Le Patient 50 / Vaccins, interview optimiste

10 SOINS NON-COVID I LA RELANCE C ’est la situation de l’acti- vité du CHU aujourd’hui. Le 14 mars 2020, face à la pandémie du Coro- navirus, le gouvernement fédé- ral décrètait le lockdown des soins dans les hôpitaux et donc une annulation massive des ren- dez-vous médicaux. Dix mois et une deuxième vague plus tard, le Pr PierreGillet, directeur médical du CHU de Liège, revient sur ces mesures et analyse leur impact sur les soins non covid. Première vague, premier confinement des soins, premier chiffre de référence. Pour le CHU, le lockdown du mois de mars s’est traduit par l’annulation de 100 000 rendez-vous médicotechniques et polycli- niques. «A cela, il faut encore ajouter tout ce qui était programmé en intervention : la chirurgie ambulatoire, l’interventionnel, différents tests... ». Les reports se succèdent jusqu’au dé- confinement qui marque le début d’une certaine reprise : de juillet à septembre, l’hôpital tente de récupérer les retards pris. Notamment pour les opérations non urgentes «mais qui deviennent nécessaires avec le temps » comme la cataracte, les pro- blèmes d’arthrose, les prothèses de hanches, de genoux ... Pour y arriver, le personnel médical et soignant prend peu ou pas de vacances. Lorsqu’arrive la deuxième vague, le retard n’est pas complètement résorbé. «Fin septembre, nous voyons le nombre de contaminations augmenter mais cette fois, il n’y a pas de décision de lockdown venue «d’en haut ». Début octobre, une évidence : nous allons devoir rouvrir de nombreuses unités Covid ». Alors que les chirurgiens et leurs équipes travaillent d’arrache-pied pour récupérer les retards dus à la première vague, le CHU décidemi-octobre, 15 jours avant le gouver- nement fédéral, de se mettre en lockdown des soins. Les interventions non urgentes et non nécessaires sont déprogrammées : cata- racte et prothèses de genoux et de hanches à nouveau mais aussi chirurgie cardiaque non urgente «pour récupérer des infirmières pour les soins intensifs et pour éviter d’en- combrer les soins intensifs ». Entre le 15 octobre et le 3 novembre, le CHU rouvre une vingtaine d’unités covid. Nouveaux reports, nouvelles déprogrammations : l’histoire se répète. DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX VAGUES Avec toutefois des différences impor- tantes entre les deux vagues : l’expérience acquise, les tests et les masques désormais disponibles, le filtrage aux entrées pour des consultations individuelles. Conséquences : «Le flux ambulatoire a été maintenu à qua- siment 60% ». Par contre, les grosses opé- rations programmées qui donnent lieu à un suivi aux soins intensifs (chirurgie car- diaque, abdominale et oncologique dans toutes les disciplines ainsi que les chirurgies nécessaires pour le parcours du patient) ont dû être annulées pendant près d’un mois. Mais dès que cela a été possible, l’activité hospitalière a recommencé. «Nous sommes actuellement dans une reprise hospitalière à 70% tandis que la reprise ambulatoire atteint pratiquement 100% ». Un objectif primordial pour le CHU, malgré la situation : garder le contact avec les patients. Un exemple : pendant les deux vagues, les médecins anesthésistes effectuaient des consultations par télé- phone pour préparer leurs interventions. Contacts maintenus aussi pour les patients chroniques qui étaient en rééducation (no- tamment pulmonaire). « Il faudrait être à 120% pour rattraper le retard, constate le professeur Gillet. Mais la cadence est déjà très soutenue. En imagerie médicale par exemple, on travaille jusque 22h. A l’épuise- ment physique s’ajoute l’épuisement moral ». Et les patients ? «C’est un peu comme pour les masques, constate le professeur Gillet. Il y a une sagesse et 80% des personnes qui se font une raison d’une part contre 20% qui se révoltent et s’opposent. Mais concrètement on essaie de satisfaire tout le monde ». Un système de répondeur a notamment été mis en place pour orienter les patients et diminuer les files d’attente téléphoniques. Que leur dire ? «D’une part d’être... patients. Ils peuvent nous aider en ayant un dialogue constructif avec l’équipe soignante quand ils ont un rendez-vous programmé et que nous les contactons pour connaître leur état de santé ». Par ailleurs, les entrées sont toujours limitées et les vigiles toujours présents pour éviter les visites en groupe à la consultation ou en hospitalisation. L’énorme majorité des personnes comprend mais il reste des incompréhensions. «Même si certaines sont parfois tout à fait légitimes, constate le directeur médical du CHU, il faut de la compréhension et de solidarité pour éviter une troisième vague ». C.N. Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 04/01/2021 Retour au confinement total en Angleterre 05/01/2021 Démarrage officiel de la campagne de vaccination en Belgique 06/01/2021 Le Dr Pierre Foidart, oncologue, est le premier membre de la communauté CHU de Liège vacciné au « Moderna » à Harvard (Boston) • CHU 70% EN HOSPITALIER 100% EN AMBULATOIRE PR PIERRE GILLET, Directeur Médical du CHU de Liège

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