Communiqué de presse - 06/05/2019

Les résultats d’une étude sur l’asthme menée par le CHU de Liège viennent de paraître dans « American Respiratory Critical Care Medicine », une revue médicale internationale de pneumologie considérée comme la meilleure au monde (facteur d’impact 15). L’étude, longue de huit ans et portant sur 521 patients asthmatiques, a permis de mettre en évidence quatre biomarqueurs qui pourraient révolutionner la prise en charge de la maladie.

Mieux on connaît son ennemi, mieux on le vainc. C’est vrai pour les cancers, dont on arrive aujourd’hui à dresser le portrait tumeur par tumeur pour mieux les cibler, mais aussi pour d’autres maladies, tel l’asthme. Cette pathologie pulmonaire, causée par une inflammation chronique des bronches, est davantage qu’une succession de « crises »: c’est une grande famille dont les différents « membres » (phénotypes) ont chacun leur petit caractère inflammatoire bien trempé. Savoir à qui l’on a affaire permet d’aller puiser dans l’arsenal thérapeutique le traitement le plus malin pour soulager l’hyperactivité bronchique.

ANALYSER LES EXPECTORATIONS

Comment profiler le criminel? En regardant les expectorations du patient asthmatique. Le CHU de Liège est un des rares (et plus importants) centres au monde à pratiquer en routine l’induction d’expectorations (« induced sputum ») par l’inhalation d’un liquide salé durant une vingtaine de minutes. L’analyse des cellules présentes dans les échantillons d’expectorations permet d’identifier le phénotype asthmatique. On y retrouve en effet des globules blancs qui ont migré vers les bronches. L’asthme peut ainsi être « éosinophilique » (40% des cas), « paucigranulocytique » (40%), « neutrophilique » (15%), ou encore de type « mixte » (éosinophiles + neutrophiles, 5% des cas). Ces phénotypes peuvent parfois se chevaucher, mais ils permettent de dresser un profil inflammatoire prépondérant pour choisir le traitement de fond le mieux adapté et donc le plus efficace.

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Cette technique du sputum, que le CHU de Liège maîtrise depuis les années ’90, est peu utilisée ailleurs car elle exige du temps, une grande expertise technique et la proximité d’un laboratoire d’analyses. Fort de leur expérience, les pneumologues liégeois ont cherché une autre méthode - plus rapide et moins coûteuse - pour caractériser les différents asthmes. Une technique simple, moins invasive, qui pourrait être utilisée au chevet du patient. C’est ainsi qu’ils ont découvert de nouveaux biomarqueurs, quatre composés organiques volatils exhalés (COV’s) associés à chaque phénotype de la maladie. Le patient asthmatique éosinophilique exhale ainsi davantage d’hexane et de 2-hexanone, alors que l’asthmatique neutrophilique expire du nonanal, 1-propanol et de l’hexane.

EN COLLABORATION AVEC L’UMAESTRICHT

L’étude, la plus vaste menée à ce jour, a été réalisée en collaboration avec l’Université de Maestricht (NUTRIM et MUMC+). « C’est un bel exemple de recherche translationnelle, qui implique aussi le GIGA-ULiège, le département de Chimie et les biostatisticiens de l’université de Liege pour les analyses », explique le Pr. Renaud Louis, chef du service de Pneumologie du CHU de Liège. « Cette étude renforce la position de Liège comme centre de recherche en asthmatologie au niveau mondial! Nous passons maintenant la main aux bio-ingénieurs et aux spin-off car derrière les résultats de cette étude, il y a un réel potentiel de développement pour un appareil de mesure de l’air exhalé. » Une sorte « d’éthylotest » qui permettrait de doser les COV’s directement à la bouche du patient asthmatique pour caractériser son profil inflammatoire. « Et ainsi optimaliser et rationaliser sa prise en charge, par ajustement thérapeutique à la hausse mais aussi à la baisse, puisque l’on sait que la réponse aux traitements dépend du phénotype inflammatoire. A l’heure où les contraintes budgétaires dictées par la Commission européenne imposent des réductions de coût de dépenses publiques (souvent dans les soins de santé) dans tous les pays occidentaux, le développement de ces techniques d’analyses des gaz inhalés pourrait s’avérer bien utile. »

L’asthme touche 7 à 8% de la population adulte, et plus d’un enfant sur dix (soit plus d’un million de Belges). C’est une pathologie chronique et coûteuse:  selon des études françaises et anglaises, elle représente 1 à 2% du budget des soins de santé à elle seule.

 

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