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L’asthme est souvent diagnostiqué à tort, parce que ses symptômes sont volontiers trompeurs. Pour remédier à cela, le CHU et l’ULiège ont mené une task force européenne sur l’asthme durant quatre ans, en collaboration avec une dizaine d’autres universités. Leur mission est à présent accomplie : des guidelines internationales ont vu le jour, et devraient améliorer le diagnostic de la maladie dans toute l’Europe. Avec 5 à 10 % de la population touchée, tout le monde connaît au moins un asthmatique. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître pour une maladie si familière, en matière de diagnostic chaque médecin et chaque institution de soins fait un peu à sa mode. Pourquoi ? Parce que jusqu’ici « il n’existait aucune recommandation nationale ou internationale sur la « bonne manière » d’identifier lamaladie », explique le Pr. Renaud Louis, chef du Service de Pneumologie du CHU de Liège. « De plus, les médecins non spécialistes ne connaissent pas toujours les tests les plus e cients ou ne sont pas équipés pour les réaliser, si bien que la plupart proposent des traitements aux patients sur base de leurs symptômes : essou ement, toux, si ement respiratoire, sécrétions… ». Le problème est que ces symptômes peuvent avoir une autre cause : « Une bronchite récalcitrante ou une autre infection respiratoire, un reflux gastrique ou même certaines maladies ORL ressemblent parfois à s’y méprendre à de l’asthme », précise le pneumologue. Résultat : environ 30 % de patients sont étiquetés « asthmatiques » à tort et prennent un traitement quotidien (type inuvair/symbicort ou ventolin) à long terme alors que ce n’est pas utile ! Comment savoir si l’on est réellement asthmatique ? Alors, asthmatique ou pas ? Pour le savoir, il n’est pas forcément nécessaire de courir à l’hôpital en pneumologie. C’est tout l’intérêt du travail réalisé par la task force européenne : « On dispose à présent de lignes de conduite pour diagnostiquer l’asthme de manière assez précise à l’aide de tests rapides, très peu contraignants et réalisables en médecine générale », se réjouit le Pr. Louis. Il précise : « Le test diagnostic par excellence est la spirométrie, qui mesure le débit d’air expiré. Chez un asthmatique, ce débit est fluctuant en plus du déclin de la fonction respiratoire. Ce test permet donc de distinguer l’asthme d’autres a‡ections respiratoires ! ». Pour le patient, il s’agit simplement d’inspirer puis d’expirer profondément dans un tuyau, et le résultat apparaît en quelques secondes. Si la spirométrie n’est pas concluante, « on peut alors réaliser un deuxième test tout aussi simple, où le patient sou e pendant quelques secondes dans un appareil qui mesure le taux de monoxyde d’azote (NO) dans l’haleine, un peu comme pour un alcootest ». Et c’est dans les quelques cas où ces tests ne sušsent pas à poser un diagnostic qu’on peut envoyer le patient en pneumologie pour subir un test dit « de provocation » : « un peu plus contraignant, il permet de détecter une éventuelle hyperréactivité des bronches après l’inhalation d’un produit bronchoconstricteur ». Ce que les patients conseillent à leur doc’ Chose assez rare, la task force européenne a sollicité la contribution de patients pour mettre au point le schéma de diagnostic : « L’idée était de tenir compte de leurs préférences et de leurs avis concernant les tests », sur le mode « ce que les patients conseillent à leur médecin » ! Publié le mois dernier dans la revue européenne de pneumologie (European Respiratory Journal), ce schéma de tests est voué à s’imposer comme un standard international de pratique pour les médecins. Même si à l’heure actuelle quelquesmaisonsmédicales et cabinets de médecine générale sont déjà équipés et prêts, le Pr. Louis espère que « ces nouvelles recommandations inciteront davantage de médecins généralistes à proposer ces tests à leurs patients ». Si leur publication produit bien l’ežet escompté, les patients devraient pouvoir compter à l’avenir sur un bon diagnostic chez leur généraliste, sans passer par la case hôpital. JEN D. RENAUD LOUIS Chef du Service de Pneumologie du CHU de Liège POURQUOI Y A T IL PLUS D’ASTHMATIQUES QU’AVANT ? Même si l’asthme est parfois sur-diagnostiqué, la maladie a clairement explosé entre les années 50 et les années 2000. Les trois grands responsables sont : ■ la pollution de l’air (en particulier les particules fines dégagées par les carburants diesel) ■ des modes de vie plus sédentaires favorisant le surpoids (souvent lié à l’asthme) et une plus grande exposition à certains allergènes : acariens des tapis et moquettes, poils des animaux domestiques… ■ l’hyper-hygiène : avec les antibiotiques, les vaccins et l’excès de propreté en général, l’organisme est de moins en moins confronté à des agents infectieux durant la petite enfance, ce qui favorise le développement d’allergies (60 % des asthmes sont allergiques). Une personne sur trois traitée pour l’asthme n’est pas asthmatique ! PNEUMOLOGIE | TRAITEMENT 14

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