merciers.
Un élément essentiel est aussi intégré au
règlement, celui de la reconnaissance de
la profession de sage-femme.
UNE DÉONTOLOGIE
S’INSTALLE…
La volonté du prince-évêque, affir-
mée dès le préambule, est d’établir
sa responsabilité envers ses sujets,
d’uniformiser les savoirs, de contrôler
la pratique et de lutter contre les pra-
ticiens non patentés. Chaque profes-
sion se voit ainsi délimitée et l’idée de
responsabilité réciproque transparaît
désormais. Le médecin devra avertir
le patient lorsque son cas ressortira
de la chirurgie, et vice-versa, tandis
que l’apothicaire appliquera les pres-
criptions à la lettre. Une déontologie
s’insère progressivement, il s’agit d’of-
frir une médecine de qualité. Toute
enfreinte aux règles devient un délit
contre l’autorité publique.
L’art de guérir passe progressivement
du privé au public. Un corps se forme,
s’affirme et, chapeauté par le prince-
évêque, se tourne davantage vers le soin
du patient et plus largement de la socié-
té. Le siècle des Lumières donnera ainsi
les matériaux et les schémas de pensée
nécessaires pour les scientifiques et les
médecins du siècle suivant, qui sera lui,
le siècle de l’action (à suivre).
LE XVIII
E
SIÈCLE EST
CELUI DURANT
LEQUEL L’ART
DE GUÉRIR PASSE
PROGRESSIVEMENT
DU PRIVÉ AU PUBLIC.
ET
LA PROFESSION DE
SAGE-FEMME EST
RECONNUE
EXPO
QUAND
LES CHIRURGIENS
QUITTENT LA CONFRÉRIIE
DES BARBIERS
UNE EXPO À LA BOVERIE
DU 20 JUIN AU 15 SEPTEMBRE
A L’OCCASIONDE SON
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E
ANNIVERSAIRE, LE CHU
DE LIÈGE ORGANISE UNE
GRANDE EXPOSITIONQUI,
PAR QUELQUE 120
TABLEAUX, ILLUSTRERA
500 ANS D’HISTOIRE DE LA
MÉDECINE. CETTE EXPOSI-
TION AURA LIEU AUMUSÉE
«LA BOVERIE» À LIÈGE DU
20 JUIN AU 15 SEPTEMBRE.
Des œuvres en provenance de
nombreux musées internatio-
naux côtoieront les produc-
tions des artistes du CHU (Sol
Lewitt, Daniel Buren, Jacques
Charlier, Toroni, Claude Wui-
dar, Charles Vandenhove, De-
lahaut,…) ainsi que des œuvres
d’artistes contemporains, dont
des créations. Une collaboration
entre le musée «La Boverie», la
Ville de Liège et le Centre wallon
d’art contemporain «La Cha-
taigneraie». «
La pratique de la
médecine offre des thématiques
puissantes, en lien avec tous les
dilemmes de l’humanité : la fai-
blesse physique et la force psy-
chique, la douleur et la victoire,
l’espoir et l’abnégation, le corps
et l’âme, la mort et le rêve d’éter-
nité. La médecine est présente au
quotidien dans toutes les périodes
de crise et de transition, du début
à la fin de vie
» explique Marie-Hélène Joiret, co-commissaire
de l’exposition. L’exposition sera
soutenue par un livre-catalogue.
HoremansJ.P.,Aphysician inhisstudy
writingaprescription forhiswaitingpatient,1745,
WellcomeLibrary, inv.43703i.London.
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500 ANS
DE MÉDECINE