Découvrez le nouvel Institut de Cancérologie Arsène Burny du CHU de Liège

13 LE CHERCHEUR DU MOIS| FONDATION LEON FREDERICQ Sylvain Delaunay est un jeune chercheur dans le domaine de la pharmacologie. Actuellement en post-doctorat, il concentre ses recherches sur la protéine NSUN3 et son influence sur le cancer oral. Cette étude a récemment été publiée dans Nature, la prestigieuse revue scientifique. Portrait d’un chercheur et de son étude. Tout commence au Collège Saint-Hadelin à Visé où Sylvain suit ses études secondaires, en option mathématiques et sciences. Très vite, il s’intéresse particulièrement à la chimie et la biologie. ,Il réalise ensuite son parcours en science pharmaceutique à l’Université de Liège. Grâce au Professeur Hubert, Sylvain Delaunay part trois mois en stage à l’Université de Nottingham. Aspirant FNRS au laboratoire du Docteur Pierre Close, il réalise sa thèse de doctorat sur l’influence du complexe Elongator dans le cancer du sein. Après avoir reçu son doctorat, il part à l’Université de Cambridge pour des recherches post-doctorales. Suite au Brexit, il se re-localise rapidement en Allemagne. C’est donc au DKFZ à Heidelberg, centre de recherche sur le cancer, qu’il poursuit une étude sur la protéine NSUN3. TIRER AVANTAGE DE CE QUI EXISTE Sylvain Delaunay a concentré ses recherches sur la protéine NSUN3 dans le cadre du cancer oral, le cancer de la langue. L’étude prend la mitochondrie comme point de départ. En son sein, nous retrouvons la synthèse de protéines. Celles-ci sont utiles uniquement pour la production de l’ATP, l’énergie de la cellule. « Après certaines recherches, nous nous sommes rendu compte que NSUN3 était exprimé dans la mitochondrie. On s’est posé la question : que se passe-t-il si on l’enlève ? » En enlevant NSUN3, le chercheur a observé que la production de protéines dans la mitochondrie diminuait également, « réduisant ainsi sa capacité à générer de l’ATP. Étant donné que les cellules cancéreuses sont très actives et ont besoin de beaucoup d’énergie, on a spéculé que cela pouvait avoir un gros impact sur le développement du cancer. On a dès lors injecté ces cellules cancéreuses au niveau de la langue de souris. Nous nous sommes rendu compte que la tumeur se développait normalement sans NSUN3 et restait confinée dans la langue. » « Il existe une sous-population au sein des tumeurs appelées les cellules initiatrices de métastases. Elles sont capables de quitter la tumeur primaire et de disséminer des métastases dans le corps du patient. Lorsqu’on retirait la protéine NSUN3, on divisait cette sous-population par trois. De plus, les mitochondries sont d’anciennes bactéries, elles conservent certaines structures en commun. Nous avons choisi une famille d’antibiotiques qui cible la traduction dans les bactéries mais aussi la production de protéines dans la mitochondrie. » Dans les tests, huit jours après avoir injecté les cellules cancéreuses, le chercheur a commencé à traiter les souris avec ces antibiotiques. «Cela a eu le même effet qu’en agissant sur NSUN3. Ces découvertes ont des applications cliniques qui peuvent être directes car ce sont des antibiotiques qui sont déjà approuvés pour traiter des infections bactériennes et qui pourraient potentiellement être utilisés contre le cancer. » Finalement, ces recherches nouvelles profitent de matériaux existants : «Développer un nouveau médicament qui irait cibler spécifiquement NSUN3, ça nous prendrait des années. Pourquoi ne pas tirer avantage de ce qui existe déjà sur le marché et lui trouver une autre utilisation? » «L’ARTICLE DANS NATURE EST LE SOMMET DE LA MONTAGNE» Ses recherches ont pu bénéficier de différents soutiens, notamment la bourse européenne l’EMBO (Organisation Européenne de Biologie Moléculaire). «C’est assez compétitif, et ça m’a donné un gros coup de pouce. On a eu une certaine reconnaissance sur le travail qui a été fait et cela nous a conforté sur la voie à suivre. » Le Liégeois a également reçu une bourse de voyage de la part de la Fondation Léon Fredericq. «Ça a été extrêmement utile, surtout au début pour me re-localiser avec le Brexit. Comme c’est une bourse liégeoise, il y a un côté sentimental à être financé et approuvé par l’endroit d’où l’on vient. » Concernant la publication dans la revue Nature, le chercheur ne cache pas sa joie. «C’est le journal scientifique le plus prestigieux au monde. Il faut être extrêmement complet dans toute son analyse et donc cela prend du temps. » C’est aussi une reconnaissance. «J’espère que cette publication m’ouvrira des portes. En tous cas, nous avons eu une belle visibilité à l’international. » Il est important pour le chercheur de remercier les personnes qui l’ont aidé durant son parcours. «L’article dans Nature n’est que le sommet de la montagne. Il y a eu tout un processus impliquant en partie Liège et sa capacité à former et générer de la bonne recherche, que ce soit par l’Université de Liège ou le GIGA. C’est aussi grâce à eux que je suis arrivé là. » Miléna DE PAOLI Cibler la protéine NSUN3 et canaliser le cancer oral Vous souhaitez, vous aussi, soutenir la Fondation Léon Fredericq et nos jeunes chercheurs de l’Université et du CHU de Liège ? FAITES UN DON, CHAQUE AIDE EST ESSENTIELLE ! 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