Comment prendre soin de vos dents pour être en bonne santé

07 c’était l’hypophyse? E n quelques années à peine, le visage de la prise en charge du cancer a radicalement changé, porteuse de nouveaux espoirs pour des millliers de patients. Depuis 2012, l’immunothérapie sauve chaque jour davantage de vies. Il faut toutefois surveiller de près ses e ets secondaires, qui peuvent notamment perturber le système endocrinien. Un peu émue, le Dr Andrée Rorive se rappelle le parcours de ce patient sauvé in extremis par l’arrivée de l’immunothérapie il y a dix ans: «La chimiothérapie n’avait pas fonctionné. Face à un mélanome qui développait des métastases, il ne restait rien d’autre à essayer...». Puis, juste à temps, «les toutes premières immunothérapies remboursées sont arrivées en Belgique». Aujourd’hui, «son» patient est «en rémission complète, et s’étonne d’être toujours là pour en parler». L’immunothérapie a ainsi complètement révolutionné le traitement du mélanome, mais pas seulement: «On sait maintenant qu’elle est aussi une arme efficace contre le cancer du poumon, du rein, de la sphère ORL… Et on ne cesse de découvrir de nouvelles indications!», se réjouit l’oncologue. QUAND LE TRAINS’EMBALLE Notre système immunitaire contient naturellement des lymphocytes T, des «cellules tueues » essentielles à la réponse immunitaire contre les maladies. Mais « le problème du cancer est qu’il parvient à se cacher dans notre système immunitaire, et à bloquer l’action des lymphocytes T». Grosso modo, le principe de l’immunothérapie est «de contrecarrer ce blocage, pour stimuler nos lymphocytes T qui vont alors se multiplier, repérer les cellules cancéreuses, les attaquer et finalement les détruire». Pour l’oncologue, contrairement à la chimiothérapie, l’immunothérapie «fonctionne un peu comme un train: le systèmemet du temps à démarrer, mais une fois qu’il est en route, il est difficile de l’arrêter! Le problème survient lorsque ce train devient un TGV: le système immunitaire s’emballe, et peut alors provoquer des effets secondaires, c’est-à-dire des réactions auto-immunes au niveau de n’importe quel organe, y compris des glandes endocrines». Ces réactions peuvent être plus ou moins sévères, en fonction du type d’immunothérapie et du dosage, mais aussi du patient (notamment s’il souffre déjà d’une maladie auto-immune). Cela dit, «La plupart des effets secondaires sont réversibles s’ils sont pris en charge rapidement, avec des traitements symptomatiques». Le risque, si l’on attend trop, est «de devoir recourir à des corticoïdes pour freiner la réponse immunitaire, voirmême des immunosuppresseurs pour la bloquer complètement…Mais alors on bloque dumême coup la réponse immunitaire face au cancer, et on perd tout le bénéfice de l’immunothérapie!». THYROÏDITES ETHYPOPHYSITES AUTO-IMMUNES: IL FAUTRÉAGIRÀTEMPS! Les problèmes endocriniens sont les troisièmes effets secondaires les plus fréquents après les problèmes cutanés (peau rouge ou sèche, démangeaisons) et digestifs (diarrhée, colites). «L’immunothérapie provoque souvent une hyperthyroïdie passagère, suivie d’une hypothyroïdie qui peut s’éterniser dans le temps. L’hypophyse peut aussi être atteinte durablement (dans 2 à 3% des cas), se manifestant par une perte de poids brutale et une fatigue intense…». Quant à l’insuffisance surrénalienne, «cela arrive mais c’est plutôt rare», rassure l’oncologue. Au départ, les symptômes restent souvent légers (fatigue, prise ou perte de poids, constipation ou transit accéléré, palpitations…) et peuvent passer inaperçus. Cependant, une fois que notre système immunitaire est lancé, «il ne suffit pas d’arrêter les perfusions d’immunothérapie pour que ces réactions s’arrêtent!». D’où l’importance de détecter ces atteintes endocriniennes pour les traiter avant qu’elles n’évoluent et ne causent de sérieux dégâts, insiste le Dr Rorive: «on peut soigner la plupart des problèmes endocriniens par des hormones de substitution, voire des corticoïdes pour les cas plus sévères». REPÉRER LES SIGNAUX D’ALERTEAVEC L’IMMUNO’ACT On l’aura compris, les patients sous immunothérapie sont suivis de près, avec des prises de sang régulières pour surveiller l’apparition de réactions auto-immunes au niveau des glandes endocrines « ou de n’importe quel autre organe », précise le Dr Rorive. Il est toutefois aussi crucial qu’ils sachent repérer eux-mêmes les signaux d’alerte : «Certains s’inquiètent trop vite, d’autres pas assez ! ». Face à ce constat, le Service d’Oncologie médicale et le Département des Sciences de la Santé publique de l’ULiège ont conçu un outil d’éducation thérapeutique du patient sous immunothérapie, baptisé Immuno’Act©. L’idée, comme l’explique le responsable du projet Benoît Pétré, est « d’exercer le patient à réagir efficacement et rapidement face à différents symptômes qui peuvent se manifester au quotidien, et à reconnaître les situations d’urgence et les situations moins urgentes mais qui nécessitent une prise en charge ». Testé depuis janvier, l’ Immuno’Act© promet d’être bien utile aux soignants en oncologie, qui pourront désormais entraîner les patients à réagir au bon moment et de la bonne manière face aux effets secondaires qui peuvent survenir. Jen D. Immunothérapie et système endocrinien : les revers d’une révolution anticancer BENOIT PÉTRÉ Chargé de cours au Département des Sciences de la Santé publique, ULiège ANDRÉE RORIVE Oncologue au Service d’Oncologie médicale, CHU de Liège

RkJQdWJsaXNoZXIy MjkwMTYw