Après les inondations, la parole aux psy

03 s après un traumatisme : , s n s e . - e s , a - : e n t r - à , « Personne ne s’attendait à ça en plus du Covid » Cette nuit de cauchemar, et les jours qui ont suivi, Mireille Monville les raconte au présent. Psychologue, Chef du Service Valorisation de l’Humanisation, Maître de conférence ULG, CPLUlg (Unité de psycho traumatismes et psychologie légale), elle a organisé l’accompagnement psycho- logique d’urgence au CHU, rappelé les équipes, travaillé extra muros, en tandem avec le service social d’urgence de la Croix Rouge. Paré au plus pressé, «commencé à permettre la parole sans intrusion, avec bienveillance». Rédigé une procédure des- tinée aux travailleurs psycho-sociaux sur le terrain, lu « l’e roi dans les regards». Écouté, beaucoup. «En parallèle, il faut mettre sur pied une aide psychosociale au CHU, pour les membres de notre propre personnel qui ont été impac- tés. Avec Richard Lint, revenu plus tôt de vacances, nous contactons chacun d’entre eux. Ils doivent faire face à des problèmes administratifs autant que financiers, mais aussi au syndrome de stress aigu, aux deuils multiples (pour un être cher ou pour leur maison, et tout ce qui porte un caractère symbolique, comme les photos ; pour un ani- mal de compagnie, aussi) », détaille-t-elle. DEUX MOIS PLUS TARD «Pour certains membres de notre personnel, déjà éprouvés par la crise du Covid, il est de- venu très di cile de continuer à prendre soin au quotidien sans éprouver un épuisement physique et psychique, en ayant été touché aussi durement », ajouteMireilleMonville. « Ils ont tous bénéficié de 15 jours de circons- tance rémunérés, d’une écoute active, élargie à leurs proches, et de tout ce que nous avions mis en place pour le personnel de première ligne pendant le Covid. Les tensions du corps, elles aussi, peuvent perdurer. » Car tout cela «est loin d’être terminé ». Loin des caméras, loin des élans de solidarités qui se sont naturellement estompés, « les gens sont aujourd’hui moins dans le « faire», davantage face aux problèmes administra- tifs. Au-delà dumois réactionnel normal, on voit des symptômes devenir chroniques, des personnes qui ne peuvent pas engager un travail de deuil, d’autres, âgés ou fragilisés, qui sou rent d’un phénomène de glissement, comme on l’avait observé pendant le Covid chez certains pensionnaires de maisons de repos. Chez les 8-15 ans, il s’agit d’être at- tentif à l’apparition du syndrome de rési- gnation. Je suis inquiète. » Mireille Monville participe également, à l’initiative du réseau REALISM et en partenariat avec l’ULiège, à la création de webinaires. Le dernier en date s’intéresse à la rentrée scolaire, et porte notamment sur la manière de prendre en charge, sans psychologiser à outrance, des enfants fortement impactés. Un travail de longue haleine. F.Si. MIREILLE MONVILLE Psychologue Chef du Service Valorisation de l’Humanisation où il est mieux vu de sou rir d’un rhume que de stress après une catastrophe, parler d’émotions, de cauchemars ou d’une perte de libido est encore souvent tabou ! » Éric Adam sourit, et résume : «La santé mentale est l’une des disciplines de la méde- cine où l’on obtient le plus de résultats positifs. Le souci, c’est que peu de gens y accèdent. N’hésitez jamais ! Identifiez ce qu’il vous ar- rive, consultez un référent, ne traînez pas trop et surtout, surtout, évitez l’auto et la sur-mé- dication. Ce qui fonctionne vraiment, dans ces cas-là, c’est une approche holistique. La résilience a ses limites, et tous les événements que nous vivons depuis deux ans sont autant de facteurs de fragilité en termes de santé mentale. » Frédérique SICCARD « L’état de stress aigu, une grande tristesse, une majoration de la consommation d’alcool ou d’autres substances sont autant de signaux de détresse »

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