On dénombre environ 2.000 nouveaux cas par an en Belgique. Le mélanome malin est soit provoqué par la transformation d'une lésion pigmentaire préexistante - un grain de beauté présent depuis des années - soit  par une lésion de novo, qui surgit sur une peau saine. « Ce type de tumeur engendre fréquemment des craintes démesurées de la part des patients. Beaucoup de patients demandent à ce qu'on leur enlève tous les grains de beauté pour 'supprimer les risques', mais médicalement parlant, ça n'a pas de sens. En moyenne, il faut une bonne année après une intervention sur un mélanome pour retrouver un rapport pacifié, dénué d'anxiété, avec ses grains de beauté ». Là aussi, l'exposition UV est un élément causal et aggravant. L'érythème solaire durant le jeune âge est un élément déterminant ; d'autant plus si l'on cumule les facteurs à risques : peau claire, cheveux et yeux clairs, grand nombre de grains de beauté atypiques. Certains patients ayant un grand nombre de lésions pigmentaires atypiques sont suivis par dermoscopie digitalisée: les lésions sont examinées, enregistrées et comparées tous les 6 mois à 1 an pour en contrôler l'évolution.

 

 

 

On distingue deux types de mélanomes malins. Les mélanomes à croissance lente restent superficiels dans un premier temps, ce qui permet généralement de les détecter assez tôt. Souvent, ce sont des lésions minces, de moins de 1 mm d'épaisseur et dont le pronostic est relativement bon (90-95 % de survie à 5 ans). En revanche, les lésions à croissance rapide sont plus épaisses, plus agressives, et le pronostic est nettement plus réservé à moins de les diagnostiquer très précocement. Or, il est quasiment impossible de proposer des consultations systématiques rapprochées à tous les patients à risque. En revanche, il est important de sensibiliser les professionnels qui ont un contact avec la peau et peuvent donner rapidement l'alerte : les dentistes, les esthéticiennes, les coiffeurs, les kinés. « Une quinzaine de fois par an, je reçois des patients par ce biais », confirme le Pr Nikkels.

 

Parmi les mélanomes à croissance rapide, les cas les plus complexes sont les lésions non pigmentées qui ressemblent à de banals "boutons" et ne sont pas douloureuses. Rien ne permet de détecter la maladie et elle est souvent découverte par hasard, lors d'une excision de confort. « Une fois sur dix, les mélanomes en sont déjà à des stades métastatiques avancés. Nous avons aussi des patients qui arrivent avec une métastase cérébrale et, à l'examen, on découvre une lésion minuscule, voire aucune lésion, soit parce qu'elle a disparu dans un phénomène inflammatoire, soit parce qu'elle est cachée au niveau du cuir chevelu, à l'intérieur du conduit auditif, de la cavité orale ou des organes génitaux. Ce n'est pas pour rien que l'on doit vraiment examiner toute la surface du corps lors des examens ».