D’une technique expérimentale dans les années 1970, la transplantation d’organes est devenue en 2017 un traitement bien établi, aux risques connus, dont peut bénéficier un nombre toujours plus important de patients.

La transplantation d’organes est donc un traitement qui sauve des vies quotidiennement, même dans un petit pays comme la Belgique, mais elle est victime de son succès. La demande en organes augmente, mais ces besoins ne sont pas suffisamment couverts par le nombre de greffons disponibles. Cet état de fait induit des listes d’attente avant transplantation, ainsi que trop de décès de patients attendant un organe salvateur.

Histoire de la transplantation et situation mondiale actuelle

Chirurgicalement, les transplantations d’organes doivent beaucoup aux travaux d’Alexis Carrel au début du 20ème siècle. Il a développé les techniques de sutures des vaisseaux sanguins qui sont toujours largement utilisées actuellement. Des techniques chirurgicales différentes pour chaque organe ont ensuite été mises au point et sont encore très régulièrement améliorées. Ces techniques de prélèvement et de greffe d’organes sont quasi identiques dans le monde entier, et trop spécialisées pour être expliquées ici. Le rejet de l’organe transplanté a été longtemps un obstacle quasi insurmontable. Ainsi, la première transplantation rénale qui a été un succès, transplantation réalisée par le Pr Murray en 1954, était une transplantation entre frères jumeaux vrais, qui partageaient le même capital génétique, et donc le même système immunitaire. Le greffon rénal n’était donc pas « étranger » pour le patient receveur. Ce rein transplanté a permis la survie du receveur pendant 8 ans, avant de perdre sa fonction en raison de la récidive de la maladie rénale initiale sur le greffon.

Murray576  starzl575 Pr.Tom Starzl

C’est dans les années 1960 qu’ont été réalisées les premières transplantions hépatique (1963, Pr T Starzl, Denver, USA), pulmonaire (1963, Dr Hardy, Jackson, USA), cardiaque (1967, Dr Barnard, Cape Town, Afrique du Sud) et pancréatique (1966, Dr Lillehei & Dr Kelly, Minneapolis, USA).

C’est aussi dans ces années 60 qu’a été définie la mort cérébrale, permettant le prélèvement d’organes sur des donneurs morts par destruction complète et définitive de toutes les fonctions cérébrales mais dont le cœur battait toujours. Le nombre de transplantations réalisées de par le monde a alors augmenté de manière importante, mais ces programmes se sont tous quasiment arrêté dans les années 70 car les résultats restaient très insuffisants en raison du non contrôle du rejet. L’arrivée de la cyclosporine dans les années 1980, puis du tacrolimus et du MMF dans les années 1990, a permis de prévenir la plupart des rejets aigus et donc l’entrée dans l’ère moderne de la transplantation d’organe dont les résultats sont excellents. « Résultats excellents » ne signifie pas vie éternelle du greffon ou du receveur.

La survie moyenne d’un greffon rénal est de 10 ans, la survie moyenne d’un patient adulte transplanté du cœur ou du foie est aussi d’environ 10 ans. Survie moyenne ne veut pas dire 100% de décès après 10 ans. Certains patients décèdent tôt de complications diverses, d’autres vivent depuis plus de 25 ans avec leur organe greffé ! Certains patients transplantés ont en outre besoin d’une seconde transplantation, qui est appelée « regreffe », augmentant encore ainsi le besoin en organes.