Le Patient 43

Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 25/01/2020 1 er cas de Covid-19 rapporté en France 28/01/2020 1 er cas de Covid-19 rapporté en Allemagne et àWuhan en Chine 31/01/2020 1 er cas de Covid-19 rapporté en Italie et au Royaume-Uni 2 ENTRETIEN JULIEN COMPÈRE I AU CŒUR DE LA CRISE DU CORONAVIRUS J ulien Compère est l’Administrateur délégué du CHU de Liège. Il est aussi membre de la Confédération des Hôpitaux Académiques de Belgique (CHAB). Le CHU de Liège est membre fondateur d’un des plus grands réseaux de soins de Belgique avec sept autres hôpitaux. QUE VOUS INSPIRE LA CRISE DU CORONAVIRUS? Tout d’abord, vous dire que, alors que je suis administrateur délégué du CHU depuis 7 ans, jamais je n’aurais cru vivre cela un jour. Ma première pensée va aux victimes et à leur famille qui, elles aussi et surtout, ont du jour au lende- main été confrontées à l’indicible. Nous ne sommes pas à la n de l’épidémie et c’est pourquoi, par respect pour ces per- sonnes décédées mais aussi par solidarité avec les plus faibles, je voudrais insister une fois encore sur le nécessaire respect des règles édictées par nos autorités (con nement, distanciation sociale, …). Je pense ensuite au personnel de nos hôpitaux. A tout le personnel qui, quelle que soit sa fonction dans la chaîne de soins, forme un groupe solidaire et mobi- lisé, qui, au jour où je vous parle, permet à notre système de résister. Je suis er de travailler avec un personnel de cette qua- lité physique, intellectuelle et morale. Le CHU, c’est 230 métiers di érents. Tout le monde a mis les mains dans le cambouis. Et je suis persuadé que c’est la même chose dans tous les hôpitaux. TOUT A COMMENCÉ AU LENDEMAIN DU CARNAVAL… Il faudra nécessairement analyser la crise quand elle sera terminée avec énormé- ment d’attentions et faire toutes et tous notre examen de conscience. Nous le devons à toutes ces personnes décédées, à tous ceux qui ont dû aller «au front» Editeur responsable: Sudpresse - Pierre Leerschool Rue de Coquelet, 134 - 5000 Namur Rédaction: • Frédérique Siccard • Jennifer Devresse • Martin Leemans • Caroline Doppagne • Cécile Vrayenne • France Dammel • Georges Larbuisson Coordination: • Louis Maraite • Rosaria Crapanzano • Marie Erpicum Photographies: • François-Xavier Cardon • omas Van Ass Mise enpage: • Sudpresse Creative Impression: • Rossel Printing EDITO PRENEZ SOINDEVOUS ! Les dates de sortie du journal « Le Patient » sont xes. Le nu- méro précédent, consacré au Té- lévie et au Festival ImagéSanté, fut retiré des bacs dès l’annonce des mesures de con nement. Ce numéro-ci est entièrement consacré au Covid-19. Il sort au moment où la crise reste sé- vère. Gardons en permanence à l’esprit les mesures d’hygiène et de distanciation sociale. Ce sont nos meilleurs boucliers contre la pandémie et il n’est pas question de relâcher la garde ! Ce numéro du Patient n’est pas un bilan, il est un état des lieux. Un instantané. Une situation gée au lundi 13 avril alors que vous ne le lisez, délai de fabrication oblige, que le 16 ! Il est l’occasion de prendre un peu de recul sur la gestion quotidienne. Pour comprendre. A n de, demain, pouvoir rebon- dir. Autrement. Mieux. Pour que nous soyons prêts la prochaine fois. Par respect pour ceux qui ne sont plus là. LA RÉDACTION LEMOTWALLON « Dji vou ... dji pou! » «Je veux, je peux », le contraire des «grandiveux»: «Dji vou…dji n’pou» ExtraitduprojetBabel. «TIRER LES LEÇONS: ON LE DOIT À CEUX QUI NE SONT PLUS LÀ! » du jour au lendemain, à toutes ces per- sonnes âgées qui depuis plus de quatre semaines n’ont plus aucune visite. Il est vrai que la mobilisation n’a réellement commencé qu’au retour de congé, alors que de nombreuses personnes avaient passé des vacances dans les foyers d’épi- démie,. Ce qui a donné au Coronavirus un développement inouï. LE CHU DE LIÈGE S’EST MOBILISÉ ASSEZ VITE… Nous avons essayé, et essayons toujours, de faire de notre mieux, modestement et avec toute l’humilité que nous rappelle cette crise. Ces crises, en théorie, elles sont maîtrisées dans des plans «catas- trophe», les Plans d’Urgence Hospita- liers (PUH) clairement énoncés et ré- pétés dans les hôpitaux. Mais ici, notre plan d’urgence entame sa … cinquième semaine. Du jamais vu. Et qu’à côté de la prise en charge des patients COVID, il faut continuer à prendre en charge les urgences vitales, voire même des transplantations d’organes. On a donc tout mis en œuvre pour gérer cela au mieux avec la création du Centre de Tri en amont des urgences, dès le premier jour, pour scinder les patients sains des patients infectés, avec la mise en place de cellules « approvisionnements » pour vé- ri er les commandes de produits pénu- riques ; avec le report des consultations, des hospitalisations et des opérations programmées après analyse, par le mé- decin référent, de chaque dossier médi- cal du patient, avec la mise en place de consultations en télé-médecine partout où c’était possible, avec la transforma- tion progressive des services en « unités COVID ». Avec le rappel en urgence des respirateurs que nous avions donnés à Hôpital Sans Frontières et qui n’étaient pas encore partis... COMMENT L’HÔPITAL S'EST-IL ADAPTÉ? Je voudrais vous donner une réponse par rayons d’actions. Il y a d’abord notre hôpital multisites qui s’est adapté: les policliniques ont été fermées pour se concentrer sur nos deux sites hospitaliers principaux , le Sart Til- man et les Bruyères. Le développement d’unités COVID puis l’extension des ca- pacités en lits de soins intensifs ont per- mis, grâce à l’arrêt des consultations et le report de toutes les programmations « Les crises ressoudent les équipes au- tour d’un objectif commun. Les liens, qui étaient déjà très forts avec les méde- cins traitants, se sont encore renforcés. C’est une très forte collaboration qui s’est mise en place. Sans cesse, lemessage vers le patient, qui se présentait ou appelait le CHU, a été de retourner vers son méde- cin traitant et de lui faire con ance. Le bon patient à la bonne place, c’est tout l’enjeu de l’organisation des soins de santé. Nous avons également mis nos médecins spécialistes à disposition, no- tamment les gériatres pour conseiller les maisons de repos, les psychiatres pour les questions de santé mentale,… Dans l’autre sens, nous avons accueilli des médecins de la première ligne dans nos centres de tri COVID dans une col- laboration aussi fructueuse qu’intéres- sante. C’est à nous de faire en sorte, par la con ance et la communication, qu’il y ait un avant et un après Covid. Je veux ici vraiment les remercier. Je suis très con ant pour nos relations futures : c’est le patient qui en pro tera !» Les liens renforcés avec les médecins généralistes ?

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