Le Patient 43

01/02/2020 1 er cas de Covid-19 rapporté en Espagne 04/02/2020 1 er cas de Covid-19 rapporté en Belgique 26/02/2020 1 er cas de Covid-19 rapporté en Autriche 3 non vitales, une fermeture progressive d’ autres services d’hospitalisation, d’accueillir les patients dans des cir- cuits distincts. C’est le personnel libéré par cette réorganisation sur tous nos sites qui a permis de mener la lutte. Ensuite, nous sommes un hôpital uni- versitaire . Le fait de pouvoir s’appuyer sur une université forte a été un élément déterminant. Pas seulement par des aides ponctuelles de matériel, qui ont été vi- tales au moment le plus fort des pénuries. Mais surtout dans la recherche de solu- tions au niveau de la réalisation des tests de dépistage, de solutions techniques aux problèmes nouveaux liés à l’épidémie, au développement de nouvelles réponses en biologie, en biochimie, en infectiolo- gie. Et aussi par son apport intellectuel, je dirai même philosophique, qui nous pousse à analyser anticipativement et malgré tout dans l’urgence les consé- quences de chaque décision prise, no- tamment au niveau éthique. Les réseaux hospitaliers ont quant à eux connu leur baptême du feu. Notre laboratoire de dépistage a rapidement été mis au service de tous; nous avons coordonné différentes opérations pour des commandes communes, des opé- rations de communication commune, des appels aux dons communs, des échanges de pratiques,… Nous avons même mené des opéra- tions les deux réseaux de la province de Liège confondus. C’est dire que l’Union a été forte. Je pense que notre réseau a bien fonctionné, au profit de tous. Et qu’on a aussi réussi à transcen- der ces réseaux au bénéfice de notre population ET LES INTERACTIONS AVEC LE MONDE DE L’ENTREPRISE? C’est un autre élément qu’il faut mettre en avant: la solidarité de l’écosystème, des entreprises avec qui on a travail- lé dans la crise. Aujourd’hui, j’ai plus confiance dans les capacités d’adap- tation des entreprises de notre région pour nous aider dans la crise que dans le marché globalisé. Des TPE’s, des PME’s, des grandes entreprises, nous ont en quelques jours conçus des pro- duits dans des marchés qui n’étaient pas les leurs. J’ai été impressionné par l’ingéniosité des entreprises de Wallo- nie. Elles ont été présentes pour nous apporter des solutions techniques innovantes. J’en étais déjà convaincu mais aujourd’hui encore, plus qu’hier, on peut construire notre futur sur les forces de notre économie wallonne. LIÈGE DOIT TOURNER LE DOS À SA VOCATION LOGISTIQUE? Bien évidemment que non car là aus- si la crise a démontré que ce rôle de plate-forme logistique était indispen- sable pour nous aider. Je n’oublierai ja- mais la mobilisation de l’aéroport, des logisticiens présents sur le site, mais aussi des fonctionnaires des douanes, du SPF Economie, … qui ont tout fait pour que nos commandes puissent nous arriver dans les meilleurs délais. Comme l’a dit le Ministre Crucke, « sans Liege Airport, la chaîne sanitaire ne peut fonctionner ».. PUIS IL Y A LA GESTION « BELGE ». Il est toujours de bon ton de critiquer la Belgique pour son fédéralisme com- pliqué. Ici, force est de constater que toute une partie a bien fonctionné. Je suis admiratif devant le travail du Conseil National de Santé avec une Première Ministre qui, avec le soutien des différents Ministres-Présidents, a imposé un style belge, pragmatique et sans emphase inutile. Je suis impressionné par la capacité de toutes les régions et communautés d’agir dans leurs compétences sans se marcher sur les pieds. Et par l’excel- lente collaboration que nous avons eue avec notre Ministre de tutelle (Valérie Glatigny) ou avec la Ministre wallonne de la Santé (Christie Morreale) qui ont toujours été à notre écoute. Puis de l’autre côté, la lutte contre la pénurie, symbolisée par les masques puis par les ecouvillons, est symptomatique du décalage qui peut exister entre le discours de certaines autorités et les réalités de terrain. On nous annonce à grand renfort de publicité des masques qui n’arrivent pas puis, quand ils sont là, on reçoit de quoi tenir… 5 jours! On a donc dû se débrouiller et, à la fin, et c’est cela le miracle belge, on trouve des solutions mais à quel prix! ET LE PATIENT? L’intérêt du patient a toujours été au centre de nos préoccupations. Le CHU de Liège a personnellement contac- té tous ses patients pour reporter ou maintenir sa consultation. Imaginez le nombre de sms envoyé: le CHU, c’est 100.000 consultations par mois. Les opérations reportées ou maintenues: c’est 3.000 dossiers médicaux étudiés un par un par les médecins référents. Un travail colossal. Je suis aussi parti- culièrement satisfait du tri des patients en amont des urgences pour séparer les COVID des patients normaux. Au début, quand tout lemonde pensait encore que c’était une mauvaise grippe, ce tri, mené dès le premier jour dans les locaux libérés par notre service ATC, a évité la propagation. On doit aussi remercier la Ville de Liège qui a réagi très vite et qui a mis à notre dis- position des conteneurs pour accueil- lir nos centres de tri, du Sart Tilman et des Bruyères. Enfin, rappelons le travail extraordi- naire qu’ont réalisé nos laboratoires qui non seulement ont été les premiers agréés en Wallonie mais qui ont dé- veloppé eux-mêmes le produit pour réaliser les tests par écouvillons… Tout cela avait été imaginé par le plan d’urgence hospitalière, avec le patient au coeur des décisions. Et quand les pathologies se sont aggravées, c’est au CHU de Liège que les familles ont pu accompagner leur parent en fin de vie. FINANCIÈREMENT, COMMENT TOUT CELA VA-T-IL SE PAYER? Je vous répondrai plus tard. Mais même si l’impact risque d’être colos- sal pour nous, j’ai confiance dans le système institutionnel belge dont on comprendrait mal qu’il ne soutienne pas un service public et tout un sec- teur que la crise a replacés en haut des priorités. UN MOMENT MARQUANT DE CETTE CRISE? Il est difficile d’en isoler un. D’une ma- nière générale, je dirais cette difficulté d’une pression quotidienne pour gérer cette crise sans aucune disponibilité de soupape pour évacuer la pression. D’autant plus que, pour des raisons de santé qui me sont personnelles, je dois rester, en permanence attentif à res- pecter toutes les consignes pour éviter d’être contaminé. Je n’ai donc pu me rendre en première ligne comme je l'aurais voulu. Mais j’y avais, avec les ur- gentistes, les intensivistes et tout le per- sonnel soignant et non soignant mobi- lisé pour le patient et pour faire barrage à la maladie, des personnes dont on ne louera jamais assez l’abnégation, la volonté et la solidarité, mes meilleurs ambassadeurs. Le moment marquant de cette crise est …à venir: ce sera le jour où on pourra dire que, tous ensemble, on a vaincu le virus! LM "NotreMinistre de tutelle (Valérie Glatigny) et laMinistre wallonne de la Santé (ChristieMorreale) ont toujours été à notre écoute"

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