Chaire Janssen-MICI, Prof Edouard LOUIS,
maladies inflammatoires intestinales, 2020-2022
Service Gastro-entérologie, hépatologie et oncologie digestive

Proposition d’activités et développement dans le cadre de la «Janssen IBD Chair » du CHU de Liège.

Le secteur des MICI du CHU de Liège occupe en 2019, 5 gastroentérologues dédiés aux MICI, 2 chirurgiens coloproctologues, 2 infirmières de liaisons, 1 agent d’éducation thérapeutique, 3 data managers, 2 chercheurs post-doc, 3 chercheurs doctorants, 2 technologues de laboratoires.

La file active de patient est de 1750 patients et la base de données comprend plus de 3000 patients.

Une Chaire Janssen en MICI permettrait de soutenir notre activité suivant 3 axes : la clinique, la recherche, les services aux patients.

Activité clinique

La prise en charge de nos patients suit une stratégie du « Treat-to-Target ». Ceci implique :

  • l’évaluation initiale des patients à la fois clinique, biologique (y compris originaux, issus des recherches de notre groupe), morphologique, sociologique, psychologique
  • le monitoring régulier de la maladie par des marqueurs objectifs, à la fois morphologiques et biologiques, et par des « Patient-Reported-Outcomes » (PRO)
  • l’optimisation thérapeutique utilisant les marqueurs objectifs et si nécessaire le « Therapeutic-Drug- Monitoring »
  • la discussion régulière du rapport bénéfice-risque optimal du traitement et l’optimisation de ce rapport bénéfice-risque

Besoins : cette prise en charge implique à la fois un travail de routine au contact des patients et un travail de développement pour la mise au point et le choix des marqueurs biologiques et morphologiques ainsi que la réflexion sur l’évolution des stratégies de traitement. Il implique au quotidien, en plus des médecins, 2 infirmier(e)s de liaison et un agent spécialisé dans l’éducation thérapeutique. En outre, plusieurs chercheurs, technologues et data managers, impliqués en amont de la clinique contribuent à ce travail, à travers des réunions multidisciplinaires périodiques et une collaboration quotidienne.

Objectifs : Les objectifs pour les trois prochaines années sont de continuer à implémenter les outils et procédures en développement. En particulier :

  • introduction possible (selon développement de la recherche) en phase de test de nouveaux biomarqueurs pour l’évaluation des patients
  • développement de l’échographie comme outil « point of care », faite par le gastroentérologue à la consultation MICI
  • introduction possible du cellvizio (microscopie confocale per-endoscopique- selon développement de la recherche) en phase de test comme outils d’évaluation de la profondeur de la rémission endoscopique
  • affinement de l’utilisation des PRO avec notamment l’introduction de l’IBD disk comme élément d’orientation pour les patients nécessitant

Recherche

Nous développons, en plus de la recherche pharmaceutique et de notre implication importante dans la recherche clinique académique (via des groupes de recherche bien structurés comme BIRD et GETAID), une recherche translationnelle dans les domaines de la cicatrisation muqueuse, la cancérisation liée à l’inflammation, la fibrose et les cellules souches mésenchymateuse.

Nous étudions les processus de cicatrisation muqueuse dans les MICI à la fois via des techniques d’analyses morphologiques comme le Cellvizio et par une analyse protéomique. Plusieurs nouveaux marqueurs associés à la cicatrisation muqueuse soit au niveau de l’iléon soit au niveau du colon ont été mis en évidence. Ils sont actuellement étudiés sur de nouvelles cohortes.

Nous avons, à nouveau par des techniques de protéomique, mis en évidence une série de protéines caractéristiques du processus de cancérisation colique liée à l’inflammation. Ces marqueurs, grâce à une collaboration avec d’autres hôpitaux de la région, avec l’université de Zurich et l’université de Lausanne, sont en cours de confirmation et de validation.

Une approche d’analyse protéomique de pièce de résection chirurgicale nous a permis de mettre en évidence de nouvelles voies d’induction de la fibrose ayant leur source au niveau de l’épithélium intestinal. En collaboration avec l’université de Lille, nous étudions actuellement ces protéines et ces voies sur un modèle expérimental basé sur des lignes cellulaires à la fois de myofibroblastes et de cellules épithélales.

Les cellules souches mésenchymateuses pourraient agir de façon favorable sur le remodelage tissulaire consécutif à l’inflammation. Leur effet sur la maladie de Crohn fistulisante périanale a été démontré. En collaboration avec le laboratoire de thérapie cellulaire du CHU de Liège, nous étudions plus profondément ces processus dans le cadre d’études de phase 1-2 dans la maladie de Crohn fistulisante et dans la maladie de Crohn sténosante. En outre nous étudions l’effet de ces cellules souches mésenchymateuses in vitro sur nos modèles de fibrose à partir de lignées cellulaires.

Besoins : Outre les cliniciens impliqués au quotidien dans la récolte des échantillons biologiques chez les malades, notre équipe de recherche comprend 2 technologues de laboratoire, trois chercheurs doctorants, 2 chercheurs post-doc et 3 data managers.

Objectifs : Les objectifs pour les trois premières années sont les suivants :

  • générer des données permettant de positionner certains marqueurs protéiques sanguins comme candidats possibles pour prédire la cicatrisation muqueuse dans la maladie de Crohn
  • contribuer à clarifier le rôle de l’épithélium intestinal dans la fibrose intestinale dans la maladie de Crohn et identifier des acteurs clés qui pourraient représenter des cibles thérapeutiques possibles
  • identifier des anomalies ultrastructurales de la muqueuse intestinale au Cellvizio associées à une instabilité de la rémission dans la maladie de Crohn et la rectocolite
  • générer des données contribuant à documenter le rôle possible des cellules souches mésenchymateuses dans la régulation de la fibrose intestinale et positionner ces cellules ou certains sous-types de ces cellules comme des candidat thérapeutiques potentiel dans les formes compliquées de maladie de Crohn

Services aux patients

Notre volonté dans ce domaine est de permettre au patient de se comporter en acteur dans la prise en charge de sa maladie, de contribuer à l’amélioration de son état de santé, de contribuer aux choix thérapeutiques et d’offrir aux patients des possibilités de prise en charge globale de sa maladie, incluant les symptômes et dysfonctionnements présents parfois indépendamment du contrôle de la composante inflammatoire de la maladie.

Notre stratégie est de déterminer à l’aide de PROs, incluant notamment l’IBD disk, les patients ayant besoin d’une prise en charge dans le domaine de la douleur chronique, de la fatigue chronique, de la dépression ou de la composante psychosomatique de la maladie. En aval de ce diagnostic nous avons développé des compétences spécifiques dans l’équipe et avons développé un réseau de collaboration permettant d’orienter les patients vers des outils les aidant à améliorer ces problèmes.

En outre le développement d’une éduction thérapeutique professionnelle des patient par un agent de soins dédié et spécialisé nous permet et nous permettra d’améliorer l’a prise en charge globale des patients en favorisant leur empowerment.

Besoins : Cette prise en charge globale nécessite la formation et la collaboration d’agents dédiés compétents dans ces domaines spécifiques : infirmières, coach, psycologues etc...

Objectifs : nos objectifs pour les 3 prochaines années sont les suivants :

  • améliorer la connaissance que les patients ont de leur maladie et favoriser leur autonomisation(empowerment)
  • identifier les problèmes des patients liés à leur maladie mais non directement lié à l’activité inflammatoire de leur maladie
  • proposer aux patients un éventail de services et outils permettant d’aborder leur maladie dans sa globalité et d’améliorer la qualité de vie des malades

Au total, via notre projet et la « Janssen IBD Chair », nous désirons :

  • Assurer au CHU de Liège une qualité de soin et de prise en charge optimale des patients, dans la philosophie du « Treat-to-Target » et du « patient empowerment »
  • Contribuer au développement et à l’optimisation de ces stratégies par la genèse et l’exploitation des données originales produites par la pratique clinique de routine et la recherche translationnelle