L’Organisation Mondiale de la Santé considère que vieillir en santé, « c’est garder ses fonctions pour continuer à faire ce qui est important pour chacun d’entre nous ». Or l’ostéoporose, maladie osseuse caractérisée par une déminéralisation du squelette et une perte de la micro-architecture osseuse, conduit à une fragilité osseuse et à une augmentation du risque fracturaire.

Fréquente, asymptomatique et indolore, elle reste une pathologie aux conséquences sévères : 40 % des femmes post-ménopausées présentant une fracture de hanche ne seront ainsi plus capables de marcher sans assistance après 1 an et 80% ne seront plus capables d’effectuer au moins une activité indépendante de la vie quotidienne. Outre les traitements médicamenteux, la supplémentation en calcium et vitamines D, et la pratique régulière d’une activité physique, l’une des mesures essentielles dans le cadre de la prévention des fractures reste… d’éviter les chutes, en identifiant les personnes à risques.

Une personne à risques est, par exemple, un patient de plus de 60 ans présentant un faible BMI, des antécédents de fracture de fragilité (poignet, colonne, hanche), des antécédents parentaux (1e ou 2e degré) de fracture de hanche, un traitement à base de cortisone, un tabagisme actif et/ou une consommation d’alcool supérieure à 3 unités/jour.

Au CHU de Liège, la prévention des chutes des patients à risques mobilise différentes compétences afin de dégager la vision la plus complète possible dans le suivi du patient.

73 - 02a - Takeh

Qui êtes vous, Masoumeh Takeh ?

Cheffe du service de qualité et sécurité institutionnelles, Masoumeh Takeh est ingénieure en chimie et titulaire de deux masters complémentaires en génie scientifique et en agronomie générale, d’une formation en gestion totale de la qualité et d’une formation universitaire en gestion de risques en milieu de soins de santé. Elle veille à la gestion de la qualité et à la sécurité des patients. Elle coordonne également l’accréditation JCI du CHU.

73 - 02a - Gillain

Qui êtes-vous, Professeur Sophie Gillain ?

« Liégeoise de naissance et de cœur », Sophie Gillain a étudié la médecine à l’ULiège et a poursuivi son apprentissage par un master de spécialisation en gériatrie (ancien DES). De 2009 à 2014, elle a essentiellement travaillé aux activités cliniques du service de gériatrie. De 2014 à 2018, elle a bénéficié d’un poste de spécialiste doctorante financé par le FNRS, tout en étant accueillie par le centre de recherche du Cyclotron et le laboratoire d’analyse du mouvement humain (ULiège). Elle a réalisé une thèse de doctorat en sciences cliniques sur l’apport de l’analyse instrumentale de la marche et de l’imagerie cérébrale afin de dépister les personnes âgées à risque de chute. Quand il a fallu choisir entre la poursuite de ses travaux de recherche et la reprise du service clinique et de la charge de cours, elle a choisi la seconde et succédé ainsi au Professeur Jean Petermans à la tête du service de gériatrie.

73 - 02c - Malaise

Qui êtes-vous, Docteur Olivier Malaise ?

Diplômé de la Faculté de médecine de l'ULiège en 2011, Olivier Malaise est passionné par les pathologies osseuses, dont l’ostéoporose. Très tôt dans sa formation, il a travaillé en Santé publique sur l'épidémiologie de l'ostéoporose puis, comme aspirant FNRS, sur l'arthrose et les effets délétères de la cortisone. Il a obtenu le diplôme interuniversitaire du GRIO “Pathologies osseuses médicales” en 2016 à l’Université de Lille. Après un doctorat consacré au rôle des hormones graisseuses sur la physiopathologie de l'arthrose, il est parti à l’Institut de Médecine Régénérative et de Biothérapies (IMRB) de Montpellier étudier le vieillissement cellulaire.

La prise en charge et le diagnostic de l’ostéoporose occupent une partie importante de son activité clinique. Il apprécie particulièrement le caractère collaboratif de ce domaine, « qui l’amène à chaque étage de l’hôpital, du -4 au +5 » avec une inter-disciplinarité allant des services de pédiatrie et de génétique pour les formes infantiles, jusqu’au service de gériatrie, en passant par les différents services de médecine interne pour la recherche des causes secondaires d’ostéoporose.

Grand amateur de littérature classique mais également moderne, il partage sa vie avec son épouse, pédiatre, et sa fille de 2 ans et demi.

73 - 02d - Bruyère

Qui êtes-vous, Professeur Olivier Bruyère ?

Responsable de l'unité de recherche en santé publique, épidémiologie et économie de la Santé, professeur d'épidémiologie clinique et de réhabilitation gériatrique (ULiège), Olivier Bruyère a commencé à s'intéresser à l'ostéoporose lors de son travail de fin d'étude dans le service du Professeur Jean-Yves Reginster. Si ses recherches concernent aujourd’hui la personne âgée dans sa globalité (analyses de ses capacités intrinsèques, de sa résilience...), il s’intéresse encore beaucoup à l'ostéoporose : il est notamment secrétaire général du Belgian Bone Club. Convaincu que le patient doit être au centre de sa prise en charge et qu'il est un acteur clé de sa propre santé, il s’intéresse à l'application ICOPE (soins intégrés pour les personnes âgées).Ce sportif infatigable participera l’année prochaine à son premier triathlon longue distance : en s'intéressant, depuis plus de 20 ans, à la santé des personnes âgées, il s’est aperçu qu'un déterminant important du vieillissement en bonne santé était le maintien ou la réalisation d'une activité physique suffisante et adaptée.

73 - 02e - JFK

Qui êtes-vous, Professeur Jean-François Kaux ?

Jean-François Kaux est sur tous les fronts : chef du service de médecine de l'appareil locomoteur, il est également chargé de cours à l’ULiège, actif dans la recherche et coordinateur du service pluridisciplinaire SportS2, reconnu comme Centre Médical d'Excellence de la FIFA et centre de recherche du Comité International Olympique (CIO).

Convaincu des bienfaits du sport pour tous, il a participé à la création du programme « Citoyen Sportif, Sport après cancer » avec la Fondation contre le Cancer et plusieurs communes (Ans, Chaudfontaine et Waremme), qui devrait s’étendre au Condroz grâce à la Fondation CNRF. Il dirige également l’unité d'exploration du métabolisme de l'os, du cartilage et du muscle qui a obtenu une médaille de bronze au programme « Capture the Fracture » (Fédération Internationale de l’Ostéoporose) suite à l’établissement de son trajet de soin pour les patients ostéoporotiques (Fracture lesion service - FLS)

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Un protocole de prévention des chutes

À Liège comme ailleurs en Europe, une partie des événements indésirables répertoriés par le personnel hospitalier sont des chutes. « La plupart sont sans séquelles. Certaines sont presque inévitables : chez les patients en réadaptation physique, ou présentant des troubles neurologiques, par exemple, on sait que le risque zéro n’existe pas. Mais nous avons bien l’intention de nous en approcher le plus possible », souligne Masoumeh Takeh.

Un groupe de travail rassemblant médecins, kinés, infirmiers et anesthésistes de plusieurs disciplines a ainsi mis en place un protocole de prévention des chutes. Sur base de questions posées lors de l’anamnèse infirmière, chaque patient hospitalisé se voit attribuer un score sur une échelle de risques. « Le personnel sait ensuite quelles mesures mettre en place pour diminuer le risque de chute et diminuer les risques de blessures, le cas échéant : placer le lit en position basse, bloquer les freins, placer la sonnette à proximité du patient, offrir des aides matérielles à la marche et potences accessibles, le cas échéant… Le patient et/ou sa famille sont informés de l’intérêt de porter des chaussures / pantoufles adaptées et fermées. En leurs absences, des chaussettes antidérapantes peuvent être utilisées », précise Mme Takeh. « Depuis plus d'un an, les anamnèses contiennent des informations précises, et les déclarations de chutes intègrent les scores des patients. Il est encore trop tôt pour une évaluation significative, mais nous constatons que cette démarche a permis de structurer davantage la gestion des chutes. »

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ICOPE, l’appli anti-chutes

Les services de médecine physique (Pr. Kaux), gériatrie (Pr. Gillain), santé publique (Pr. Bruyère) et rhumatologie (Dr Malaise) se sont associés dans la mise en place de l’application ICOPE. Le concept est né au CHU de Toulouse, dans une unité de gériatrie: une application, disponible sur smartphone ou sur ordinateur, qui permet d’évaluer la fragilité du patient et qui va être mise en application des patients souffrant d’ostéoporose, pour mieux évaluer dans le temps leur risque de chute.

Intégrée au parcours de soins de leurs patients à risques, elle permet de détecter rapidement, par le biais d’un questionnaire à remplir tous les trois mois sur smartphone ou sur ordinateur, les premiers signes de dénutrition, de perte de mobilité, d’affaiblissement de l’état cognitif ou de l’acuité visuelle.

« Il s’agira parfois simplement d’ajuster les lunettes ou de corriger l’audition, de s’assurer que l’habitation ne recèle pas de piège (tapis par exemple) ou de rétablir l’équilibre nutritionnel », indique le Dr Olivier Malaise. « Dans tous les cas, cette application permettra un suivi beaucoup plus rapide dans la prise en charge collective et multidisciplinaire de nos patients les plus fragiles. »

L’application devrait être active dès la fin de l’année 2020.

56 - 04 - Traitants

Message aux médecins traitants

Née au Gérontopôle du CHU de Toulouse et répondant aux recommandations de l’OMS d’évaluer la fragilité et le risque de chute des patients , ICOPE permet d’évaluer régulièrement la fragilité des patients, alors que les médecins spécialistes les rencontrent souvent une fois par an ou tous les deux ans. Les patients hésitent parfois à se rendre chez leur médecin traitant ; or les capacités intrinsèques et les capacités fonctionnelles diminuent avec l’âge, en raison du processus de vieillissement et des maladies sous-jacentes.

En répondant tous les trois mois à des questions liées à leurs capacités physiques et mentales en matière de mobilité, de mémoire, de nutrition, d’état psychologique, de vision et d’audition, les patients permettent de vérifier, à distance, qu’ils ne souffrent pas de grabatisation.

Ce feedback nous permettra d’améliorer encore nos collaborations et de vous avertir, ainsi que nos patients, en cas de fragilité accrue ; cela permettra de mettre rapidement en place les mesures destinées à corriger le tir et, nous l’espérons, à éviter la chute et la fracture.

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