L’Institut de Cancérologie Arsène Burny ouvre ses portes pour mieux vous soigner contre le cancer

12 Dans la plupart des zones du monde, le cancer du foie s’a che au top des cancers les plus tueurs. Dans ce triste tableau, la Belgique figure parmi les pays privilégiés, orant de meilleures chances de survie aux victimes grâce à une médecine de pointe et un bon niveau de transplantation hépatique. En Wallonie, c’est au CHU de Liège que ça se passe. La bonne nouvelle : les Liégeois sont les champions des donneurs de foie ! De nos jours, deux techniques permettent de guérir un cancer du foie s’il n’est pas trop développé : la chirurgie de résection ( jusqu’à la transplantation), qui consiste à retirer le segment du foie sur lequel est apparue la tumeur, et la thermoablation, un peu moins connue. « Il s’agit d’une intervention légère réalisée en hôpital de jour qui permet, à l’aide d’une aiguille passée à travers la peau, de détruire une tumeur sous l’e et de la chaleur », détaille le Dr Christophe Valkenborgh, Chef de clinique aux Services d’Imagerie oncologique et de Radiodiagnostic. « Moins invasive que la chirurgie, cette technique donne d’aussi bons résultats pour les tumeurs de petite taille, jusqu’à deux ou trois centimètres. Mais au-delà ou en cas de lésions multiples sur un lobe du foie, la chirurgie est plus performante ». Parfois aussi, on peut combiner les deux traitements. Par ailleurs, la chirurgie a largement évolué ces dernières années, comme l’explique le Pr. Olivier Detry, chirurgien au Service de Chirurgie abdominale et transplantation du CHU de Liège : « Aujourd’hui, on peut opérer le foie dans trois quarts des cas par laparoscopie, une technique mini-invasive où les instruments chirurgicaux passent à travers de petits trous, sans ouvrir l’abdomen. C’est beaucoup plus confortable pour les patients : moins de complications, moins de douleurs, pas de sondes ni de drains, une cicatrice quasi invisible, une opération plus rapide, une hospitalisation plus courte… ». Cependant, comme la plupart du temps un cancer se développe sur un foie malade, le risque de récidive restera élevé peu importe la technique. C’est pourquoi « l’idéal, c’est la transplantation », vante le Pr. Detry. « C’est le seul traitement qui permet de guérir à la fois le cancer et la cirrhose qui en est le terreau. Avec un nouveau foie, on repart à zéro… ». On peut guérir d’un cancer hépatique… S’il est diagnostiqué assez tôt ! ENWALLONIE, LESGREFFESDE FOIE SONT RÉALISÉESAUCHUDE LIÈGE L’hépatologie est l’un des fleurons de l’activité du CHU liégeois, qui réalise une centaine de chirurgies et une cinquantaine de greŽes du foie chaque année. Seul centre habilité à la transplantation hépatique en Wallonie, il permet d’oŽrir l’entièreté des traitements disponibles pour le cancer du foie en étroite collaboration avec les hôpitaux de la région. Né(e) entre 1945 et 1965 ? Faites-vous dépister pour l’hépatite C! Deuxième cause de cancer du foie en Belgique actuellement, l’hépatite C évolue silencieusement jusqu’à causer une cirrhose, 20 à 30 ans après l’infection (exactement comme sa cousine l’hépatite B). « Le virus se transmet essentiellement par le sang, raison pour laquelle on a connu une grosse épidémie dans les années 1980, liée essentiellement aux transfusions sanguines (par exemple après un accouchement) et au partage de seringues entre toxicomanes. 1 % de notre population a été contaminée en même temps ! ». Aujourd’hui les conditions d’hygiène ont changé (aiguilles uniques), si bien que « l’hépatite C devrait disparaître mécaniquement d’ici une vingtaine d’années ». Mais en attendant, nombre de personnes nées entre 1945 et 1965 ont été contaminées sans le savoir « et risquent fort de développer dans les années à venir une cirrhose voire un cancer du foie s’ils ne sont pas soignés ». Pour le Pr. Delwaide, tous les «baby-boomers » devraient se faire dépister si ce n’est déjà fait, « d’autant que l’on dispose aujourd’hui de médicaments efficaces, remboursés et très bien tolérés qui permettent de guérir l’hépatite C en deux ou trois mois ! ». Pensez-y : une simple prise de sang demandée auprès de son généraliste su¢t à détecter la maladie. L’HÉPATITE B NE SE SOIGNE PAS : PENSEZ AU VACCIN ! Première cause de cancer du foie dans le monde, l’hépatite B est heureusement devenue rare dans notre pays grâce à la vaccination systématique des nouveau-nés et des enfants de 11 à 12 ans depuis 1999. « Mais il faut continuer à vacciner, car la Belgique entretient beaucoup d’échanges avec des populations issues de zones à forte prévalence, telles que l’Afrique, l’Asie ou les pays de l’Est », prévient le spécialiste. En plus de se transmettre par le sang comme l’hépatite C, le virus B peut aussi se transmettre par les relations sexuelles ou à la naissance, de la mère à l’enfant. « C’est terrible, car on trouve alors de jeunes adultes de 20 ou 30 ans avec le foie déjà complètement détruit ». À ce jour, il est possible de contrôler la progression de la maladie grâce à des médicaments antiviraux (à vie), mais la médecine ne connaît toujours aucun moyen de guérir définitivement l’hépatite B. Au final, l’augmentation des cas de cancer du foie dans nos pays n’a rien d’inéluctable, à condition d’agir en amont sur ses causes : « Pour l’alcool, on peut réduire sa consommation. Pour l’hépatite B on dispose d’un vaccin. Pour l’hépatite C d’un traitement. Et quant à la stéatose, elle est tout à fait réversible par une bonne reprise en main de son hygiène de vie », encourage le Pr. Delwaide. « Et même au stade de la cirrhose, tout n’est pas désespéré : on peut encore freiner la progression de la maladie…». Jen D. (*) Des métastases provoquées par un autre cancer peuvent se développer dans le foie, mais il ne s’agit alors pas à proprement parler d’un cancer du foie. LE CHALLENGE : DIAGNOSTIQUER À TEMPS Il existe toutefois un problème : à un stade trop avancé, la thermoablation n’est plus performante et le patient risque d’être inopérable, « parce que les lésions sont devenues trop nombreuses ou volumineuses, ou parce que la fonction hépatique est déjà fort diminuée ». Tout l’enjeu est donc de diagnostiquer le cancer su¢samment tôt ! Un véritable défi selon le chirurgien, car comme le foie ne cause pas de douleurs, « On découvre souvent les tumeurs hépatiques accidentellement et tardivement, lors d’un scanner ou une IRM réalisé pour une autre raison. Ainsi beaucoup de patients ont été diagnostiqués ces deux dernières années, à l’occasion d’un scanner pulmonaire pour un Covid-19… ». Un cancer plus avancé ne signifie pas toujours que l’on ne peut plus rien faire. Dans certains cas, des techniques « telles que la chimio-embolisation (réduction des tumeurs mal placées via les artères) ou la radiothérapie externe par Cybernife (destruction par rayons X) permettent de réduire le nombre de lésions ou leur taille, rendant parfois possible la chirurgie ou la thermoablation dans un second temps », encourage le Dr Valkenborgh. Par ailleurs, de récentes avancées en immunothérapie permettent aujourd’hui de doubler l’espérance de vie même des cas les plus graves, au stade métastatique. Jen D. OLIVIER DETRY Chirurgien au Service de Chirurgie abdominale et transplantation du CHU de Liège

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