L’Institut de Cancérologie Arsène Burny ouvre ses portes pour mieux vous soigner contre le cancer

LE CHERCHEUR DU MOIS| LA FONDATION LÉON FREDERICQ Le cancer du pancréas est un cancer complexe à traiter parce qu’il est difficile à détecter. Au travers d’un projet de recherche, le Professeur Olivier Peulen se penche sur une cible particulière afin de traiter ecacement cette tumeur très invasive : la myoferline. Le Flémallois réalise ses études secondaires à l’Air Pur, à Seraing, où il est inscrit en option sciences fortes. « J’ai toujours été plus intéressé par les sciences que par d’autres disciplines. » Il s’inscrit ensuite en Biologie à l’Université de Liège. Après avoir décroché sondiplôme demaster enBiochimie en 1994, il arrive au laboratoire de biochimie et physiologie générale où il obtient un mandat d’assistant pour e†ectuer à la fois de la recherche et de l’enseignement. « Pendant cette activité, j’ai pu générer des données quim’ont permis de faire un doctorat en sciences biomédicales que j’ai présenté en 2000. » À l’issue de celui-ci, il entame une recherche post-doctorat pour laquelle il a réalisé un voyage en Suède et défend sa thèse en 2005. Un poste de premier assistant se libère ensuite au laboratoire du Professeur Vincent Castronovo, spécialisé dans la recherche sur lesmétastases. « J’ai postulé et j’ai eu la chance d’obtenir le poste. De fil en aiguille, je suis resté dans le service, et à la retraite de Vincent Castronovo, j’ai été choisi comme successeur. »Depuis lors, il est chargé de cours de Biologie à la Faculté de Médecine et co-dirige le laboratoire de recherche sur les métastases. LA MYOFERLINE, UNE CIBLE INNOVANTE Ce projet d’étude est la continuité de la recherche menée par le Professeur Peulen depuis presque 10 ans. « Il y a une dizaine d’années, notre laboratoire a identifié une série de protéines comme étant des biomarqueurs potentiels de certaines maladies, notamment le cancer du pancréas. Parmi ces protéines, il y en a une qui me semblait intéressante : la myoferline. » Cette protéine est normalement présente dans le muscle lors de son développement ou de sa réparation. « C’était étonnant de la retrouver dans le cancer du pancréas. » Depuis, Olivier Peulen ne cesse de l’étudier pour comprendre sa fonction et vérifier que ce soit un biomarqueur du cancer du pancréas, « voire une cible thérapeutique potentielle. Le projet de l’étude vise à cibler la myoferline dans des organoïdes (des reproductions en culture des organes humains), obtenus de patients atteints du cancer du pancréas, en combinaison à d’autres cibles déjà identifiées. » L’idée est donc de combiner deux types de traitements. Ce sont des traitements qui ne sont pas reconnus dans le cancer du pancréas, mais bien dans d’autres types de cancers ou de pathologies. « L’originalité est de combiner deux choses qui n’ont jamais été utilisées dans le cancer du pancréas pour déterminer si leurs e‰ets s’additionnent, ou même s’il y a une synergie. » Tous ces traitements visent l’environnement de la tumeur, le stroma, tandis que la myoferline vise les cellules cancéreuses. Pour réaliser cela, « nous allons ajouter une drogue aux organoïdes qui va se lier à la myoferline et inhiber son action. Ensuite, on va ajouter une deuxième drogue (dans des concentrations variables) qui va viser le stroma. On va ensuite mesurer l’évolution de la taille des organoïdes. » Le Professeur cherche à observer une réduction de leur taille. « Cela signifierait que nous sommes en train de détruire des cellules cancéreuses et éventuellement une partie de la tumeur. » Une fois le premier résultat intéressant obtenu en culture, il faudra alors transposer cela dans un autre modèle, la souris. Enfin, si des combinaisons pertinentes apparaissent, il faudra passer à des études cliniques. « Cette dernière partie n’est pas envisageable avant quelques années. » L’URGENCE DE TROUVER UNE SOLUTION Pour le professeur, ce sujet d’étude est à la fois un choix personnel et scientifique. « Ce cancer est très peu étudié en Belgique malgré son issue dramatique : les patients diagnostiqués savent que l’échéance est courte, c’est une fin du monde pour eux. » Ce n’est pas le cancer le plus fréquent, « mais les publications prévoient qu’il deviendra le deuxième cancer le plus tueur d’ici moins de 10 ans. Ce qui démontre l’urgence de trouver une solution. » La recherche sur la myoferline est soutenue financièrement depuis quelques années « par l’Université de Liège et la Fondation Léon Fredericq via une série de crédits obtenus sur presque 10 ans. Les chercheurs de mon équipe ont bénéficié de plusieurs subsides. Cette année, les prix Julia Russe et Georges Dejardin concrétisent nos e‰orts. Le fonctionnement de cette étude dépend uniquement de la Fondation Léon Fredericq. » Il n’est cependant pas seul sur ce projet d’étude. « Il y a deux co-promoteurs avec moi : le Professeur Arnaud De Roover et le Docteur Joëlle Collignon. Arnaud De Roover est chirurgien, il contribue en donnant des tissus de patients pour créer nos propres organoïdes. Joëlle Collignon, de son côté, contribue à la sélection des molécules utilisées. » MILÉNA DE PAOLI OLIVIER PEULEN Chercheur du mois 13 LA MYOFERLINE, une cible pour contrer le cancer du pancréas

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