Découvrez le nouvel Institut de Cancérologie Arsène Burny du CHU de Liège

VARIOLE DU SINGE P. 14 Comprendre la variole du singe en 6 questions LES CONSEILS DE NOS EXPERTS POUR UNE RENTRÉE EN EXCELLENTE SANTÉ JE COURS POUR MA FORME PP. 02-04 LES DROITS DU PATIENT 3 lois qui ont changé la vie des patients P. 10 PRENDRE SOIN DE SOI P. 07 Nos astuces pour bien vieillir UN CENTRE D’EXCELLENCE POUR VOUS ACCUEILLIR PP. 08-09 Votre santé nous tient à cœur Le magazine de votre hôpital universitaire I Mensuel N°66 I SEPTEMBRE 2022 Découvrez le nouvel Institut de Cancérologie Arsène Burny du CHU Liège

2 EDITO I En cette rentrée, respirez la santé et le bien-être Nous avons toutes et tous laissé de l’énergie physique etmentale dans cette succession de crises (pandémie, énergie...). En cette rentrée, l’heure est aux bonnes résolutions. Tout commence par un premier petit pas. Oser un geste pour 6 semaines (nouveau rythme scolaire) et.... s’y tenir:Mangermieux, dormir assez, courir un peu, ne pas rester trop assis à son bureau sans bouger.... La priorité est de prendre plaisir à pratiquer une activité sportive. Cette activité physique nous protège ou nous aide à mieux vivre avec des maladies chroniques comme l’asthme. Une maladie pour laquelle Liège peut compter sur des chercheurs de renom. D’ailleurs, une Liégeoise était à l’honneur au Congrès américain de Pneumologie! Qui? Adécouvrir aufil de ces pages qui vous parleront aussi de lameilleure manière de bien vieillir. Est-ce vraiment possible? Évidemment ! Vous pourrez découvrir des conseils précieux en la matière le 8 octobre prochain dans un salon qui est organisé par cinq communes du Condroz liégeois. Un salon qui évoquera évidemment la manière de bien vieillir quand on doit vivre avec le cancer. A ce propos, le CHU de Liège a le plaisir, comme il le fait depuis le premier numéro du Patient, de vous dévoiler l’excellence médicale qui habite les murs de l’institution: en effet, le tout nouvel Institut de Cancérologie Arsène Burny ouvrira ses portes à partir de décembre! Cet institut sera à la pointe de la technologie et de l’accompagnement humain notamment avec le centre Oasis qui est un lieu dédié au bien-être. Le patient sera au centre de ce projet comme il l’est toujours dans nos pages. Dans ce numéro, il pourra découvrir les 3 lois qui ont changé la vie des patientsmais aussi l’importance de pouvoir contacter le service de médiationde l’hôpital quandonaunproche en fin de vie. Cette dernière étape de notre vie justement où il faut éviter l’amalgame soins palliatifs/euthanasie. Enfin, un autre sujet sera abordé: une experte du CHU vous donnera quelques clés pour mieux comprendre la variole du singe. Belle lecture sous le soleil de septembre. LARÉDACTION JE COURS POUR MA FORME CHRISTINA SCHMIDT Chercheuse qualifiée au FNRS Éditeur responsable I Sudinfo - Pierre Leerschool Rue de Coquelet, 134 - 5000 Namur Rédaction I Jenifer Devresse, Caroline Doppagne, Vincent Liévin, Charles Neuforge, Frédérique Siccard Coordination I Delphine Gilman, Vincent Liévin, Rosaria Crapanzano Photographies I CHU de Liège, iStock, Pexels Mise en page I Creative Studio Impression I Rossel Printing Dormir quand on veut. Voire autant que l’on veut. L’un des grands plaisirs des vacances a pris fin très officiellement le 29 août, avec la rentrée des classes. Faut-il s’en désoler ? « En principe, non », sourit Christina Schmidt, chercheuse qualifiée au FNRS. « S’offrir une grasse matinée, c’est un cadeau que l’on se fait de façon ponctuelle. Le transformer en habitude risque de dérégler l’horloge biologique, qui n’aime rien tant que d’être à l’heure. Notre rythme circadien entraîne une succession de cycles veille/ sommeil parfaitement adaptée à l’alternance jour/nuit. Certains se couchent tôt pour se lever tôt, d’autres font l’inverse. Dans un monde idéal, chacun suivrait son rythme biologique propre. Mais l’école pour les uns, le travail pour les autres, les loisirs pour tous, ne permettent pas cela. » Il s’agirait donc de s’adapter ? « La grasse matinée n’est pas indiquée le week-end si l’on ne crée pas de dette de sommeil, donc si l’on dort suffisamment, pendant la semaine. De même, une étude en cours tend à prouver que pratiquer la sieste de façon chronique dérègle l’horloge biologique des seniors et entraîne le corps dans une espèce de cercle vicieux : on se couche tard parce qu’on a dormi trop longtemps la journée, donc on se lève fatigué et, pour contrer cela, on fait une sieste… », poursuit la chercheuse. LES CHAMPIONS DES ONDES COURTES Le concept ne s’applique pas tel quel aux tout petits, dont l’horloge biologique est encore plus flexible. « Ce sont les champions des ondes lentes, générées par un sommeil profond », indique encore Christina Schmidt. Pour les adolescents et adultes fatigués, en revanche, mieux vaut privilégier les micro siestes, de 10 minutes par exemple, qui autorisent le corps à se détendre, et renforcent la fonction attentionnelle et la vigilance sans entrer dans un cycle de sommeil complet. Voire « renforcent la création de connexions entre différentes régions du cerveau, qui permettent d’avoir le déclic face à un problème mathématique apparemment insoluble ou à une page blanche. » Un sommeil de qualité, en revanche, agirait davantage sur la mémoire (et les cours à retenir !) : « L’hypothèse la plus retenue actuellement est que l’hippocampe, dont le rôle est important dans la création de la mémoire, va profiter de la nuit pour distribuer les traces de ce que l’on a appris pendant la journée vers d’autres régions, corticales, du cerveau. Les tracés entre ces différentes régions se réactiveraient à la faveur du sommeil, pour distribuer les informations vers la mémoire à long terme et donc, favoriser la consolidation des apprentissages. » 7-2, LA SOLUTION ? Le rythme 7 semaines de cours, 2 semaines de congé peut-il, dès lors, contribuer à ce renforcement ? «Une alternance plus régulière entre les congés et les périodes scolaires semble en effet être plus adaptée au rythme de l’enfant. Il ne s’agit pas pour autant de l’assimiler à l’idée de se donner à fond pendant 7 semaines et de se relâcher pendant 2 semaines, mais plutôt de pouvoir mieux distribuer ses ressources sur toute l’année. En termes de sommeil, on ne remplit pas en 2 semaines, ou en 2 mois, un réservoir de sommeil à vider au cours des 7 semaines suivantes ! L’idéal est donc de se débarrasser le plus rapidement possible d’une éventuelle dette de sommeil en dormant un peu plus, si le besoin se ressent, sans pour autant trop modifier l’habituel rythme de veille/sommeil. Le contraire serait contre-productif, au vu de ce l’on sait aujourd’hui de la régulation de notre cycle de veille/sommeil. » FRÉDÉRIQUE SICCARD 1. Sommeil : reprendre le rythme, et le garder Rentrée : et si on (re)prenait de bonnes résolutions? eil : reprendre l rythme, et l garder

03 Plus d’informations : www.lesdieteticiens.be La rentrée, c’est un peu comme la nouvelle année : lemoment de prendre de bonnes résolutions ! Vous vous remettez au sport ? Ne succombez pas pour autant à l’appel du fast food ! « On recommande en général 75 minutes d’activité physique soutenue ou 150 minutes d’activité modérée par semaine. Tant qu’on en reste là, une alimentation saine et équilibrée suffit à soutenir les besoins d’un adulte », souligne Inès Istace, diététicienne spécialisée en diététique du sport. Soit, si l’on suit les recommandations du Conseil Supérieur de la Santé, de respecter 5 priorités au quotidien : Consommerminimum125 grammes de produits céréaliers complets Manger aumoins 2 fruits et aumoins 300 grammes de légumes chaque jour, sous toutes leurs formes, « de préférence variés pour couvrir une gamme plus large de vitamines et de minéraux, en se laissant guider par les saisons » Remplacer, une fois par semaine, la viande par des protéines végétales (légumineuses) et 1 à 2x/semaine, par du poisson S’accorder, au quotidien, une poignée de fruits à coque et/ou de graines, non salés, non grillés Limiter la consommation de sel (en cuisine et à table) et de plats préparés LE CARBURANT DE L’ORGANISME « Si, en parallèle, on va travailler à vélo, que l’on se déplace à pied ou que l’on exerce une activité plus intense, on veillera à adapter l’alimentation plus spécifiquement, de manière à couvrir les besoins en protéines, glucides, vitamines, minéraux et matières grasses », précise Inès Istace. En augmentant la dose de féculents (« le carburant de l’organisme »), en distribuant les protéines au cours de la journée, en s’assurant de bénéficier d’apports suffisants en calcium, fer et vitamines C et D… « Et en s’hydratant beaucoup ! En plus des 1,5 à 2 litres de boisson non sucrée recommandés au quotidien, on ajoutera environ 600 millilitres d’eau par heure d’activité soutenue. » Quant à l’alcool, l’idéal est de limiter les prises à « 10 unités par semaine, 1 unité étant le verre adapté à l’alcool que l’on aura choisi. Il s’agit là d’une quantité maximale, pas d’un but à atteindre absolument », plaisante Inès Istace. UNE RÉSOLUTION EN SOI « C’est déjà un challenge en soi que d’arriver à respecter ces recommandations, même s’il ne fait pas rêver », reconnaît la diététicienne. Qui précise le défi : « Idéalement, on veillera aussi à la façon de distribuer les repas sur la journée : 3 repas, minimum 4 heures entre 2 prises alimentaires, 1 seul repas chaud pour éviter l’excès de graisses, et 300 grammes de viande rouge… par semaine ! Le poisson, la volaille, les œufs, les produits laitiers, les légumineuses, et les substituts de qualité sont d’excellentes sources de protéines. » Elle se permet un ultime conseil bienveillant : « Un diététicien, spécialisé en sport ou non, a pour objectif d’accompagner les nouvelles habitudes alimentaires dans un but de bonne santé. Il est parfois utile d’en consulter un pour bénéficier du coup de pouce nécessaire à l’adoption d’une nouvelle démarche alimentaire. » FRÉDÉRIQUE SICCARD 2. « Cette année, je mange mieux » «On recommande en général 75 minutes d’activité physique soutenue ou 150 minutes d’activité modérée par semaine» Inès Istace, diététicienne spécialisée en diététique du sport

Repartir du bon pied à la rentrée ? Le programme de mise en condition physique « Je cours pour ma forme » remet votre santé sur le droit chemin. Vous avez peut-être déjà vécu cette scène dans les rues ou sur les sentiers de votre commune. La journée s’achève et vous venez de croiser un groupe au petit trot. Des femmes, des hommes, jeunes, plus âgés... chacune et chacun court à son rythme. Visiblement, personne n’est là pour « se tirer la bourre ». Ça papote, ça rit aussi. Dans quelquesminutes, le spectacle aura changé. Le souffle sera plus court, les premières gouttes de transpiration perleront sur les visages. Toutes et tous viennent de commencer l’aventure « Je cours pour ma forme ». Vous savez, le genre de bonne résolution prise au retour des vacances, le défi qu’on se lance après tous ces bons moments qui se paient cash sur la balance : en quelques semaines, améliorer sa forme, gagner de l’énergie sur le long terme et perdre du poids (ça marche) grâce à la course à pied. Mais pas que... Laissons un instant le groupe s’éloigner, marquons une pause. OBJECTIF SANTÉ Nathan Maréchal a 27 ans. Il est ingénieur agronome mais aussi passionné par le sport. Comme il a un caractère sociable, il a décidé d’en faire profiter les autres : depuis 5 sessions, il est animateur de groupes « Je cours pour ma forme » dans la commune d’Anthisnes. « J’anime le groupe des débutants. Leur objectif de départ : soit réussir à courir 40 minutes sans s’arrêter soit parcourir 5kms ». Le profil type ? Le participant est une participante, elle a entre 25 et 65 ans. Les motivations principales ? Se changer les idées, évacuer le stress ou reprendre une activité physique après une longue interruption figurent parmi les plus souvent évoquées. « Ce sont souvent des personnes qui n’ont pas fait de sport ou alors très peu. Mais nous avons aussi celles et ceux qui se sont blessé(e)s et ont besoin d’un petit coup de pouce pour reprendre une activité. Quel que soit leur profil, nous nous adaptons à chacune et chacun car une personne n’est pas l’autre : même si tous les participant(e)s sont des débutant(e)s, elles/ ils ont des facilités différentes ». PLUS QUE COURIR Le groupe que vous avez croisé poursuit sa route. Le son des foulées qui frappent le sol s’éloigne lentement, comme celui des voix qui témoignent de ce moment de partage. Votre village n’est pas le seul où la scène se déroule. En Wallonie et à Bruxelles, 52 communes ont emboîté le pas de ce projet. Le programme est immuable. 12 semaines au rythme de 3 entraînements hebdomadaires dont 2 (à Anthisnes) encadrés par un coach, comme Nathan. Le troisième est libre, les participants reçoivent des fiches d’entraînement pour les guider. Trois niveaux sont possibles : de 0 à 5 km, de 5 à 10 km adouci et un 5-10 km renforcé. Suivant les niveaux, plusieurs variantes sont envisageables. Un niveau préparatoire existe également pour les personnes « fragilisées » par l’âge, le surpoids, une revalidation, … Vous l’avez compris : on oublie la compétition et le chrono, l’objectif est de prendre plaisir à pratiquer une activité sportive. « Dans une ambiance conviviale » précise le site « jecourspourmaforme.com ». Pour Nathan Maréchal, c’est un aspect primordial de l’activité. Le contact avec les gens, c’est ce qui a guidé son choix. « J’essaie bien sûr de les préparer le mieux possible en vue d’atteindre l’objectif qu’ils se sont fixé. Je leur explique la position à adopter, je les conseille sur la foulée, la respiration... ». Nathan estime que 80% des personnes qui ont participé à ses groupes ont réussi leur défi. « Tout cela est important mais je ne perds pas de vue que cette activité relève d’une interaction sociale. Je m’efforce de détendre, d’apporter de la bonne humeur, de présenter cela davantage comme un jeu, un moyen de s’épanouir personnellement et un moment à partager ensemble et non pas uniquement comme une simple séance sportive. Santé physique, santé psychologique : les participant(e)s ont tout à y gagner ! ». Le groupe est maintenant hors de vue. Il ne reste que vous sur le bord de la route... et les fourmis que vous commencez à sentir dans vos jambes. N’hésitez pas. Courrez-y vite. CHARLES NEUFORGE Plus d’informations : jecourspourmaforme.com/fr/programme « L’objectif est de prendre plaisir à pratiquer une activité sportive. Santé physique, santé psychologique : les participants ont tout à y gagner » NATHAN MARÉCHAL Ingénieur agronome et moniteur Je cours pour ma forme 3. Ne courez plus après la forme : rattrapez-la ! JE COURS POUR MA FORME

06 ASTHME En mai dernier se tenait à San Francisco l’un des plus prestigieux congrès internationaux de pneumologie. Pour cette édition 2022, une Liégeoise a été conviée à présenter la revue littéraire de l’année dans le domaine de l’asthme. Il s’agit du Pr. Florence Schleich, une jeune pneumologue du CHU de Liège. Un honneur rare, qui mérite bien un coup de projecteur sur ses recherches ! « À ma connaissance, aucun pneumologue belge n’avait encore jamais été convié au congrès de San Francisco ! », félicite le Pr. Renaud Louis, chef du Service de Pneumologie et Allergologie du CHU de Liège. Une invitation que l’intéressée voit comme « un beau cadeau », et surtout un défi excitant « car cette grande conférence sert aussi de formation pour des milliers de spécialistes venus des quatre coins du monde ». Il faut dire qu’avec une centaine de publications scientifiques à son actif en moins de dix ans, la jeune pneumologue s’est rapidement imposée comme une spécialiste de son domaine. PRÉDIRE L’EFFICACITÉ DES TRAITEMENTS Si elle se définit comme une « clinicienne avant tout » et se voit d’abord aux côtés des patients, Florence Schleich accumule les recherches et les distinctions. En 2014, elle découvre dans le cadre de sa thèse des biomarqueurs dans l’haleine et dans le sang « qui permettent de déterminer le type d’asthme (ou «sous-type inflammatoire» d’asthme) de chaque patient, et donc de prédire s’il répondra bien ou non à tel type de traitement, grâce à des tests rapides non invasifs ». L’utilisation de ces tests permet désormais de mieux soigner les asthmatiques « de façon personnalisée, en fonction de leurs caractéristiques inflammatoires et plus seulement de leurs symptômes ». Auparavant, si les patients conservaient des symptômes malgré les traitements par corticoïdes inhalés, on augmentait les doses alors qu’on sait aujourd’hui que « ce n’est pas toujours utile, et qu’il peut y avoir un risque accru d’effets secondaires (mycoses buccales, modification de la voix…) ». ASTHME ET COVID-19 : FAUT-IL S’INQUIÉTER ? Plus récemment, durant les deux premières vagues de Covid, la cheffe de clinique a décroché une bourse de la Fondation Léon Fredericq pour lancer une étude sur le risque des asthmatiques face à ce nouveau virus. Avec des résultats surprenants : le Pr. Florence Schleich a pu rapidement démontrer que « contrairement à ce que l’on craignait, les asthmatiques n’étaient pas plus à risque que les autres de faire unCOVID-19 sévère, de se retrouver aux Soins Intensifs ou de mourir du virus ». Et du même coup, sa recherche a permis de découvrir d’autres facteurs de risques de lamaladie : l’âge, le sexe masculin, l’obésité, etc. Cela dit, « Il faudra encore confirmer que les nouveaux variants ne sont pas plus agressifs pour les asthmatiques ! ». LE SPORT, UNE CLÉ POUR GÉRER SON ASTHME ! Actuellement, le Pr. Florence Schleich est plongée dans une étude sur les effets bénéfiques du sport contre l’asthme, en collaboration avec le Pr. Renaud Louis et le Pr. Thierry Bury, « un grand spécialiste de la physiologie de l’effort qui s’occupe notamment de l’évaluation des sportifs de haut niveau, dont les joueurs du Standard ». Actuellement en effet, « on n’a aucune donnée détaillée sur l’effet anti-inflammatoire du sport et son influence sur la qualité de vie ou la condition physique des patients en fonction de leur type d’asthme ». Un projet qui enthousiasme beaucoup cette passionnée de sport : « J’adore le thème, car je pratique moi-même beaucoup de vélo et de course à pied, et mes trois enfants sont très sportifs ». S’il faudra attendre un peu plus d’un an avant les résultats définitifs, elle confie déjà que « les premières tendances s’annoncent très positives ! ». Jen D. Une Liégeoise à l’honneur au Congrès américain de Pneumologie ! FLORENCE SCHLEICH, Pneumologue Cheffe de clinique au Service de Pneumologie et Allergologie du CHU de Liège UN ASTHMATIQUE SUR DEUX UTILISE MAL SON INHALATEUR ! Top 5 des maladresses : Toutes sortes de dispositifs sont disponibles sur le marché. Mais d’après les études belges, plus de la moitié des patients font au moins une erreur en utilisant leur inhalateur : 1. oublier de vider ses poumons avant l’inhalation 2. inhaler trop fort ou pas assez fort 3. mal activer le dispositif ou l’activer en fin d’inspiration 4. oublier de bloquer sa respiration après la prise 5. oublier de se rincer la bouche (ou rincer sans recracher) Un doute ? Retrouvez tous les modes d’emploi en vidéo sur l’application mobile « My Puff » !

07 VIEILLIR| PRENDRE SOIN DE SOI Pour bien vieillir, vivons bien informés Le 8 octobre, cinq communes du Condroz liégeois organisent le salon « Bien vieillir ». Des stands d’information, des tables rondes et des ateliers aideront les aînés et leur entourage à trouver des réponses aux questions qu’ils se posent, en particulier sur la santé mentale pour cette édition. En 2018, pour la première fois, le Groupe d’action local (GAL) du Pays des Condruses, organisait le salon « Bien vieillir ». Son objectif : rassembler en un même lieu un large éventail de services actifs dans le secteur du troisième âge. Le GAL souhaitait ainsi permettre aux plus de 65 ans, à leurs familles et à leurs proches de découvrir ce que ces services proposent et de s’informer en direct auprès d’eux. Après une interruption due à la pandémie, le salon est de retour avec le même objectif et aux manettes les 5 assistants de vie des communes d’Anthisnes, Clavier, Marchin, Modave et Tinlot. Le 8 octobre prochain, « Bien vieillir » s’installe pour une journée à la salle du Bois Rosine de Strée, dans la commune de Modave. Dès 9 heures, les stands d’information, dont celui du CHU de Liège, ouvrent leurs portes. L’entrée est gratuite et ouverte à tous. Thème principalement abordé cette année : la santé mentale. UN MAL TROP VITE OUBLIÉ Dans ce domaine aussi, la crise sanitaire a fait des dégâts. « Clairement », confirme Audrey Sornin, assistante de vie dans la commune de Tinlot. « Beaucoup de personnes ont ressenti l’isolement. La pandémie a provoqué “un gros boum” de mal-être ». C’est ce qu’elle et ses collègues ont constaté chez de nombreux aînés qu’ils vont visiter à domicile. « Aujourd’hui, on n’en parle plus beaucoup. Pourtant, les conséquences sont bien présentes ». Beaucoup de personnes n’ont plus pu se déplacer et bénéficier de certains services parce qu’elles n’étaient pas nécessairement dans l’urgence. Les petits problèmes de santé se sont multipliés avec un impact certain sur le moral. « Nous, assistants sociaux, assistants de vie, nous avons aussi nos limites. Organiser un salon comme celui-là nous permet de mieux connaître les différents services qui existent, de les faire découvrir aux personnes de nos communes ». LE CHU SUR LE PONT Mutuelles (Solidaris et Mutualité chrétienne), plateforme Vivre à domicile, Télé Service du Condroz, Gal du pays des Condruses,... : au total, une dizaine de services et d’intervenants seront sur place. Parmi eux, le CHU de Liège. Julien Balthazar est assistant social à l’hôpital universitaire, précisément au service de gériatrie et de revalidation pulmonaire du site des Bruyères. Il est aussi référent hospitalier pour le service de gériatrie. A ce titre, il tient le rôle « d’interface » au niveau de la communication entre le CHU et les services externes (services d’aide à domicile, maisons de repos, revalidation...). « L’objectif de notre présence ce jour-là est de mettre en avant ce que le CHU propose dans le domaine du “bien vieillir”. Il est important d’informer la population “prégériatrique” de ce qu’elle peut faire pour conserver une qualité de vie et une autonomie optimale lorsqu’elle sera plus âgée ». Le service de gériatrie a mis des choses en place. Le thème principal du salon étant la santé mentale, les initiatives du Centre de la mémoire seront également mises en valeur : « Le Centre propose notamment des accompagnements à domicile pour les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer ou qui présentent des troubles de la mémoire de manière générale ». Le stand présentera notamment comment se déroule cet accompagnement, qui sont les intervenants (neurologue, psychologues, ergothérapeutes), quelles sont les modalités du suivi. « Nous expliquerons aussi ce que le service de gériatrie propose de manière générale et plus spécifiquement en matière de prévention à l’hôpital de jour pour éviter une hospitalisation ». Des informations susceptibles d’intéresser un très large public. Charles Neuforge DEMANDEZ LE PROGRAMME Présentation de la journée par Hervé Pasqain du centre culturel régional de Huy 9 h : Ouverture du Salon avec un petit déjeuner santé offert (inscription 085/ 27 03 49) 10 h : Accueil et mot de l’Echevine en charge de la santé 10 h 30 : Présentation des services et intervenants : 10 h-17 h : Animations diverses ■ Balade en triporteur. ■ Initiation self défense ■ Essai du vélo électrique avec le Gal pays des condruses. ■ Initiation en sophrologie ■ L’ASBL Yuugi «échange et partage d’expérience par courrier ■ La province de Liège avec le car Tip Top (la santé et l’alimentation) ■ L’asbl Aidants proches 13 h 30-15 h30 : Tables rondes autour du thème de la santé mentale ■ Les soins palliatifs de la province de Liège ■ La plateforme psychiatrique liégeoise et Pair aidance ■ Le groupe santé chrétien avec Gilles Squelard (autour des aidants de 1ère ligne). ■ Crésam ENTREE GRATUITE —Petite restauration et bar jusqu’à 17 h — Café et eau offerts Infos et réservations au CPAS de Modave : 085/27. 03. 49 En cas de soucis de mobilité, prise en charge gratuite sur réservation au 085/27. 03,49 JULIEN BALTHAZAR assistant social au service de gériatrie et de revalidation pulmonaire du site des Bruyères

08 INAUGURAT CANCER | UN CENTRE D’EXCELLENCE POUR VOUS ACCUEILLIR Cette fois, ça y est ! Dans quelques semaines, au terme de huit ans de travaux, l’ensemble des Services de l’Institut de Cancérologie Arsène Burny (ICAB) sera enfin accessible aux patients ! Désormais, tous les soins ambulatoires liés au cancer seront rassemblés en un seul lieu. Rendez-vous est pris les 2 et 3 décembre pour l’inauguration officielle. À partir de la première semaine de décembre, pour tout problème lié au cancer, c’est à l’ICAB que ça se passe ! Le projet titanesque de l’Institut de Cancérologie Arsène Burny touche en effet à sa fin, et sera pleinement opérationnel d’ici quelques semaines. L’ouverture du bâtiment s’est faite en plusieurs étapes, comme l’explique Pauline Jacquemin, coordinatrice du projet : « Le niveau -3 a été le premier à accueillir les patients en février dernier, regroupant toutes les activités de Radiothérapie, Médecine nucléaire et Imagerie oncologique ». Et depuis juin, les bureaux des médecins et la gestion des études cliniques pour les nouveaux traitements anti-cancer sont installés au -2. « C’est à présent au tour des deux derniers étages importants pour les patients d’ouvrir leurs portes : le niveau -1 où est installé l’hôpital de jour pour tous les traitements ambulatoires (chimiothérapie, immunothérapie ) ; et le niveau 0 qui abrite les consultations et le centre de bien-être Oasis ». Restera une dernière étape, prévue pour fin 2023 mais qui ne concerne pas exclusivement la cancérologie : « le déménagement des laboratoires d’analyse du CHU, pour l’instant dispersés dans l’hôpital, aux étages supérieurs de l’ICAB (+1 et +2). On prévoit aussi d’installer au -4 la Biothèque (BHUL), où sont conservés pour la recherche tous les échantillons biologiques (sang, urines ou tumeurs), ainsi que le LTCG-Laboratoire de Thérapie Cellulaire et Génique, qui s’occupe de la fabrication des médicaments cellulaires et des greffons destinés aux patients d’Hématologie ». Pour mémoire, le regroupement des laboratoires du CHU était prévu en parallèle du projet de l’Institut de Cancérologie (d’où son ancien nom « CIO-UniLab »). DORÉNAVANT, CE SONT LES SOIGNANTS QUI SE DÉPLACENT ! Centré sur le patient, le concept de l’ICAB est absolument unique en Wallonie. Pour le Pr. Yves Beguin, directeur de l’Institut, « L’idée est que toutes les spécialités concernées et tous les soins nécessaires au traitement du cancer soient rassemblés en un seul lieu, de façon à mieux les organiser en fonction des besoins du patient ». Auparavant, illustre le Pr. Beguin, « chaque Service gérait ses consultations de manière autonome, si bien que le patient se retrouvait à multiplier les allées et venues sur les différents sites du CHU entre l’imagerie, l’oncologie, la radiothérapie, la chirurgie, la kinésithérapie et encore la gynécologie, l’hématologie, la pneumologie ou l’ORL... Sans compter les rendez-vous pour les soins de support avec les psychologues, les tabacologues, les diététiciennes, les assistantes sociales... ». L’ICAB incarne la démarche inverse : « Les soignants des différentes disciplines concernées par un type de cancer se rassemblent au même endroit et au même moment, pour que toutes les prestations médicales et paramédicales nécessaires pour un patient soient organisées dans L’Institut de Cancérologie Arsène ouvrira grand ses portes à partir D’ici-là, les dernières installations se terminent PAULINE JACQUEMIN Coordinatrice de projet de l’ICAB le même bâtiment et dans la mesure du possible sur la même demi-journée ». Les consultations sont ainsi regroupées par demi-journées thématiques dédiées à chaque type de cancer, « avec la présence systématique d’une infirmière de liaison disponible pour répondre aux questions des patients, les orienter ou encore organiser un bilan urgent », précise encore le Pr. Beguin. « De plus, quatre cabinets de consultation sont dédiés chaque jour entièrement aux soins de support ». Le tout représente un fameux défi logistique et organisationnel, mais qui devrait changer la vie des patients cancéreux. Ce regroupement inédit devrait aussi favoriser les interactions entre les différentes disciplines concernées par l’oncologie : « L’idée est que les soignants communiquent mieux entre eux, au bénéfice d’une meilleure qualité des soins pour le patient. Côte à côte en consultation, les informations passent beaucoup mieux ! ». 7 ÉTAGES DONT 4 DÉDIÉS AUX PATIENTS Laboratoires d’analyses (fin 2023) Consultations médicales, soins de support et Centre de bienêtre Oasis Hôpital de jour Bureaux des médecins et gestion des études cliniques Radiothérapie, Médecine nucléaire et Imagerie oncologique Laboratoire de thérapie cellulaire et génique (LTCG) et biobanque (fin 2023) À noter : L’ICAB étant un centre de jour, les hospitalisations classiques (impliquant au moins une nuit) demeureront dans les bâtiments actuels. 0 -1 -2 -3 -4 +1 & +2

09 TION DE L’ICABI Burny de décembre ! LE CENTRE OASIS, UN LIEU DÉDIÉ AU BIEN-ÊTRE Entièrement voué au bien-être des patients, le Centre Oasis regroupera toutes les activités nonmédicales liées à lamaladie, comme le précisePauline Jacquemin : «des ateliers collectifs de diététique, de maquillage, de gym douce, de relaxation et d’hypnose; ainsi que des soins individuels tels que des massages ou des soins esthétiques». Conçupourdespatientsdont leparcours est hypermédicalisé, «Oasis se veut un lieude rassemblement, d’échange et dedétente, «horsde l’hôpital dans l’hôpital»». Très attendue, l’ouvertured’Oasis au seinde l’ICABdevraitmarquer «ungrand plus pour les patients en oncologie! ». JEND. 3 DATES À RETENIR : Vendredi 2 décembre | Inauguration officielle : exposés scientifiques suivis d’une séance académique (sur invitation) Samedi 3 décembre | Journée portes ouvertes grand public : visites guidées du bâtiment avant l’ouverture Première semaine de décembre | Ouverture aux patients Plus d’informations suivront: www.chuliege.be

10 La Commission fédérale «Droits du Patient» propose un formulaire de désignation et de de révocation du mandataire, téléchargeable sur : www.health.belgium.be/fr/ sante/prenez-soin-de-vous/ themes-pour-les-patients/ droits-du-patient LES DROITS DU PATIENT En 2002, la Belgique vote 3 lois clés : la loi relative aux droits du patient, la loi relative aux soins palliatifs et la loi dépénalisant l’euthanasie. Qu’ont-elles changé au quotidien ? Rencontre, 20 ans plus tard, avec Caroline Doppagne, Médiatrice au CHU de Liège, et le Docteur Charles-Henri Serre, Coordinateur de l’Équipe Mobile de Soins Continus et Palliatifs Médiatrice au CHU de Liège, Caroline Doppagne a une formation de base en anthropologie de la communication, une discipline qui rejoint bien son travail en milieu hospitalier. Elle a pris ses fonctions en février 2004, au sein de 4 hôpitaux, 2 ans après la parution de cette législation qui préconise la mise en place des services de médiation dans les institutions hospitalières. Depuis 2002, en effet, une loi précise les caractéristiques de la relation entre le patient et le praticien professionnel, et vise à améliorer la qualité des prestations de soins de santé (tant en termes de qualité technique que relationnelle). Elle rassemble, en un seul texte, les droits fondamentaux des patients, de la tenue et l’accès au dossier du patient à la désignation de la(des) personne(s) susceptible(s) de représenter les patients incapables d’exercer eux-mêmes leurs droits. Elle souligne, enfin, que « si une personne estime qu’un praticien n’a pas respecté un de ses droits de patient et manifeste un mécontentement ou une frustration, elle peut s’adresser au service de médiation de l’hôpital concerné, ou au service de médiation fédéral «Droits du patient » si le praticien exerce en dehors d’un hôpital » (article 11). DERRIÈRE CHAQUE PLAINTE, UNE HISTOIRE « Pour réaliser une médiation, il faut adopter une position ‘’méta’’, c’est-àdire parvenir à appréhender le patient (ou ses proches) dans son monde, et la perception qu’il en a. Il en est de même pour le personnel soignant. Car derrière une plainte, il y a toujours d’autres histoires », indique Caroline Doppagne. « Il est important d’en tenir compte pour comprendre les doléances, et envisager la recherche de solutions. » Elle a aussi constaté, au fil de sa pratique, une évolution des comportements… tant dans le chef des patients que de celui des soignants. « Quand je suis arrivée, les prestataires commençaient à vivre avec une loi qui leur imposait de considérer le patient comme le sujet de sa prise en charge médicale, de soins, de traitement, etc. Désormais, les patients avaient le droit de consulter leur dossier, d’en demander une copie, de refuser les soins, ou de choisir un autre médecin » : cela les rendait davantage acteurs de leurs prises en charge. Quant aux patients, de plus en plus impliqués, ils se font aussi plus précis : « Ils s’investissent davantage, me fournissent des écrits détaillés, des photos, des pièces justificatives. En revanche, ils oublient aussi, parfois, que l’article 4 de la loi parle de leur concours. Ainsi, des patients peuvent écrire pour contester leur prise en charge, les traitements, ou les suivis médicaux, alors qu’ils interrompent euxmêmes leur collaboration aux soins en ne se rendant pas aux contrôles post-opératoires, par exemple », raconte Caroline Doppagne. « Les patients peuvent aussi avoir tendance à oublier que les médecins ont une obligation de moyens, non de résultats (sauf exceptions). Il en est de même pour le service de médiation, qui mettra les moyens en place en vue de trouver une solution, restaurer la communication, en tant que tiers impartial, autonome et neutre. Par ailleurs, ce service est gratuit. En l’absence de solutions, il existe d’autres voies de recours pour le patient, comme le service juridique de sa mutuelle, par exemple ». Disponible pour tou(te)s et profondément humaine, Caroline Doppagne ira toujours au bout de ses possibilités, notamment dans les dossiers préventifs : « Il arrive que je sois contactée en amont d’une plainte, de façon préventive. A titre d’exemple, je citerai le cas des situations de fin de vie où des décisions sont à poser, dans un contexte de famille recomposée, où les uns contestent la décision des autres, et que les échanges sont tendus et délicats. Des rencontres en médiation peuvent alors être mises en place afin de rappeler la législation en ce domaine, tout autant que le bien-être du patient et la qualité des soins qui doit être au centre de la réflexion à mener. Je travaille toujours avec bienveillance, empathie et objectivité : le médiateur n’a pas de parti pris ». Comme un anthropologue, il observe ce qui se passe dans le monde de chacune des parties. Tout l’art est que chacun puisse comprendre « le monde de l’autre» en vue de trouver un terrain d’entente satisfaisant pour tou(te)s. ET SI LE PATIENT EST INCAPABLE D’EXERCER SES DROITS ? En cas d’incapacité d’un patient à faire valoir ses droits (parce qu’il est dans le coma, par exemple), son représentant légal exerce ses droits en son nom. Un parent ou un tuteur s’il est mineur, un mandataire désigné préalablement, un administrateur ou, en ordre subsidiaire, un époux cohabitant, un partenaire cohabitant, un enfant majeur, un parent…, s’il est majeur (article 14). « La loi établit le droit de chacun à disposer de son corps. Il est intéressant pour un patient en fin de vie, par exemple, de savoir que ses choix et ses décisions en matière de soins seront respectés même s’il ne peut plus les exprimer », souligne Caroline Doppagne. « Pour la famille, il peut être apaisant aussi, de connaître le point de vue du patient s’il n’est plus en mesure de l’exprimer. Sans quoi, toutes les personnes qui tiennent à lui souhaitent prendre cette décision à sa place, et pas toujours dans le même sens. De ce fait, parfois, des tensions et conflits peuvent naître de ce type de situation. » Frédérique SICCARD 3 lois qui ont changé la vie des patients Pr. Alexandre Heeren (UCL) : « L’éco-anxiété a des effets positifs mais ) Les patients peuvent aussi avoir tendance à oublier que les médecins ont une obligation de moyens, non de résultats (sauf exceptions)

11 Plus d’infos : www.soinspalliatifs.be www.admd.be SOINS PALLIATIFS | MAINTIEN D’UNE QUALITÉ DE VIE «Il arrive que certains patients refusent les soins palliatifs parce que l’euthanasie va à l’encontre de leurs convictions. Or, les soins palliatifs sont un droit à maintenir une qualité de vie, o ert à tous les patients, tandis que l’euthanasie est une possibilité qu’o re la loi à un patient de décider, sous certaines conditions, que sa vie doit s’arrêter. Ils ne sont ni contradictoires, ni forcément complémentaires », nuance d’emblée le Dr Charles-Henri Serre, Coordinateur de l’Équipe Mobile de Soins Continus et Palliatifs. LES SOINS PALLIATIFS « Les soins palliatifs sont des soins multidisciplinaires qui ont pour but d’améliorer la qualité de vie et de préserver l’autonomie des patients atteints d’une maladie incurable à un stade avancé. Ils proposent bien plus que des soins médicaux et englobent aussi le soutien psychologique, social, existentiel et spirituel, tant du patient que de ses proches », poursuit le Dr Serre. « Ils sont possibles à domicile, en maison de repos ou à l’hôpital ». « L’intention est d’adoucir les symptômes dont souffre le patient. Ce dernier est au centre de la prise en charge, qui évolue en fonction de ses besoins. On parle de fin de vie, naturellement, cependant la mise en place de soins palliatifs adaptés doit être considérée suffisamment tôt dans le décours de la maladie, afin que le patient puisse réellement voir sa qualité de vie améliorée. Il ne faut pas attendre les derniers instants pour se préoccuper du confort, du respect de ses souhaits, ou de l’accompagnement de ses proches ». « Évitons l’amalgame soins palliatifs/euthanasie » DR. CHARLES-HENRI SERRE Coordinateur de l’Équipe Mobile de Soins Continus et Palliatifs Il existe deux façons de demander l’euthanasie: soit en faisant une demande actuelle (telle que décrite ci-dessus, NDLR), soit en réalisant une déclaration anticipée EUTHANASIE : LA MORT CHOISIE L’euthanasie a concerné 2699 personnes en 2021 en Belgique. La loi de 2002 fixe les règles de dépénalisation de l’acte. Il faut être atteint d’une affection accidentelle ou d’une maladie grave et incurable. La demande doit être volontaire, réfléchie, répétée et émaner d’un patient capable de décider pour lui-même, qui endure des souffrances physiques ou psychiques insoutenables et inapaisables. L’acte est toujours pratiqué par un médecin. « Il existe deux façons de demander l’euthanasie : soit en faisant une demande actuelle (telle que décrite ci-dessus, NDLR), soit en réalisant une déclaration anticipée », résume le Dr Serre. « Cependant, cette demande anticipée ne peut s’appliquer que si le patient se trouve dans un état d’inconscience irréversible. Elle n’est donc pas applicable, par exemple, en cas de dégénérescence sénile liée à Alzheimer. Un âge avancé n’est pas non plus un critère acceptable pour recourir à l’euthanasie, de même que le fait d’être placé en maison de repos et de soins. L’euthanasie n’est pas une solution à toutes les souffrances de la vie. Ce n’est jamais un acte banal. C’est une possibilité pour chaque patient, quand aucun autre moyen ne peut le soulager. C’est la raison pour laquelle elle doit faire l’objet d’un cheminement conscient, au cours duquel le médecin accompagne son patient, pour lui permettre de mourir de façon sereine, apaisée. » Tout médecin peut refuser une demande d’euthanasie en faisant valoir sa clause de conscience, ou s’il estime que la situation du patient ne remplit pas les conditions de dépénalisation. Le patient peut solliciter un autre avis auprès d’un autre médecin de son choix auquel son dossier médical sera transmis. F.Si.

12 LE CAS DE LA MÉDIATRICE| RAPPORT ANNUEL 2021 Cette année fête les 20 ans de la loi relative aux soins palliatifs : « Le but premier des soins palliatifs est d’o rir au malade et à ses proches la meilleure qualité de vie possible et une autonomie maximale. Les soins palliatifs tendent à garantir et à optimaliser la qualité de vie pour le patient et pour sa famille, durant le temps qui lui reste à vivre ». EXTRAIT D’UNE SITUATION : Mme Doppagne, Suite à l’entretien téléphonique de ce jour, je vous envoie ce mail af in que le service de médiation des droits du patient soit au service de ma maman, Madame x, hospitalisée dans vos murs. Tout ceci, non pas pour relever de manquements, mais plutôt dans un intérêt commun et une compréhension mutuelle des points de vues car comme administrateur de la personne, je me dois de m’assurer du respect des droits de ma mère, qui se trouve pour le moment dans une situation difficile où des choix doivent ou devront peut-être être posés (…). J’aimerais aborder la notion de la « barrière de l’acharnement thérapeutique » chez une personne âgée : quelle est cette barrière ? Le patient a-t-il le droit de la choisir ? Qu’en est-il du refus anticipé ? A ce niveau, on évoque que c’est la concertation multi-disciplinaire qui prend les décisions, avec le chirurgien également, si nécessaire sans nous concerter. La déclaration « droits du patient» stipule que le malade a le droit d’avoir toutes les informations possibles lui permettant de faire des choix éclairés. J’aimerais avoir ces informations provenant du chirurgien également puisqu’un avis devrait être posé demain, et ce peut-être pour que je puisse faire un choix éclairé (…). Tout ceci, je le rappelle, uniquement pour m’assurer du respect des droits de ma mère. J’insiste donc pour être tenu au courant et qu’une médiation se tienne. En vous remerciant et espérant que ceci ne génère aucun conflit ni tension dans le service, c’est en fait de cette manière que je m’exprime le plus clairement et que je souhaite être entendu. Bien à vous. Dans ce contexte, la Médiatrice a contacté le service où Madame X est hospitalisée, ainsi que le responsable de l’Equipe Mobile en Soins Palliatifs (EMSP) de l’hôpital. Il s’agit d’une équipe médicale interdisciplinaire qui se déplace auprès des malades et des soignants dans les unités de soins. Elle n’a pas vocation à pratiquer directement d’actes de soin. Elle ne se substitue donc pas à l’équipe soignante. Son rôle consiste en l’assistance et en l’accompagnement des professionnels soignants dans la prise en charge des patients en fin de vie ou gravement malades. Cette intervention se fait à la demande des équipes soignantes. Ainsi, les EMSP n’ont pas de lits d’hospitalisation proprement dits. PRISE DE CONTACT DE LA MÉDIATRICE AVEC LE SERVICE CONCERNÉ : Professeurs, Docteurs, J’ai été contactée hier par le fils de Madame X concernant son actuelle prise en charge dans votre service. Il craint que sa maman ne puisse bénéficier du respect de ses droits de patients (qualité des soins, information, consentement et retrait, …) en raison du fait qu’elle est une « personne âgée ». Il me contacte en tant que mandataire légal afin d’être entendu et écouté, au nom de sa maman qui ne peut plus exprimer ses volontés. L’équipe mobile de soins palliatifs a également été contactée à ce propos. Pourriez-vous prendre connaissance de la situation et nous dire si une rencontre pourrait se tenir à ce sujet avec le fils de la patiente, et définir ensemble le projet thérapeutique de celle-ci ? Je me tiens également à votre disposition pour en parler ou vous rencontrer, et vous remercie pour votre collaboration dans ce dossier. Une rencontre en médiation s’est alors tenue, en présence du fils de la patiente, de sa fille et de son second époux. Un riche échange s’est tenu, mettant en avant la perception de chacun, depuis leur position dans la famille recomposée, ainsi que les liens développés au fil du temps avec la patiente. Les souhaits de fin de vie étaient divergents selon ceux-ci. Et en même temps, nous disposions d’un document légal précisant qui était à même de prendre une décision pour Madame X si elle-même ne pouvait plus en prendre. Ce temps d’échange a aussi permis à l’équipe soignante, accompagnée par le responsable de l’EMSP, d’exprimer ce qu’elle proposait en termes de soins de fin de vie, dont l’objectif est avant tout le bien-être et le confort du patient. Après cette discussion, non pas sans conséquences en terme de charge émotionnelle, nous sommes parvenus à un accord, celui de demander un second avis, de se laisser quelques jours avant de prendre une décision hâtive allant dans un sens, ou l’autre… Finalement, Madame X s’en est allée par elle-même, l’infirmière chef d’unité nous ayant informés de ceci : « Bonjour à tous. Je tenais à vous informer que Madame X s’en est allée ce matin, paisiblement. Merci pour votre soutien et votre aide ». Tout comme l’EMSP, le service de médiation est présent sur le terrain pour vous accompagner, patients, proches, équipes de soins, lorsque des difficultés se rencontrent dans le cadre de la loi relative aux droits du patient en fin de vie. Contact : mediation.hospitaliere@chuliege.be Quand le service de Médiation est appelé en fin de vie UN PATIENT CAROLINE DOPPAGNE Médiatrice

13 LE CHERCHEUR DU MOIS| FONDATION LEON FREDERICQ Sylvain Delaunay est un jeune chercheur dans le domaine de la pharmacologie. Actuellement en post-doctorat, il concentre ses recherches sur la protéine NSUN3 et son influence sur le cancer oral. Cette étude a récemment été publiée dans Nature, la prestigieuse revue scientifique. Portrait d’un chercheur et de son étude. Tout commence au Collège Saint-Hadelin à Visé où Sylvain suit ses études secondaires, en option mathématiques et sciences. Très vite, il s’intéresse particulièrement à la chimie et la biologie. ,Il réalise ensuite son parcours en science pharmaceutique à l’Université de Liège. Grâce au Professeur Hubert, Sylvain Delaunay part trois mois en stage à l’Université de Nottingham. Aspirant FNRS au laboratoire du Docteur Pierre Close, il réalise sa thèse de doctorat sur l’influence du complexe Elongator dans le cancer du sein. Après avoir reçu son doctorat, il part à l’Université de Cambridge pour des recherches post-doctorales. Suite au Brexit, il se re-localise rapidement en Allemagne. C’est donc au DKFZ à Heidelberg, centre de recherche sur le cancer, qu’il poursuit une étude sur la protéine NSUN3. TIRER AVANTAGE DE CE QUI EXISTE Sylvain Delaunay a concentré ses recherches sur la protéine NSUN3 dans le cadre du cancer oral, le cancer de la langue. L’étude prend la mitochondrie comme point de départ. En son sein, nous retrouvons la synthèse de protéines. Celles-ci sont utiles uniquement pour la production de l’ATP, l’énergie de la cellule. « Après certaines recherches, nous nous sommes rendu compte que NSUN3 était exprimé dans la mitochondrie. On s’est posé la question : que se passe-t-il si on l’enlève ? » En enlevant NSUN3, le chercheur a observé que la production de protéines dans la mitochondrie diminuait également, « réduisant ainsi sa capacité à générer de l’ATP. Étant donné que les cellules cancéreuses sont très actives et ont besoin de beaucoup d’énergie, on a spéculé que cela pouvait avoir un gros impact sur le développement du cancer. On a dès lors injecté ces cellules cancéreuses au niveau de la langue de souris. Nous nous sommes rendu compte que la tumeur se développait normalement sans NSUN3 et restait confinée dans la langue. » « Il existe une sous-population au sein des tumeurs appelées les cellules initiatrices de métastases. Elles sont capables de quitter la tumeur primaire et de disséminer des métastases dans le corps du patient. Lorsqu’on retirait la protéine NSUN3, on divisait cette sous-population par trois. De plus, les mitochondries sont d’anciennes bactéries, elles conservent certaines structures en commun. Nous avons choisi une famille d’antibiotiques qui cible la traduction dans les bactéries mais aussi la production de protéines dans la mitochondrie. » Dans les tests, huit jours après avoir injecté les cellules cancéreuses, le chercheur a commencé à traiter les souris avec ces antibiotiques. «Cela a eu le même effet qu’en agissant sur NSUN3. Ces découvertes ont des applications cliniques qui peuvent être directes car ce sont des antibiotiques qui sont déjà approuvés pour traiter des infections bactériennes et qui pourraient potentiellement être utilisés contre le cancer. » Finalement, ces recherches nouvelles profitent de matériaux existants : «Développer un nouveau médicament qui irait cibler spécifiquement NSUN3, ça nous prendrait des années. Pourquoi ne pas tirer avantage de ce qui existe déjà sur le marché et lui trouver une autre utilisation? » «L’ARTICLE DANS NATURE EST LE SOMMET DE LA MONTAGNE» Ses recherches ont pu bénéficier de différents soutiens, notamment la bourse européenne l’EMBO (Organisation Européenne de Biologie Moléculaire). «C’est assez compétitif, et ça m’a donné un gros coup de pouce. On a eu une certaine reconnaissance sur le travail qui a été fait et cela nous a conforté sur la voie à suivre. » Le Liégeois a également reçu une bourse de voyage de la part de la Fondation Léon Fredericq. «Ça a été extrêmement utile, surtout au début pour me re-localiser avec le Brexit. Comme c’est une bourse liégeoise, il y a un côté sentimental à être financé et approuvé par l’endroit d’où l’on vient. » Concernant la publication dans la revue Nature, le chercheur ne cache pas sa joie. «C’est le journal scientifique le plus prestigieux au monde. Il faut être extrêmement complet dans toute son analyse et donc cela prend du temps. » C’est aussi une reconnaissance. «J’espère que cette publication m’ouvrira des portes. En tous cas, nous avons eu une belle visibilité à l’international. » Il est important pour le chercheur de remercier les personnes qui l’ont aidé durant son parcours. «L’article dans Nature n’est que le sommet de la montagne. Il y a eu tout un processus impliquant en partie Liège et sa capacité à former et générer de la bonne recherche, que ce soit par l’Université de Liège ou le GIGA. C’est aussi grâce à eux que je suis arrivé là. » Miléna DE PAOLI Cibler la protéine NSUN3 et canaliser le cancer oral Vous souhaitez, vous aussi, soutenir la Fondation Léon Fredericq et nos jeunes chercheurs de l’Université et du CHU de Liège ? FAITES UN DON, CHAQUE AIDE EST ESSENTIELLE ! 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