Don d'organes, vous aussi sauvez des vies

08 OCTOBRE ROSE IPRÉVENTION Lutter en informant, en dialoguant, en diagnostiquant Le dépistage précoce du cancer du sein augmente les chances de guérison complète et permet, dans certains cas, un traitement moins intrusif. Rencontre avec le Professeur Éric Lifrange, sénologue au CHU de Liège, à l’occasion du mois de lutte contre les cancers du sein. En 2019, la Belgique comptait 71 651 cas de cancers, dont 10 962 cancers du sein, soit 15 %. « Les chi res n’ont guère changé en 3 ans », relève le Professeur Lifrange. « En revanche, la médecine a fait des progrès considérables, en ce qui concerne les diagnostics et les traitements, au cours des 20 dernières années. » « On ne parle pas du cancer du sein, mais des cancers du sein », précise-t-il. «Même s’il existe de grands groupes de cancers comparables, chaque cancer est propre au patient. Il s’agit de tenir compte de ces di érences : la prise en charge doit être individuelle dès le choix des examens de dépistage. » Ainsi, la mammographie seule ne su‚t plus : « 5 à 10 % des cancers palpables — et davantage encore pour les cancers non palpables — ne sont pas détectables à la mammographie. Au CHU, nous procédons toujours à un examen clinique avec palpation, et nous pratiquons des mammographies en tomosynthèse, c’est-à-dire en 3D, depuis plus de 10 ans. Nous leur ajoutons un examen échographique, d’un apport considérable lorsque les seins sont radiologiquement denses. » 80 % DE GUÉRISONS En deuxième intention, si les premiers examens ont montré une anomalie, le Professeur Lifrange préconise une ponction diagnostique ou une biopsie à l’aiguille : « Si le résultat n’est pas clair, on peut recourir à l’imagerie magnétique nucléaire (RMN), dont le seul défaut, hors son coût, est de parfois créer l’alerte sur des choses qui ne sont pas cancéreuses. » Dans deux tiers des cas, un diagnostic précoce augmentera sérieusement les chances de guérison. « Les cancers du sein sont les cancers les plus fréquents, en Belgique. Ils sont aussi parmi ceux dont on guérit le mieux : 80 % de taux de guérison à 10 ans. » « 70 % des cancers du sein sont hormonosensibles : la plupart répondent à un traitement antihormonal. Certains néÉRIC LIFRANGE Sénologue, Chef du service de Sénologie au CHU de Liège « On ne parle pas du cancer du sein, mais des cancers du sein » cessitent une chimiothérapie et des traitements plus ciblés. Aujourd’hui, nous avons recours à l’analyse génomique pour préciser le traitement : le profilage des gènes des tumeurs permet en e et de préciser, sur une échelle de 0 à 100, comment le cancer répondra à tel ou tel traitement. C’est une avancée majeure pour le traitement et la guérison de nos patients », indique encore Éric Lifrange. LE RÔLE DE LA MÉDECINE CONCERTÉE « Au CHU, l’organisation du traitement des patients sou rant d’un cancer du sein est toujours discutée en Concertation Oncologique Multidisciplinaire (COM). S’y réunissent, pour donner leur accord sur la ligne de traitement proposée, les diagnosticiens, les chirurgiens, les chimiothérapeutes, les radiothérapeutes, les psychologues et les infirmières de liaison. Le rôle de ces dernières est central : elles sont, tout à la fois, la personne de référence du patient pendant son parcours de soin, et le lien entre les di érents spécialistes », indique le Docteur Éric Lifrange. L’Institut de Cancérologie Arsène Burny (ICAB) devrait renforcer encore, et souligner, cette médecine ouverte et collaborative, à laquelle sont associés le patient et son médecin traitant. « Nous avons toujours travaillé de manière intégrée. Mais la proximité de l’Université et des laboratoires de recherche font de l’ICAB, un outil de travail exceptionnel, au bénéfice des patients », conclut-il. FRÉDÉRIQUE SICCARD

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