Le Patient 46 / Journée mondiale du coming-out

12 U n certain nombre de pa- tients passés par les soins intensifs développe des complications. Ce «syn- drome post-USI» est pris en charge au sein d’une clinique qui leur est entièrement dédiée depuis un peu plus de deux ans. Beaucoup de patients sortant des soins intensifs sont à risque de complications. Le parcours du combattant ne s’arrête pas à la porte de sortie des soins intensifs. Une vie sauvée a encore besoin d’attention. Voire de beaucoup d’attention pour certaines. Et ce, jusqu’à plusieurs semaines après avoir franchi cette fameuse porte. Fort de ce constat, le CHU de Liège fut l’un des premiers à consacrer aux patients pas- sés par l’Unité de Soins Intensifs (USI) un trajet de soins à long terme au sein d’une «Clinique Post-USI». Une structure forte, rapide et multidisciplinaire, qui intervient au chevet du patient dès son hospitalisation en chambre «normale». Tous les patients ? Non, tout particulière- ment ceux qui ont passé plus de 7 jours en CONNAISSEZ-VOUS LA CLINIQUE POST-SOINS INTENSIFS? HÔPITAL I SOINS USI, ce qui représente environ la moitié des personnes hospitalisées dans cette unité. ANTICIPER LES COMPLICATIONS «Un à deux tiers des patients post-USI sont à risque de développer des complications », précise le Dr Anne-Françoise Rousseau, anesthésiste-intensiviste au CHU de Liège et chargée de cours adjoint à l’ULiège. «Ces manifestations, regroupées sous l’appellation «syndrome post-USI», peuvent être d’ordre clinique (musculaires,métaboliques ou cogni- tives,parexemple)maisaussipsychologique.» «Ce syndrome, mis au jour par les inten- sivistes dans le cadre de leur pratique de terrain, est encore peu connu. Les patients sont donc parfois étonnés quand on les rap- pelle », poursuit le Dr Rousseau. «Notre objectif est d’anticiper les signes qui pour- raient se manifester, signes auxquels le pa- tient pourrait ne pas prêter attention en se disant ‘ça va passer’, alors qu’ils risquent de le fragiliser à nouveau, voire d’entraîner une ré-hospitalisation. » Outre une perte de qualité de vie pour le patient, ces séquelles ont aussi un impact nancier et des conséquences pour la San- té publique. Mieux vaut donc anticiper. COVID-19: LE VÉCU DES PATIENTS Le retour des patients sur leur expérience dans l’unité est aussi le bienvenu. Il permet d’optimiser la qualité des soins, non seu- lement après les soins intensifs mais aussi pendant. C’est notamment le cas avec le coronavirus. «Par exemple, la position des patients Covid-19 en décubitus ventral peut provoquer des atteintes neurologiques périphériques… Comment pouvons-nous améliorer ça? », s’interroge le Dr Rousseau. «Actuellement, nous revoyons une quaran- taine de patients touchés par la Covid-19, dont certains sont toujours en rééducation. » EN PRATIQUE La coordination du suivi des patients est assurée par deux in rmières de liaison « post-USI », qui organisent un bilan de santé précis entre les mains d’une équipe multidisciplinaire, composée d’un mé- decin, d’un kiné, d’un psychologue et d’une diététicienne. Une prise de sang ainsi qu’une ostéodensitométrie osseuse (perte de masse osseuse liée à l’alitement prolongé et donc risque de fracture) sont notamment organisées. La consultation, qui regroupe les di érents intervenants, se déroule à la polyclinique Brull, au centre-ville, pour plus de facilité, grâce à la précieuse collaboration avec le Service de Médecine physique du CHU. CÉCILE VRAYENNE INFOS 04/284 27 89 ou post-usi@chuliege.be DR ANNE-FRANÇOISE ROUSSEAU, anesthésiste-intensiviste au CHU de Liège et chargée de cours adjoint à l’ULiège

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