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  le 26 décembre 2019

Le 1733 prend le relais du projet SALOMON

EDITO 62 - Le 1733 prend le relais du projet SALOMON 
 
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CHUchotis du Jeudi 
CHUchotis Oncologique

 

62 - 00 - Soins non programmables

Une page se tourne pour les gardes de médecine générale en province de Liège. Le Système Algorithmique d'Orientation pour la Médecine Omnipraticienne Nocturne, plus connu sous le nom de « tri Salomon » intégré au « projet Nuits Profondes » avait été initié par le CHU de Liège en octobre 2011, puis étendu à l’échelle régionale en juillet 2013 en collaboration avec les différents hôpitaux liégeois (CHR de la Citadelle, CH du Bois de l'Abbaye, CHC et CHR de Huy). Le projet, financé par l’INAMI, a pris fin ce 1er juillet 2019 relayé par le projet national « 1733 ».


C’est l’occasion de dresser le bilan de ce projet pilote, de préciser la place que conservent certains outils créés dans ce cadre, d’en annoncer d’autres en préparation et enfin, d’expliquer comment fonctionne aujourd’hui la garde de médecine générale. Pour ce faire, nous avons rencontré le Dr Edmond Brasseur, chef des Urgences sur le site ND Bruyères du CHU de Liège, Mr Jean-Michel Grégoire, coordinateur fédéral du projet 1733 pour la Wallonie, Mr Vincent Garroy, responsable de la téléphonie pour le CHU et l’ULiège et le Dr Johan Sterkendries, médecin généraliste coordinateur du poste de garde de « la Société de Médecine de Waremme et Environs ».

 

Qui êtes-vous Docteurs Brasseur et Sterkendries et Messieurs Grégoire et Garroy ?

Qui êtes-vous Docteur Edmond Brasseur ?

Edmond Brasseur décroche son diplôme de médecine à l’ULiège en 2000. Il se dirige ensuite vers la médecine interne, avec déjà une idée très précise de ce qu’il souhaite faire. « J’ai toujours voulu travailler aux urgences. Lorsque j’ai passé le concours de médecine interne, c’était déjà dans l’idée de travailler aux urgences. A l’époque, la spécialité de médecine d’urgence n’existait pas (ndlr : il sera établi en 2005, remplaçant le titre professionnel en médecine d’urgence existant depuis 1993). C’est donc la filiale qui me correspondait le mieux pour y arriver. J’ai réussi mon concours. Puis, j’ai réalisé mon assistanat principalement au CHU de Liège, à l’exception de ma première année à l’Hôpital du Grand Hornu ».

62 - 01 - Brasseur 

En 2006, son diplôme d’interniste en poche, le Dr Brasseur poursuit ses études pour obtenir le Titre Professionnel Particulier en Soins Urgents. Dans la foulée, le jeune urgentiste est transféré sur le site de ND Bruyères afin de remplacer le Dr Lucien Bodson, en tant que responsable du service des Urgences.

« Lorsque je suis arrivé à Notre-Dame, le nouveau bâtiment n’en était encore qu’à ses fondations », se souvient Edmond Brasseur. « J’ai donc vécu la construction du bâtiment, son inauguration et j’y suis maintenant bien installé avec toute l’équipe ».

Entretemps, très impliqué dans la vie du CHU de LIège, le Dr Brasseur s’est vu confier différents projets : « J’ai été chargé de coordonner le projet nuits profondes. J’ai aussi été désigné chef de projet pour la construction du bâtiment NDB Cap 2020 et je suis responsable de l’Unité de Courte Durée d’Hospitalisation, qui est un service de médecine interne post-urgences et une particularité du site des Bruyères ».

Enfin, en dehors de l’hôpital, Edmond Brasseur est marié à une infirmière qu’il a rencontrée lors de son stage d’assistanat à Hornu et qu’il a « ramenée dans ses bagages du Borinage ». Ensemble, ils sont les heureux parents de 4 enfants.

→ Les publications scientifiques du Docteur Edmond Brasseur

 

Qui êtes-vous Monsieur Jean-Michel Grégoire ?

Infirmier SIAMU de formation, Jean-Michel Grégoire a intégré le SPF Santé Publique en 2007 comme Directeur Médical Adjoint de la centrale d’urgence 112 de la Province de Luxembourg.

62 - 01 - Grégroire 

« En 2009, j’ai été chargé de développer le projet 1733 sur la Province de Luxembourg et l’arrondissement de Dinant. Suite aux résultats probants de celui-ci, j’ai été désigné en 2012 coordinateur fédéral du projet pour la Wallonie, fonction que j’occupe toujours aujourd’hui », relate Jean-Michel Grégoire.

Et de préciser qu’il continue aussi à avoir un contact avec le terrain puisqu’il travaille sur le SMUR héliporté de Bra-sur-Lienne depuis 2010.

 

Qui êtes-vous Monsieur Vincent Garroy ?

Passionné par l’informatique, Vincent Garroy a directement pris cette voie en sortant des humanités. En 1996, il décroche un graduat en automation à l’Institut Saint Laurent à Liège.

L’informaticien a toujours travaillé dans le monde des télécommunications. Il a commencé sa carrière chez Siemens à Bruxelles et à l’étranger, avant de revenir sur Liège pour rejoindre le service informatique de l’ULiège.

62 - 01 - Garroy

Marié et père de deux enfants, Vincent Garroy est aujourd’hui responsable de la téléphonie et des vidéoconférences pour le CHU et l’ULiège, plus précisément pour le SEGI (Service Général d’Informatique).

Hormis le Tri Salomon, l’informaticien a également beaucoup planché sur le projet Télé-AVC, un projet très prometteur.

 

Qui êtes-vous Docteur Johan Sterkendries ?

Johan Sterkendries a 59 ans. Si sa famille trouve ses racines à Brée, dans le Limbourg de Kim Clijsters, il est quant à lui né à Bree (sa maman est retournée en train de Waremme à Bree pour y accoucher !). Il a fait ses études de médecine à l’UCL et a rencontré Andreana, qui deviendra son épouse, lors d’un stage de chirurgie à Frameries. Ils sont les heureux parents d’Audrey et de Cédric, et ont trois petits-enfants.

62 - 01 - Sterkendries 

Le Dr Johan Sterkendries, diplômé médecin en chirurgie et accouchement, s’est consacré à la médecine générale en 1989 dans « son » pays waremmien, après son service militaire à Essentho. Il a prolongé par une licence en médecine scolaire et été actif pendant 5 ans dans les centres PMS. 30 ans plus tard, il devient médecin coordinateur dans deux maisons de repos et de soins, « screenant » ainsi toute la ligne de vie…

Médecin généraliste, ce n’est pas un travail en solitaire. Johan Sterkendries l’a vite compris, rejoignant ou créant les associations pour défendre la corporation. C’est le cas de la Société de Médecine de Waremme et Environs (SMWE) dont il est successivement webmaster, président, administrateur et coordinateur du poste médical de garde.  Il devient aussi membre du FAG (Forum des Associations de Médecins Généralistes), puis Président de la FLAMG (Fédération Liégeoise des Médecins Généralistes) et membre du CFC (Conseil Fédéral des Cercles de médecins généralistes) auprès du SPF Santé Publique.  Il sera aussi un moment l’expert externe « garde » auprès du KCE (Centre fédéral d’expertise des Soins de Santé). Maître de stage en médecine générale, il ajoutera différentes formations en coordination (SSMG).

Bref, un parcours qui fait du Dr Sterkendries une personne « idéale » pour accompagner cet entretien.

 

Retour sur le projet SALOMON

Le Système Algorithmique d'Orientation pour la Médecine Omnipraticienne Nocturne (SALOMON) consistait en un système de tri infirmier des appels de Médecine Générale durant la « nuit profonde », cette période comprise entre 22h et 7h du matin. Initié par le CHU de Liège en octobre 2011 en partenariat avec le cercle médical du Condroz, le projet est devenu régional en juillet 2013 par la collaboration avec d’autres cercles de médecine générale et hôpitaux liégeois.

62 - 02 - SALOMON   

« La garde de médecine générale représentait une charge de plus en plus lourde pour les médecins généralistes. Ce constat apparaissait plus crucial encore vu la pénurie de jeunes médecins généralistes dans la région liégeoise. Soucieux d’y apporter une réponse, le CHU de Liège a pu bénéficier de l’expertise des services d’Urgences pour le triage et de l'appui de l'ULiège pour faciliter la mise en œuvre du projet » explique Pierre Gillet, médecin-chef du CHU de Liège. « Le tri préalable des appels habituellement adressés aux médecins généralistes permettait non seulement de soutenir les cercles de médecine générale, mais également d’optimaliser la prise en charge des patients. Concrètement, l’appel du patient qui composait le numéro d’un médecin de garde appartenant à un des cercles partenaires, était automatiquement dévié vers le CHU de Liège, où un infirmier SIAMU spécifiquement formé à la tâche se basait sur des algorithmes originaux pour définir le vecteur de soins le plus approprié compte tenu de la situation décrite par le patient » complète le Edmond Brasseur.

 

Une expérience fructueuse

Entre le 4 octobre 2011 et le 1er juillet 2019, le tri Salomon a enregistré plus de 15.000 appels. Le Dr Edmond Brasseur en tire un bilan très positif : « Nous avons eu des retours enthousiastes de tous les partenaires - infirmiers du tri, hôpitaux qui recevaient les patients, médecins généralistes et aussi des patients. Nous avons toutefois reçu 4 plaintes, qui n’étaient cependant pas intrinsèquement liées au projet en lui-même, mais à des facteurs extérieurs ». « Les infirmiers ont apprécié ce nouvel aspect de leur boulot et se sont rendus compte de la difficulté de trier par téléphone, ce qui a amélioré leurs relations avec le 112 », poursuit l’urgentiste. Fort de son expérience avec le tri Salomon, le Dr Brasseur en a fait l’objet de sa thèse.

Liste des publications réalisées dans ce cadre

 

En Juillet 2014, 13 Cercles de Médecine de Garde de la province de Liège participaient au projet, soit 538 médecins généralistes, pour une zone de 210 communes (109 codes postaux), couvrant environ 496.000 habitants soit plus de 80% du territoire francophone de la Province de Liège.

Le recours à cette formule a permis de réduire de 40% la charge des médecins généralistes de garde durant la nuit, ceux-ci n’étant plus mobilisés ni pour des situations cliniques requérant une mise au point hospitalière (MAPH), ni pour les urgences vitales lesquelles étaient prises en charge par un vecteur de l’aide médicale urgente (AMU), ni pour les problèmes non urgents pouvant attendre une visite différée le lendemain chez son médecin généraliste (VD).

 

La fin des projets-pilote et leur relai au niveau national

La ministre De Block a travaillé au déploiement d’un système téléphonique de triage via un numéro unique 1733 dans le cadre de l'offre totale de soins non planifiés au niveau national. Ce système est actif depuis le 1er juillet 2019 et les postes de garde de médecine générale y sont progressivement inclus.

62 - 03 - National   

L’algorithme utilisé aujourd’hui au niveau national découle de différents travaux entrepris dans le cadre des projets-pilotes. Jean-Michel Grégoire explique : « Entre 2009 et 2011, nous avions créé un protocole en province de Luxembourg et dans l’arrondissement de Dinant. Parallèlement, le tri Salomon s’est développé à Liège et a créé ses propres protocoles. Nous avons d’abord étendu les protocoles luxembourgeois à la Wallonie, puis avec le Dr Brasseur, nous avons harmonisé les protocoles luxembourgeois et les protocoles Salomon. Nos travaux ont ensuite été transmis au fédéral. Les flamands ayant fait un travail similaire, il a fallu trouver des consensus entre les protocoles flamands et les protocoles wallons pour arriver à un set de protocoles, signé par la ministre Maggie De Block ».

Ce « manuel belge de régulation médicale 4.0 » est dit évolutif. « En fonction des avancées de la médecine, il pourra être modifié. Un groupe de travail présidé par le Pr Jean-Bernard Gillet, président du Conseil médical des secours médicaux urgents, et composé d’experts du domaine aussi bien wallons que flamands (représentants des directions médicales des centrales 112, des médecins généralistes et des urgentistes), se réunit chaque mois. Il évalue les protocoles et en cas de modifications, celles-ci sont immédiatement apportées online et appliquées par les opérateurs qui gèrent le 1733 », précise encore le coordinateur 1733.

 

Le 1733 en pratique : comment ça fonctionne aujourd’hui ?

Les appels au 1733 – numéro unique pour les appels de garde de médecine générale depuis le 1er juillet 2019– sont réceptionnés par le 112, où des opérateurs formés pour détecter les urgences assurent le tri. « L’opérateur va d’abord évaluer le besoin d’aide médicale urgente puis se référer à un questionnaire structuré selon des protocoles nationaux, pour orienter le patient vers le moyen le plus adéquat en fonction de ses besoins», explique Jean-Michel Grégoire, coordinateur fédéral du projet 1733 pour la Wallonie.

Si l’opérateur estime que l’appel relève de l’aide médicale urgente, il enverra, selon les cas, une ambulance ou un SMUR ou encore, invitera le patient à se rendre aux urgences de l’hôpital le plus proche par ses propres moyens. S’il conclut qu’il s’agit plutôt d’un cas de médecine générale, trois orientations sont prévues, en fonction des réponses données par le patient : soit être vu dans les 2 heures, soit être vu dans les 12 heures, soit avoir un contact différé avec le médecin.

Toutes les conversations téléphoniques avec le 1733 (émission/réception) sont enregistrées et tenues à disposition en cas de plainte et/ou de contestation. Chaque appel fait également l’objet d’un rapport écrit, qui est transmis au cercle de garde dont relève le patient, dès le lendemain.

 

Quand et pour qui ?

Le 1733 fonctionne 7j/7. Les plages horaires dépendent encore de la zone d’appel. Actuellement en province de Liège, le 1733 est actif :

  • Pour la zone de Waremme et environs : tous les jours de 18h à 8h du matin et le week-end du vendredi soir 18h au lundi matin 8h
  • Pour la zone de Verviers et les Cantons de l’Est : du vendredi soir 18h au lundi matin 8h. Une extension à la semaine est prévue à partir de mi-janvier 2020.
  • Pour tout le reste de la province de Liège, tous les jours de 18h à 8h du matin et le week-end du vendredi soir 18h au lundi matin 8h. Note importante : les appels ne sont triés par un opérateur 112 que de 22h à 8h du matin. Le reste du temps, les appels sont déviés chez le médecin généraliste de garde.

En dehors des heures d’activité du 1733, toute personne qui compose le 1733 tombe sur un répondeur qui l’invite à contacter son médecin généraliste.

« D’ici à fin 2020 – début 2021, nous aurons intégré l’ensemble de la Province de Liège en tri continu, c’est-à-dire en semaine de 18h à 8h, et le week-end du vendredi soir 18h au lundi matin 8h », ajoute encore Jean-Michel Grégoire. Et de préciser qu’après 23h, le tri est plus restrictif puisque la majorité des pathologies/plaintes peuvent attendre 8h du matin.

 

Le logiciel des gardes et le robot de déviation des appels: ça continue !

Deux outils avaient été mis à la disposition des cercles de médecine générale dans le cadre du projet Salomon : un logiciel de planification des gardes et un robot de déviation des appels. Ces deux outils, développés par le CHU de Liège en collaboration avec l’ULiège (SEGI), perdurent et sont maintenant reliés au 1733.

62 - 04 - ContinueLes appels à la garde de médecine générale sont déviés vers le bon interlocuteur par le robot, en fonction du créneau horaire d’appel et du rôle de garde encodé dans le logiciel de planification des gardes ; créneaux horaires et numéros vers lesquels dévier les appels sont définis par les cercles.

« Les cercles encodent leur planning de garde au travers du portail internet du CHU de Liège. Par exemple, lorsqu’un patient appelle un poste de garde de médecine générale avant que le 1733 entre en service (ndlr : pour les cercles qui ne sont pas encore totalement intégrés au 1733), l’appel est automatiquement transféré sur le GSM du médecin de garde. Entre 22h et 8h du matin, l’appel est transféré sur le 1733 », explique Vincent Garroy, responsable du projet du robot au SEGI à l’ULiège.

« Nous avons développé cet outil pour le tri Salomon car les appels devaient être redirigés. Lorsque le Tri Salomon a pris fin en juillet, nous avons simplement modifié le système pour que les appels soient renvoyés au 1733 et non plus au numéro du tri Salomon », précise l’informaticien.

L’opérateur du 1733 à également accès au logiciel des gardes afin de rediriger adéquatement les patients qui doivent être vus par un médecin généraliste.

Chaque médecin qui entre dans le système de régulation reçoit un mail "No Reply" reprenant son identifiant et mot de passe personnel pour se connecter à l'espace réservé aux médecins généralistes.

Espace réservé aux médecins généralistes

 

 

1733 : Retour d’expérience du Cercle SMWE asbl

« Avant juillet 2019, les appels des patients étaient notifiés par un télésecrétariat qui transférait soit vers le médecin généraliste de garde « mobile » (en renseignant l’adresse du patient, son numéro de téléphone, ses plaintes et le nom du médecin de famille) soit fixait un rendez-vous au poste médical de garde (PMG). Nous avions une moyenne de 80 % de consultations au PMG et 20 % de visites à domicile », relate le Dr Sterkendries.

62 - 05 - Expérience

Il enchaine : « Depuis le 1er juillet 2019, nous sommes passés – non sans quelques réticences et difficultés inhérentes à la mise en œuvre d’une nouvelle organisation- au 1733 pour tous les appels, de semaine et week-end, jours et nuits ».  

Les appels jusqu’à 23h donnent lieu à un document de transmission envoyé au télésecrétariat qui, si une consultation est prévue, rappelle le patient pour lui fixer rendez-vous au PMG. Si une VAD est prévue, la secrétaire contacte le médecin généraliste de garde, qui téléphone au patient dans la ½ heure afin de le prévenir de sa venue ou de convenir d’un autre arrangement.

En nuit profonde (appels de 23h à 08h), l’opérateur du 1733 effectue la régulation des appels et se met en contact direct avec le médecin généraliste de garde en cas de problème requérant son intervention, puis il le met en conférence avec le patient.

« Les avantages du 1733 sont que la régulation est assurée de jour comme de nuit, par des personnes spécifiquement formées à ce travail, sur la base d’algorithmes révisés trimestriellement. L’urgence médicale n’est plus du ressort de la médecine générale et les urgences vitales sont plus vite prises en charge par le 112. Le médecin généraliste en ressent moins de stress durant sa garde. Par ailleurs, tous les contacts sont enregistrés et notifiés, ce qui assure une certaine sécurité juridique pour chacun ».

« Je note toutefois également certains inconvénients dont le risque de perte progressive des capacités professionnelles du médecin généraliste en situation d’urgence vitale et le fait que les opérateurs du 1733 n’ont pas toujours les mêmes qualités de communication que les infirmier.e.s qui effectuaient le tri Salomon. La dépendance aux outils informatiques (algorithmes, robot de déviation, logiciel des gardes) représente également un risque en cas de panne. Sachant qu’il n’y a que deux centrales 112/1733 en Wallonie (Mons et Arlon), la panne de tout un territoire n’est plus un concept théorique… Enfin, notons le cout global, comparativement à l’époque où le médecin généraliste assumait tout pour un prix ridiculement faible ! »

 

Vers une appli d’auto-triage pour les patients

Le Dr Brasseur et son équipe ne sont jamais à court d’idées. Ils développent maintenant un outil qui devrait permettre aux patients de s’auto-évaluer.  « Nous avons vulgarisé nos algorithmes du tri Salomon (ndlr : qui étaient donc utilisés par des infirmiers spécialisés en aide médicale urgente) et avons fait en sorte qu’ils donnent lieu à des réponses binaires « oui/non ». Nous en sommes à la phase de finalisation du développement. Nous l’avons testé une première fois sur quelque 200 patients et avons remarqué que l’outil nécessitait certaines modifications. A présent, nous devons le retester sur un plus grand échantillon de patients ».

CHU Voeux2-1

CHU Voeux2-2

ODISSEE est l’anagramme de «Outil Décisionnel et Informatif des Structures de Soins Efficientes Existantes». C’est une plateforme internet mise au point par des experts médicaux et paramédicaux (médecins urgentistes, médecins généralistes et infirmiers) permettant une aide à l’orientation des utilisateurs dans la recherche de la structure de soins la plus à même de répondre à leurs besoins.

  

L’idée est de comparer le résultat obtenu par les patients qui s’autotestent avec le résultat qui était obtenu par les infirmiers qui réalisaient le tri par téléphone, sachant que la configuration du tri n’est plus du tout la même, puisque les algorithmes pour les patients ont été fortement simplifiés.

« S’il s’avère que l’outil est fiable et qu’il permet aux patients de s’auto-évaluer de manière à identifier la filière de soins la plus adaptée à leur problème, notre volonté est de mettre l’outil en ligne à disposition de tout un chacun. Les patients pourraient ainsi y avoir recours plutôt que de chercher des réponses sur Google, puisque l’on sait que la grande majorité des patients font quand même des recherches sur internet avant de consulter un généraliste ou un spécialiste… », indique l’urgentiste.

Odissee screenshot 

Toutefois, le Dr Brasseur s’empresse de préciser : « Ce ne sera jamais qu’un outil de conseil ; le patient décidera ce qu’il veut faire. Mais c’est une belle aide, tout à fait dans la dynamique de l’empowerment du patient que l’on vise de plus en plus aujourd’hui. »

Le concept existe également dans d’autres pays. « Les algorithmes à l’étranger débouchent sur des réponses parfois surprenantes. Je ne suis pas sûr qu’ils soient tous validés scientifiquement. Nous partons ici d’un outil fiable, que nous n’avons de cesse d’évaluer et d’améliorer. Nous sommes toutefois conscients qu’il est moins « design » ; nous devons encore améliorer cet aspect, aussi important dans la société actuelle», commente Edmond Brasseur.

 

Message aux médecins traitants

« Le déploiement du 1733 s’articule parfaitement avec la mise en place des postes médicaux de gardes. Le mode de fonctionnement via le numéro unique 1733 comporte une multitude d’avantages, tels que la meilleure orientation du patient en fonction de sa pathologie, un seul numéro à retenir, un tri couvert par l’état, une sécurité accrue pour les médecins de garde,... » , souligne Jean-Michel Grégoire.

59 05- message medecins

Cela dit, force est de constater que le numéro 1733 n’est pas encore un réflexe systématique dans la population et que beaucoup ne le connaissent pas. En informer les patients est essentiel, notamment via la campagne nationale d’information réalisée à ce sujet.

Voir la campagne d'information

Le Dr Sterkendries complète et nuance : « Ce système demande une organisation sans faille en interne, mais le résultat en vaut la peine, notamment pour garder les jeunes recrues sur le terrain ». Il conseille par ailleurs les cercles qui ne sont pas encore intégrés au système : « l’organisation est aujourd’hui bien rôdée, puisque largement testée sur le terrain et sans cesse améliorée par un système de retour d’expérience entre les généralistes, le 1733 et les hôpitaux. Le nouveau cercle qui s’intègre à ce système à tout intérêt à le faire d’emblée complètement : garde de semaine, de weekend et jours fériés ».

Par ailleurs, si vous ne bénéficiez pas encore des outils de gestion des gardes mis à disposition par le CHU de Liège, vous pouvez contacter la direction médicale du CHU pour plus d’informations et/ou pour y participer. Ce service vous simplifie grandement la tâche !

Pour toute question relative au robot, vous pouvez également envoyer un mail à telephonie.segi@uliege.be