Passez l'été en mode "slow"

03 rythme pour de vie Ralentir ou trouver son propre rythme ? Parlez-lui de rythme, et Christina Sch- midt, chercheuse en sommeil et chrono- biologie, vous répondra horloge biologique, et impact sur le vieillissement cognitif et cérébral. «Les rythmes biologiques sont fortement ancrés chez tous les organismes vivants. Notre question est donc : si le rythme biologique est fondamental, quels sont les e ets sur la santé quand on ne le respecte pas ? Par exemple, l’homme étant une espèce diurne- notre corps promeut l’éveil le jour et conseille gentiment de dormir la nuit – la sieste doit-elle être considérée comme une intrusion du sommeil dans un moment de veille? Peut-elle entraver notre programma- tion jour/nuit ? A-t-elle un impact sur les le fonctionnement de la mémoire ou de l’at- tention?» Et puisque qui dit vacances dit, juste- ment, siestes récupératrices (et soirées prolongées et, parfois, réveils tardifs)... «Ralentir le rythme, c’est surtout respecter notre rythme, ancré sur 24 heures. Il est propre à chacun. Vous pouvez demander à un lève-tard d’arriver tous les jours au travail à 6 heures, mais cela augmente le risque d’induire des soucis de santé. À court terme, il rencontrera évidemment une baisse de vigilance et une fatigue qui s’installe. À plus long terme, comme c’est le cas dans les travails postés où l’on contrarie le rythme de façon continue, on associe ce non-respect du rythme biologique à une augmentation de risques cardio-vasculaires ou de certains types de cancer, par exemple. Chez les animaux, des études démontrent qu’une altération du rythme circadien est liée à la progression de la maladie d’Al- zheimer. Chez l’homme, cette tendance commence à se dessiner aussi », indique Christina Schmidt. S’ÉCOUTER, EN DEHORS DES VACANCES AUSSI Mais la sieste s’inscrit aussi dans un contexte particulier : culturel, climatique (essayer de travailler aux heures les plus chaudes d’un pays méditerranéen s’avère souvent contreproductif ) ou de réaction. Ainsi, s’o rir une sieste après une nuit écourtée permet de littéralement rechar- ger ses batteries. «De même, je n’ai pas envie de vous dire que la sieste que vous vous accordez pendant vos quelques jours de vacances n’est pas bénéfique », ajoute la chercheuse. «Elle sert à rééquilibrer la dette de sommeil accumulée pendant le reste de l’année. Changer de rythme, dans ce cas, signifie le respecter davantage : ce n’est pas notre horloge interne qui nous indique de nous lever très tôt, et de courir pour dépo- ser les enfants à l’école avant de foncer au boulot. » Et de conseiller, dès lors, de s’écouter aussi en dehors des vacances. « En fai- sant le plein de lumière du jour le matin, par exemple, pour donner à notre corps des indications précises. Ou en évitant de retarder notre horloge biologique le soir, à grands coups de sport, de lumière artifi- cielle ou de surf sur les réseaux sociaux : mieux vaut se créer une routine reposante pour aider à l’endormissement. A chacun de décider laquelle ! » Prendre le temps d’autre chose « Ralentir et faire du sport, ce n’est pas contradictoire : il faut pouvoir dégager du temps pour s’accorder une activité sportive, et profiter de tous les bienfaits qui en dé- coulent. » Damien Sanfilippo l’observe au quotidien : «Quand on vit à 200 à l’heure, dans sa vie professionnelle et familiale, on ne se rend plus compte qu’on ne prend ja- mais le temps : on oublie de déconnecter. Or, faire du sport sur son lieu de travail, par exemple, diminue drastiquement le taux d’absentéisme et améliore les relations entre collègues. » Pourquoi ? Parce que les gens physique- ment actifs sou rent moins de troubles musculo- squelettiques (maux de dos, par exemple), sont psychologiquement plus stables et gèrent plus facilement les conflits internes, notamment. « Pour certains, trouver ce temps n’est pas facile, ou guère bien vu. Il est alors possible de venir au travail à vélo, ou de se garer plus loin, pour bénéficier de quelques minutes de marche à l’aller comme au retour, un moment pour soi. L’essentiel est de rester en mouvement. » Les bonus ? On diminue la tension ar- térielle, on dépense de l’énergie, on contrôle sa glycémie, on gagne en tonus postural et on augmente ses capacités cardiovasculaires. « Sans parler des ef- fets psychologiques : tout le monde vous dira que pratiquer un sport fait du bien au moral ! Parce que le taux d’endorphines reste élevé plusieurs heures après l’e ort, mais aussi parce qu’on est porté par des objectifs à plus ou moins long terme. On accomplit quelque chose en prenant du temps pour soi ! » FRÉDÉRIQUE SICCARD Le GIGA-CRC in Vivo Imaging étudie l’impact du cycle de veille-sommeil sur le fonctionnement cérébral et cognitif. Vous avez 65 ans ou plus, et vous êtes en bonne santé? Les équipes de l’Unité ont toujours besoin de volontaires pour cette étude. SIESTE OU PAS DE SIESTE ? Les personnes intéressées peuvent prendre contact avec Alexia Lesoinne, au 04/366 29 89 ou en consultant le site www.cognap.uliege.be NOËLLE DELBRASSINE Assistante au Département de philosophie CHRISTINA SCHMIDT Chercheuse qualifiée au FNRS DAMIEN SANFILIPPO Docteur en Médecine physique et Réadaptation fonctionnelle civilisation moderne est une ‘’conspiration universelle contre toute espérance de vie intérieure’’. Il est donc urgent d’apprendre à lever le pied. Mais les philosophes ajoute- raient sans doute qu’il faut faire attention à ne pas arrêter la machine pour autant : l’homme n’est pas heureux quand il ne se donne pas de projet ! Sans doute de- vrions-nous prendre le temps d’honorer nos raisons légitimes de ralentir, sans négliger nos besoins d’avancer. »

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