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os reins se soignent mais
peuvent nepas guérir. Près
d’unepersonne sur dix
enBelgique souffred’une
maladie rénale chronique souvent
sans le savoir. Lorsque lediagnostic
tombe, il est peut êtredéjà trop
tard. Pourtant, quelques règles
simples d’hygiènede vie, notam-
ment alimentaires, permettent la
plupart du temps de les préserver.
Cette année, la journéemondiale du rein
du 9 mars se décline sur le thème «Rein
et obésité: une vie saine pour des reins
sains». AuCHUde Liège, lamatinée sera
dédiée à la sensibilisation à l’insuffisance
rénale. Près de 600millions de personnes
dans le monde sont atteintes d’une affec-
tion rénale. Un nombre appelé à croître
encore d’après l'Organisation Mon-
diale de la Santé, qui prévoit une aug-
mentation de 17 % endéans les 10 ans.
Diagnostiquées trop tard, des millions
de personnes décèdent chaque année de
leur maladie ou de ses complications.
UNRÔLE VITAL,
SOUVENTMÉCONNU
À quoi sert le rein? Filtre essentiel, le
rein régule la quantité d’eau nécessaire
à l’organisme et «
élimine les déchets qui
se trouvent dans le sang. Si son fonction-
nement est altéré, ces déchets ne sont plus
correctement éliminés et tout le métabo-
lisme s’en trouve perturbé, avec souvent
VOS REINS SONT
PRÉCIEUX
:
MAIS NE PEUVENT PAS G
SENSIBILISATION
une hypertension artérielle,
explique le
Pr J.-M. Krzesinski, chef du Service de
Néphrologie au CHU de Liège.
Les reins
(nous en avons deux) ont aussi deux
autres fonctions endocrines importantes:
ils produisent des hormones qui per-
mettent l’une d’absorber le calcium, et
l’autre de produire des globules rouges
».
Lorsque les reins ne remplissent plus leur
fonction et ne filtrent plus correctement
le sang, l’organisme est peu à peu empoi-
sonné par les déchets non éliminés. C’est
la conséquence de l’évolution des ma-
ladies qui détruisent les reins: on parle
d’insuffisance rénale, aiguë (transitoire
et réversible) ou chronique (déficit de la
fonction rénale d’aumoins trois mois).
Les risques, concrètement? L’insuf-
fisance rénale chronique prépare des
candidats aux infections et aux mala-
dies cardiovasculaires, voire aux can-
cers. Mais surtout, elle est irréversible
et mortelle si on la découvre trop tar-
divement. «
Aucun médicament ne peut
guérir l’insuffisance rénale,
prévient le
Pr J.-M. Krzesinski.
Si le rein ne fait plus
son travail, il faut le faire artificiellement
par dialyse, en espérant une transplan-
tation ultérieure [une greffe de rein].
Il est impossible de survivre sans cette
suppléance! Mais que l’on soit patient
dialysé ou transplanté, on restera malade
à vie, avec des médicaments et un régime
de plus en plus strict, etc; ce ne sera plus
jamais comme avant
».
MALADIES RÉNALES :
LES FACTEURS DE RISQUES
Certaines personnes sont plus susceptibles que d’autres de dévelop-
per une maladie rénale. D’où l’importance d’un suivi régulier de ces
patients à risques : une prise de sang (tous les ans ou les deux ans)
permet de mesurer le taux de créatinine, bon indice de la fonction ré-
nale. Un test urinaire simple (à la tigette) permet de vérifier l’absence
de complication. Plus la détection d’un problème rénal est précoce,
et plus on a de chances d’éviter qu’il évolue en insuffisance rénale.
Parmi les grands facteurs de risque, on compte :
L’âge :
au fil des ans, le rein vieillit et se sclérose
progressivement. Le risque s’accroît à partir
de 40 ans lorsqu’une mauvaise hygiène de vie
a précipité le vieillissement du rein.
Les facteurs génétiques :
les personnes à la peau
noire ainsi que les grands prématurés et
les enfants nés avec un très petits poids sont plus
susceptibles que les autres de développer une
maladie rénale. Il faut également se montrer plus
vigilant lorsqu’il y a des antécédents familiaux.
L’obésité abdominale et le tabac
Les médicaments néphrotoxiques
dont les anti-inflammatoires
L’intolérance au glucose et le diabète de type 2
L’hypertension artérielle non contrôlée
Les maladies vasculaires,
conséquence de l’athérosclérose
Une fonction cardiologique altérée
Les problèmes urologiques
tels que les pierres
aux reins et les infections urinaires à répétition
Les maladies inflammatoires chroniques ;
intestinales, rhumatologiques, respiratoires, etc.
Les patients atteints de telles maladies doivent
faire l’objet d’un suivi régulier.
LES REINS SOUFFRENT EN SILENCE
La plupart du temps, les reins souffrent sans piper mot… Pendant de lon-
gues années. Souvent asymptomatique au début, lorsque la maladie rénale
se révèle, elle est déjà irréversible.
" D’où l’importance cruciale d’observer
une bonne hygiène de vie dès le plus jeune âge,
alerte Pr J.-M. Krzesinski.
Les jeunes ne sont pas suffisamment sensibilisés, ils se croient invincibles…
Et paient la note à 40 ou à 50 ans, lorsqu’il est trop tard pour bien faire ".
JOURNÉE MONDIALE
9
MARS
La plupart du temps, les reins souffrent sans piper mot…
(D.R.)