Comment prendre soin de vos dents pour être en bonne santé

Votre santé nous tient à cœur Le magazine de votre hôpital universitaire I Mensuel N°64 I MAI 2022 SANTÉ DENTAIRE | PRÉVENTION FAIRE DU TOURISME VERT? NOS IDÉES PRATIQUES 2 JUIN | JOURNÉE MONDIALE POUR UN TOURISME RESPONSABLE ET RESPECTUEUX PP. 8-9 ENDOCRINOLOGIE | ADÉNOMES HYPOPHYSAIRES Un mal répandu mais méconnu PP. 6-7 PP. 2-4 POLLUTION | UN GESTE À ÉVITER 500 C’est le nombre de litres d’eau qu’un mégot pollue à lui seul P. 10 DON | SOUTIEN À LA RECHERCHE Offrir son corps à la science ? L' ULiège lance un appel au don P. 12 COMMENT PRENDRE SOIN DE VOS DENTS POUR ÊTRE EN BONNE SANTÉ

02 SANTÉ DENTAIRE| PRÉVENTION En mai, fais ce qu’il te plaît, mais assure-toi quand même de te brosser correctement les dents ! Les moins assidus s’exposent aux caries, certes, mais également aux gingivites, aux parodontites, voire à la perte des dents définitives. Sans cadeau de la part de l’amie des enfants sages. Parce qu’elle a pratiquement lamême couleur que les dents, la plaque dentaire est un mal invisible. Elle s’accumule près des gencives, sur et entre les dents, et est, finalement, responsable de (presque) tous les maux : les caries d’une part, et la gingivite d’autre part. « La gingivite est toujours pathologique », insiste d’emblée le professeur Sabine Geerts. «C’est une inflammation des gencives, indolore, qui se manifeste par des saignements lorsque vous vous brossez les dents. Il n’est pas normal de trouver du sang dans le dentifrice, jamais ! » Parfois camouflée, par certains dentifrices ou par un tabagisme actif, qui aboutit à une vasoconstriction des vaisseaux, une gingivite non soignée peut se transformer en parodontite : « Les tissus qui soutiennent et retiennent les dents sont détruits par le processus inflammatoire. L’os recule au fur et à mesure que les bactéries avancent : c’est son système de défense, dans un combat perdu d’avance », résume-t-elle. PRÉVENTION ET SOINS La prévention, on s’en doute, consiste en un nettoyage régulier. «Seule une action mécanique, un brossage, peut venir à bout de ce biofilm bactérien, imperméable aux agents chimiques», poursuit le professeur Geerts. Deux brossages quotidiens, auminimum, suivis du passage d’un fil dentaire ou de brossettes, suffisent généralement à venir à bout de l’ennemi. Mais les bactéries colonisent Une histoire Éditeur responsable I Sudinfo - Pierre Leerschool Rue de Coquelet, 134 - 5000 Namur Rédaction I Jenifer Devresse, Caroline Doppagne, Vincent Liévin, Jacques Glaude, Charles Neuforge, Frédérique Siccard Coordination I Delphine Gilman, Vincent Liévin, Rosaria Crapanzano Photographies I CHU de Liège, Michel Houet Mise en page I Creative Studio Impression I Rossel Printing EDITO I La Nature attend juste qu’on la respecte Vos souvenirs de Petite souris sont peutêtre lointains, mais il fût un temps où perdre une dent était signe d’enrichissement ou de bénéfice. A mesure que l’on prend de l’âge, ce que l’on se réjouissait de perdre … devient un trésor à préserver ! Vous pensez bien vous brosser les dents? Lisez tout de même les conseils de nos experts, vous pourriez être surpris. Ce numéro plonge aussi au cœur de notre tête, plus précisément… cap sur l’hypophyse ! Cette toute petite glande a de grands e ets, notamment sur nos fonctions vitales. Lorsqu’un adénome vient s’y loger, c’est toute unemachinerie qui s’enclenche, avec de réels e ets sur la vie quotidienne. Cette vie justement... aspire à quelques jours de repos bien mérités. Alors que les grandes vacances (quoique légèrement adaptées) se profilent tout doucement, nous faisons le point sur l’écotourisme. Plonger au cœur des espaces verts tout proches pour s’y ressourcer, partir à la découverte de grandes étendues ou s’immerger dans un endroit encore inconnu, cela ne doit pas nous faire oublier que la Nature se respecte; avec quelques conseils, nous pouvons tenter d’avoir le moins d’impact négatif sur elle. Cette Nature n’aime pas certains de nos comportements comme celui de jeter des mégots de cigarettes n’importe où. Saviez-vous qu’ils représentent à eux seuls 40% des déchets qui se retrouvent en Méditerranée? Plus proche de nous, chaque jour plus d’une centaine de mégots se retrouvent à joncher le sol de l’esplanade du Sart Tilman. Cette année, le CHU de Liège consacre sa campagne tabac à l’impact environnemental du tabagisme. En tant qu’hôpital, nous mettons tout en œuvre pour prévenir et sensibiliser aux risques du tabagisme, nos tabacologues sont à disposition de celles et ceux qui souhaitent arrêter de fumer, nos soignants prennent en charge les patients sou rant d’a ections liées au tabac. Si le souhait de continuer à fumer persiste… alors tentons aumoins de limiter, là aussi, notre impact. Excellente lecture, LA RÉDACTION LE MOT [WALLON ] Enfin, celles et ceux qui aiment cette rubrique peuvent être rassurés : le mot wallon revient dès le numéro prochain ! SABINE GEERTS Pr au département des sciences dentaires, CHU de Liège, ULiège La gingivite est toujours pathologique.

03 aussi l’intérieur des joues et des lèvres, et le dessus de la langue : brosser cette dernière s’avère donc utile. «Parmi ces germes et bactéries, on en trouve de particulièrement virulents, capables d’influencer l’apparition d’une pathologie systémique (infarctus et ruptures d’anévrisme de l’aorte). Lorsque vous souffrez d’une parodontite, chaque fois que vous mastiquez ou que vous déglutissez, vous envoyez des bactéries dans le sang : on établit aujourd’hui des associations franches entre la santé des dents et l’état général d’un patient (lire aussi ci-contre) », indique encore Sabine Geerts. Ici comme souvent, mieux vaut donc prévenir… BROSSE MANUELLE OU BROSSE ÉLECTRIQUE ? Puisque rien ne vaut un bon brossage, quelle brosse faut-il adopter pour un résultat optimal ? «On ne peut pas affirmer que tel modèle est meilleur que tel autre : un brossage manuel est plus compliqué à mettre en œuvre, parce qu’il suppose d’apprendre une technique. La brosse électrique est plus confortable, plus simple aussi quand on manque de mobilité, notamment. » FIL DENTAIRE OU BROSSETTE ? «Comme la brosse à dents manuelle, le fil dentaire suppose un apprentissage : on ne l’utilise pas n’importe comment, sous peine de blesser la gencive. La brossette est plus facile à manier : il en existe de différentes tailles, pour se glisser entre toutes les dents. Dans les deux cas, voilà un geste, complémentaire au brossage, absolument nécessaire : la plaque se glisse aussi entre les dents, et s’avère plus difficile à déloger. » ET LE DENTIFRICE ? « Saviez-vous que le f luor peut être toxique pour les dents et les os, voire léthal, s’il est absorbé à trop forte dose ? On parle ici de l’ingestion d’un tube de dentifrice pour adulte par un enfant de 2 ans, par exemple », remarque Sabine Geerts. « Voilà pourquoi les quantités de f luor présentes dans le dentifrice sont fonction de l’âge des usagers. » Quant à la prise orale de f luor, Sabine Geerts n’en voit pas l’intérêt : « C’est le f luor topique « par contact », qui augmente la résistance de l’émail externe et interne de la dent, pas le f luor systémique. » EN RÉSUMÉ La santé des dents passe par deux brossages de 2 à 3 minutes par jour (qui suffisent à éliminer 80% de la plaque dentaire), suivis du passage du fil dentaire ou d’une brossette. Une visite annuelle chez le dentiste, voire 2 à 3 visites selon la santé des dents, et le tour est joué ! FRÉDÉRIQUE SICCARD de dents, de gencives, de proverbe et de petite souris La brossette est plus facile à manier : il en existe de di érentes tailles, pour se glisser entre toutes les dents.

Pour obtenir son doctorat, Sabine Geerts a établi le lien entre parodontite et infarctus dumyocarde. Passage en revue d’autres associations infectieuses improbables : DENTS ET MAL DE DOS À l’origine de certaines dorsalgies ou cervicalgies, on retrouve parfois une malocclusion dentaire : un mauvais positionnement entre les dents du haut et du bas. Un déséquilibre qui pourrait générer des tensions dans toute la chaîne musculaire du dos. De même n’est-il pas rare, à la fin d’un traitement orthodontique, que le spécialiste conseille une visite chez l’ostéopathe : en modifiant la mâchoire ou la position des dents, on joue parfois sur l’équilibre du reste du corps. PARODONTITE ET DIABÈTE La relation entre le diabète et les maladies parodontales est établie : l’hyperglycémie favorise la multiplication des bactéries buccales et de molécules modifiant la réponse inflammatoire. Elle affaiblit également les cellules de défense de l’organisme. À l’inverse, il est plus difficile d’équilibrer un diabète en cas de parodontite : cette dernière, en générant des molécules inflammatoires, peut augmenter la résistance à l’insuline. UN ENFANT, UNE DENT ? Absolument pas ! S’il est vrai qu’on établit une relation entre l’état gravidique et les problèmes gingivaux, une bonne hygiène dentaire suffit généralement à en venir à bout ! FRÉDÉRIQUE SICCARD Il était une fois une Petite Souris… Dans l’univers peuplé d’êtres imaginaires et magiques des enfants, la Petite Souris a une place de choix. Née au 18e siècle, de l’imagination de la baronne d’Aulnoy (La Bonne Petite Souris – une histoire de fée qui se transforme en souris pour aider une reine à vaincre un méchant roi, en se cachant sous l’oreiller de ce dernier et en faisant tomber toutes ses dents), la Petite Souris a pour habitude d’emporter les dents de lait cachées sous l’oreiller et de les remplacer par une pièce, ou un petit cadeau. Secondée par la Fée des dents dans les pays anglo-saxons, la Petite Souris a cependant fort à faire de par le monde. Ainsi, aux Philippines, quand un enfant perd une dent, il la jette au-dessus du toit de la maison : la souris, qui ne doit plus se soucier de zigzaguer dans une chambre mal rangée, devra lui en offrir une autre, aussi solide et blanche que ses propres dents. Associée à un rite initiatique, qui symbolise la sortie de la petite enfance, le Petite Souris joue également un rôle important en termes d’hygiène bucco-dentaire : pour lui plaire, les dents de lait doivent être belles et bien soignées. Brossez, moussaillon ! FRÉDÉRIQUE SICCARD Et si tout venait des dents ? 04 la Petite Souris a pour habitude d’emporter les dents de lait cachées sous l’oreiller et de les remplacer par une pièce, ou un petit cadeau. SANTÉ DENTAIRE| PRÉVENTION

05 LE CAS DE LA MÉDIATRICE| CAS CONCRETS E-MAIL DE LA DÉFENSE DES MEMBRES D’UN PATIENT AU SERVICE DE MÉDIATION HOSPITALIÈRE : Bonjour Madame Doppagne, Nous sommes mandatés par Monsieur X au sujet de la plainte qui suit. Notre assuré est mécontent des soins dentaires prestés par Madame Z, étudiante en dernière année en Dentisterie. Monsieur X nous informe, entre autre, que Madame Z lui aurait cassé une dent. Les soins ont été douloureux et ont causé des blessures importantes. La souffrance n’a pas été soulagée. D’autre part, à aucun moment, notre affilié n’a reçu les informations préalables quant au coût financier des diverses interventions, et notamment la délivrance d’une gouttière d’un montant de 250 euros. Comme vous le savez , la loi du 22/08/2002 relative aux droits du patient stipule bien que celui-ci a le droit à un service de qualité, de bénéficier de la part du prestataire qui le soigne, des meilleurs soins possibles en fonction de la connaissance et de la technologie disponible. Le patient doit également être tenu informé du prestataire, préalablement aux soins, et de façon claire et appropriée, des répercussions financières des soins réalisés (article 8). Pourriez-vous examiner cette plainte et envisager une solution amiable ? RÉPONSE DU CHEF DE SERVICE : Madame la Médiatrice, Je propose de voir la patiente en médiation afin de tenter d’avoir le maximum d’informations sur ce litige. Ce que je peux déjà mentionner avec certitude c’est que, contrairement à ce qui est relaté dans le courrier de la mutuelle, la patiente à bien été informée du montant de 250€ qui lui a été facturé puisqu’elle a apposé sa signature sur un devis daté du XXX (copie en annexe). Ce dossier fut très intéressant à bien des égards. En effet, à la fois il met en avant ce qui relève de la qualité des soins (article 5), de l’information relative aux frais en lien avec une prise en charge dentaire, ainsi que la gestion et l’écoute de la douleur du patient (article 11bis). Il permet aussi d’aborder le fait que les dossiers qui concernent les dentistes/médecins en formation sont traités avec les superviseurs ou le Chefs de services. En effet, en droit civil belge, la responsabilité (extracontractuelle) du fait d’autrui trouve sa consécration principalement dans l’article 1384 du Code civil dont l’alinéa 1 énonce : « On est responsable, non seulement des dommages que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre » . Dans le cas présent, une rencontre en médiation s’est tenue avec le patient et le Chef du service, qui avait préalablement interrogé le prestataire de soins concernée. Le Département de Dentisterie est particulièrement attentif à ce que des devis soient correctement complétés avant les traitements dentaires. Afin que les étudiants soient avisés des procédures en la matière, mais aussi aux droits et devoirs du patient, la Médiatrice a été leur donner en mars dernier des séances d’information. Il est en outre aussi utile de sensibiliser les patients au fait qu’ils peuvent demander des informations claires et précises sur les répercussions financières, directement au soignant ainsi qu’à leur mutuelle, afin que leur consentement soit parfaitement éclairé. Lorsqu’un devis est réalisé, il est scanné et ajouté au Dossier Médical (Dentaire) du patient. Cela est bien utile en cas de contestation. En effet, il n’est pas rare de constater qu’un patient a « oublié » que cela avait été effectué en bonne et due forme, et/ ou ne dispose plus de la copie qui lui a été remise. A l’issue de la rencontre entre les parties, des explications sur la prise en charge ont été données et un examen minutieux des factures contestées a été réalisé. Le Chef du service a entendu les douleurs du patient et un échange a pu se tenir afin d’apaiser la situation. Contact : mediation.hospitaliere@chuliege.be UN PATIENT CAROLINE DOPPAGNE Médiatrice Les répercussions financières en Dentisterie

06 «Adénome hypophysaire» : sous ce nombarbare et inquiétant se cache un mal en réalité assez répandu, et généralement bénin. Bénin, mais parfois très embêtant ! La bonne nouvelle, c’est qu’il se soigne la plupart du temps très bien. Éclairage du Pr. Albert Beckers, l’un des plus grands spécialistes de l’hypophyse. Quelle étrange pathologie, qui peut aussi bien passer inaperçue qu’entraîner des symptômes spectaculaires, comme le gigantisme : « Les plus grands géants du monde sont engendrés par un adénome hypophysaire ! », assure le Pr. Beckers. Pour l’ancien chef du Service d’Endocrinologie du CHU de Liège, s’il s’agit bien d’une forme de tumeur, que l’on se rassure de suite : « il n’engendre pas de cancer dans l’immense majorité des cas. Un cancer de l’hypophyse, c’est tout sauf fréquent ! ». Il y a encore quelques années d’ici, on considérait l’adénome hypophysaire comme une pathologie rare. Mais grâce au chercheur liégeois, on sait aujourd’hui qu’il touche (tout de même !) une personne sur mille, et cela a été confirmé ensuite dans diverses régions du monde. D’origine génétique (mais rarement familiale), l’adénome évolue souvent lentement et sera parfois découvert par hasard, lors d’une IRM effectuée pour une autre raison. Quant aux symptômes qu’il provoque, tout dépend de l’endroit où il va se loger dans l’hypophyse et du volume qu’il prend… La tumeur peut comprimer les nerfs optiques et entraîner des problèmes visuels. Elle peut aussi induire une insuffisance de production d’une ou de plusieurs hormones, ou au contraire une hypersécrétion : «Un adénome peut se former directement sur les cellules spécialisées chargées de la sécrétion de telle ou telle hormone, qui n’obéissent alors plus aux régulations du cerveau et se mettent à produire cette hormone en excès ». Elle peut encore produire tout cela à la fois ! LA PROLACTINE, CIBLE PRÉFÉRÉE DE L’ADÉNOME Les plus fréquents sont les adénomes dits « à prolactine », cette hormone qui dirige notamment l’allaitement. Chez les femmes, même lorsque la tumeur est toute petite, elle peut engendrer une production excessive de prolactine qui se manifeste par « du lait dans les seins (galactorrhée), des règles perturbées ou absentes (aménorrhée), une baisse de libido et de l’infertilité ». Du côté des hommes, cela se traduit plutôt par « de l’impuissance, mais également une perte de libido et de l’infertilité… ». Moins courant, mais un peu plus sérieux, l’adénome peut se former sur les cellules qui sécrètent l’hormone de croissance. « Un enfant touché deviendra un géant » ; par contre si la tumeur se déclare à l’âge adulte, lorsque la croissance est achevée, « elle peut entraîner l’acromégalie : on voit se développer de gros pieds, de grosses mains, une grosse langue, la peau épaisse... On peut aussi souffrir d’apnée du sommeil, de prise de poids, de diabète et d’hypertension », précise le spécialiste. Plus rarement encore, un adénome peut affecter l’hormone qui dirige les glandes surrénales et stimule la production de cortisol : « C’est ce qu’on appelle la maladie de Cushing, caractérisée par de l’obésité, du diabète, de l’hypertension, de l’ostéoporose, des vergetures, des ulcères, la peau fragilisée…». Dr Antoine-Moussiaux, « car ce n’est pas seulement une question quantitative, mais aussi qualitative », en fonction des variétés de végétaux, des espèces animales qu’elles abritent et de leur équilibre, mais aussi des spécificités naturelles, culturelles et socio-économiques de chaque zone. « Les liens entre nature et santé sont extrêmement complexes, et loin d’être complètement élucidés ». D’autant que la nature en ville peut aussi comporter quelques risques « comme l’augmentation des allergies liées au pollen ou de certaines maladies infectieuses transmises par les animaux (moustiques, tiques, renards…), telles que la maladie de Lyme par exemple ». Le verdissement urbain doit donc être pensé « de façon à promouvoir les interactions bénéfiques entre la nature et la santé humaine tout en atténuant les interactions néfastes », estime le Conseil Supérieur de la Santé dans son avis de novembre dernier. Ce rapport d’une cinquantaine de pages formule une série de recommandations pratiques et dresse l’état des connaissances scientifiques belges et internationales sur le sujet. DES TRAITEMENTS LONGS, MAIS EFFICACES ! Le diagnostic est assez simple à poser : « Pour un médecin aguerri, la plupart des adénomes hypophysaires se repèrent par une simple observation du patient ou à l’interrogatoire ». L’endocrinologue confirmera ensuite ses soupçons à l’aide d’une prise de sang pour mesurer les concentrations hormonales, puis réalisera une IRM pour évaluer la taille de la tumeur. «Car même si un adénome est bénin, il peut parfois devenir agressif, grossir jusqu’à comprimer les structures nerveuses adjacentes et provoquer d’autres symptômes, comme une perte de champ visuel ou la paralysie d’un œil, de la fatigue, des maux de tête…». Heureusement, ils se soignent dans la plupart des cas facilement avec des médicaments « à long terme mais bien tolérés, qui agissent à la fois sur la sécrétion d’hormones et sur le volume de la tumeur ». Plus rarement, lorsque l’adénome est particulièrement agressif ou qu’il dérègle l’hormone de croissance ou la glande surrénale, « on peut avoir recours à la chirurgie, voire à la radiothérapie ». Mais attention à bien choisir son chirurgien : « Opérer un adénome est un acte délicat, qui réclame une solide expérience ! » Jen D. Du lait dans les seins ? Des problèmes d’infertilité ou d’impuissance ? Et si la responsable, Souvent petits de quelques millimètres, les adénomes peuvent parfois grossir jusqu’à 6 ou 7 centimètres ! ENDOCRINOLOGIE| ADÉNOMES HYPOPHYSAIRES UNEGLANDEDE LATAILLE D’UNE NOISETTE, MAIS ESSENTIELLE À LA VIE L’hypophyse, c’est une glande d’un demi centimètre cube environ, logée au centre de la tête, juste au-dessous du cerveau. Elle secrète plein d’hormones indispensables à une série de fonctions vitales, le tout sous la direction de l’hypothalamus, une zone du cerveau qui se charge de réguler la production de ces hormones. Les hormones de l’hypophyse dirigent la thyroïde et les glandes surrénales (cortisol), mais aussi la croissance, la lactation (prolactine), la reproduction via les testicules et les ovaires (gonadotropines), la naissance (ocytocine) et même la rétention de l’eau dans l’organisme, sans laquelle on devrait boire 10 litres d’eau par jour. ALBERT BECKERS Pr d’Endocrinologie clinique, grand spécialiste de l’hypophyse, CHU de Liège, ULiège

07 c’était l’hypophyse? E n quelques années à peine, le visage de la prise en charge du cancer a radicalement changé, porteuse de nouveaux espoirs pour des millliers de patients. Depuis 2012, l’immunothérapie sauve chaque jour davantage de vies. Il faut toutefois surveiller de près ses e ets secondaires, qui peuvent notamment perturber le système endocrinien. Un peu émue, le Dr Andrée Rorive se rappelle le parcours de ce patient sauvé in extremis par l’arrivée de l’immunothérapie il y a dix ans: «La chimiothérapie n’avait pas fonctionné. Face à un mélanome qui développait des métastases, il ne restait rien d’autre à essayer...». Puis, juste à temps, «les toutes premières immunothérapies remboursées sont arrivées en Belgique». Aujourd’hui, «son» patient est «en rémission complète, et s’étonne d’être toujours là pour en parler». L’immunothérapie a ainsi complètement révolutionné le traitement du mélanome, mais pas seulement: «On sait maintenant qu’elle est aussi une arme efficace contre le cancer du poumon, du rein, de la sphère ORL… Et on ne cesse de découvrir de nouvelles indications!», se réjouit l’oncologue. QUAND LE TRAINS’EMBALLE Notre système immunitaire contient naturellement des lymphocytes T, des «cellules tueues » essentielles à la réponse immunitaire contre les maladies. Mais « le problème du cancer est qu’il parvient à se cacher dans notre système immunitaire, et à bloquer l’action des lymphocytes T». Grosso modo, le principe de l’immunothérapie est «de contrecarrer ce blocage, pour stimuler nos lymphocytes T qui vont alors se multiplier, repérer les cellules cancéreuses, les attaquer et finalement les détruire». Pour l’oncologue, contrairement à la chimiothérapie, l’immunothérapie «fonctionne un peu comme un train: le systèmemet du temps à démarrer, mais une fois qu’il est en route, il est difficile de l’arrêter! Le problème survient lorsque ce train devient un TGV: le système immunitaire s’emballe, et peut alors provoquer des effets secondaires, c’est-à-dire des réactions auto-immunes au niveau de n’importe quel organe, y compris des glandes endocrines». Ces réactions peuvent être plus ou moins sévères, en fonction du type d’immunothérapie et du dosage, mais aussi du patient (notamment s’il souffre déjà d’une maladie auto-immune). Cela dit, «La plupart des effets secondaires sont réversibles s’ils sont pris en charge rapidement, avec des traitements symptomatiques». Le risque, si l’on attend trop, est «de devoir recourir à des corticoïdes pour freiner la réponse immunitaire, voirmême des immunosuppresseurs pour la bloquer complètement…Mais alors on bloque dumême coup la réponse immunitaire face au cancer, et on perd tout le bénéfice de l’immunothérapie!». THYROÏDITES ETHYPOPHYSITES AUTO-IMMUNES: IL FAUTRÉAGIRÀTEMPS! Les problèmes endocriniens sont les troisièmes effets secondaires les plus fréquents après les problèmes cutanés (peau rouge ou sèche, démangeaisons) et digestifs (diarrhée, colites). «L’immunothérapie provoque souvent une hyperthyroïdie passagère, suivie d’une hypothyroïdie qui peut s’éterniser dans le temps. L’hypophyse peut aussi être atteinte durablement (dans 2 à 3% des cas), se manifestant par une perte de poids brutale et une fatigue intense…». Quant à l’insuffisance surrénalienne, «cela arrive mais c’est plutôt rare», rassure l’oncologue. Au départ, les symptômes restent souvent légers (fatigue, prise ou perte de poids, constipation ou transit accéléré, palpitations…) et peuvent passer inaperçus. Cependant, une fois que notre système immunitaire est lancé, «il ne suffit pas d’arrêter les perfusions d’immunothérapie pour que ces réactions s’arrêtent!». D’où l’importance de détecter ces atteintes endocriniennes pour les traiter avant qu’elles n’évoluent et ne causent de sérieux dégâts, insiste le Dr Rorive: «on peut soigner la plupart des problèmes endocriniens par des hormones de substitution, voire des corticoïdes pour les cas plus sévères». REPÉRER LES SIGNAUX D’ALERTEAVEC L’IMMUNO’ACT On l’aura compris, les patients sous immunothérapie sont suivis de près, avec des prises de sang régulières pour surveiller l’apparition de réactions auto-immunes au niveau des glandes endocrines « ou de n’importe quel autre organe », précise le Dr Rorive. Il est toutefois aussi crucial qu’ils sachent repérer eux-mêmes les signaux d’alerte : «Certains s’inquiètent trop vite, d’autres pas assez ! ». Face à ce constat, le Service d’Oncologie médicale et le Département des Sciences de la Santé publique de l’ULiège ont conçu un outil d’éducation thérapeutique du patient sous immunothérapie, baptisé Immuno’Act©. L’idée, comme l’explique le responsable du projet Benoît Pétré, est « d’exercer le patient à réagir efficacement et rapidement face à différents symptômes qui peuvent se manifester au quotidien, et à reconnaître les situations d’urgence et les situations moins urgentes mais qui nécessitent une prise en charge ». Testé depuis janvier, l’ Immuno’Act© promet d’être bien utile aux soignants en oncologie, qui pourront désormais entraîner les patients à réagir au bon moment et de la bonne manière face aux effets secondaires qui peuvent survenir. Jen D. Immunothérapie et système endocrinien : les revers d’une révolution anticancer BENOIT PÉTRÉ Chargé de cours au Département des Sciences de la Santé publique, ULiège ANDRÉE RORIVE Oncologue au Service d’Oncologie médicale, CHU de Liège

08 Ces dernières années, l’écologie et le changement climatique sont devenus des problématiques importantes. Mais dans un monde où l’envie et les possibilités de voyager sont multiples, comment se comporter comme un touriste plus responsable et respectueux de son environnement ? Entretien avec Serge Schmitz, professeur de géographie rurale à l’Université de Liège.. Écotourisme, tourisme durable, tourisme respectueux et responsable, … Autant de termes aux différences subtiles mais avec une notion commune : le respect de l’environnement. « L’écotourisme, c’est une notion assez spécifique, explique Serge Schmitz, professeur de géographie rurale à l’Université de Liège et directeur du laboratoire pour l’analyse des lieux, des paysages et des campagnes européennes (LAPLEC). C’est un tourisme qui se base et qui a comme objet la visite d’un lieu naturel, des éco-systèmes terrestres ou marins. L’idée est donc de voyager pour découvrir ces éléments naturels. » C’est une première notion. «Maintenant, un éco-touriste, généralement, est responsable. C’est-à-dire que les personnes qui visitent ces sites essayent de ne pas les altérer. » En parallèle à l’écotourisme, s’ajoute la notion du tourisme durable « qui laisse le moins de traces possibles au niveau de ses pratiques. Il y a plutôt un apport positif au niveau de l’environnement, des aspects sociaux (notamment auprès des populations locales) et des retombées économiques. » On concilie donc les trois piliers du développement durable qui sont appliqués au tourisme. « Cependant, le tourisme altère de toute façon l’environnement, il faut donc trouver des solutions pour compenser. Le tourisme responsable est plus une évolution de ce tourisme durable. On se rend compte comme voyageurs, nous avons un impact sur les régions visitées. On essaye de le limiter, voire même de contribuer au développement durable de la région. Au final, on peut inscrire ces différentes notions dans les nouvelles pratiques qui s’opposeraient à celles du traditionnel tourisme de masse. » UN JUSTE PARTAGE Pour changer de paradigme et les mentalités, Serge Schmitz parle d’une autre façon de voyager. Le vivant, au coeur des priorités, est un incontournable pour voyager mieux, plus responsable, plus respectueux. « L’impact du voyageur est énorme et peut être fortement positif pour la communauté visitée, à condition qu’il y ait un juste partage. C’est rarement le cas, surtout quand nous parlons de tourisme à l’étranger. La plus grosse part des bénéfices est prise par les tour opérateurs. Une petite partie seulement retourne aux communautés locales qui sont visitées. » « Il peut y avoir des retombées économiques en matière d’emploi par exemple. Il ne faut cependant pas qu’elles viennent concurrencer les activités traditionnelles. Si, par exemple, tout le monde se détourne de l’agriculture pour travailler dans le tourisme, cela peut avoir des retombées très négatives sur la communauté locale. » Forte dépendance aux importations pour se nourrir, modification irréversible des paysages et donc des écosystèmes (si la population se détourne de la pêche ou l’agriculture),… les conséquences négatives peuvent être multiples. La question se pose alors : comment, comme voyageur, pouvons-nous avoir un impact positif pour la région visitée ? « Si le touriste se déplace pour découvrir des éco-systèmes exceptionnels, comme au Kenya, au Costa Rica ou à Madagascar, on peut lui faire payer un droit de visite. L’idée est de réutiliser les bénéfices pour entretenir ces éco-systèmes ou soutenir la population locale et éviter notamment le braconnage. » Le géographe poursuit. « Les bénéfices S’inscrire dans un tourisme plus respectueux de son environnement 2 JUIN | JOURNÉE MONDIALE POUR UN TOURISME RESPONSABLE ET RESPECTUEUX SERGE SCHMITZ Pr de géographie rurale, ULiège Le tourisme altère de toute façon l’environnement, il faut donc trouver des solutions pour compenser. L’idée, c’est d’aller à la rencontre du territoire qu’on visite et d’essayer d’avoir l’impact le moins négatif possible. Vue du Kilimanja

09 peuvent aussi être ré-investis pour favoriser le développement et la culture de la population locale. » Plusieurs pistes sont envisagées pour avoir un impact plus positif lors de voyages : privilégier les transports en commun et les modes doux, les artisans et magasins locaux, les pensions locales ou les logements mis à la location par l’habitant. « L’idée, c’est d’aller à la rencontre du territoire qu’on visite et d’essayer d’avoir l’impact le moins négatif possible. » Plus que des actions, c’est également une attitude particulière. « C’est aussi le fait de rentrer en symbiose. En arrivant comme touriste, je dois être très humble par rapport à la destination, à la population et à l’environnement que je vais rencontrer. Nous sommes là pour apprendre, et certainement que les autres apprendront aussi un peu de nous. C’est une question d’échange. » REPENSER SA MANIÈRE DE VOYAGER La façon de prévoir ses voyages est également une question centrale. «Ne faudrait-il pas envisager un tourisme plus lent (notamment dans le déplacement). Même si quelques fois, nous commençons nos voyages en avion. » C’est le mouvement du «slow tourism». «Une fois sur place, au lieu de faire un voyage de deux jours, nous pouvons privilégier un temps relativement long pour prendre le temps de découvrir le pays, la région, de discuter avec les gens mais aussi de se retrouver et de se ressourcer. Cela peut être une voie assez intéressante en termes de tourisme durable. » Prendre conscience de notre escapade à venir, prendre le temps de s’y préparer et de s’en imprégner, c’est aussi une façon de bouger de manière plus consciente. «Préparer son voyage, c’est déjà voyager. » En opposition au tourisme de masse qui enchaîne les périples sans en conscientiser les souvenirs et bénéfices, le tourisme lent vient bousculer certaines conceptions et habitudes. «C’est intéressant de partir et de voir ce qu’il se passe sur d’autres continents, même s’il faut être conscient de l’impact sur le climat et sur l’environnement. Il faudrait presque voir le voyage comme un investissement et se dire qu’on ne le fait pas chaque année, qu’on reste suffisamment longtemps pour justifier le trajet effectué. C’est une façon de capitaliser ce que nous y avons vécu, ce que nous avons appris. » Une autre option du tourisme durable, c’est le tourisme de proximité. «On se rend compte que, souvent, nous allons chercher loin ce que nous pouvons aussi trouver à proximité. C’est ce que beaucoup de voyageurs, mêmes wallons, ont remarqué ces dernières années avec le Covid. Nous pouvons avoir de beaux paysages et pratiquer toute une série de sports. » La Wallonie regorge en effet de paysages et d’éco-systèmes à découvrir. « Il y a une douzaine de parcs naturels, des massifs forestiers avec un accueil prévu pour le public, un géopark Unesco, … Il y a beaucoup de choses à visiter. » Partir à l’étranger offre une magnifique opportunité pour sa construction personnelle et pour développer de ses propres apprentissages. L’objectif n’est donc pas de refouler toute envie d’évasionmais bien de repenser samanière de le faire. «À rester toujours dans sa ville et sa commune, on ne se rend pas compte de ce qu’il se passe (que ce soit positif ou négatif) en Europe ou à travers le monde. Voyager contient un aspect éducatif important. Il faut cependant être prêt à apprendre de la découverte d’un autre pays que le sien et avec les personnes que l’on peut rencontrer. Au fil du temps, l’idée de co-existence entre le tourisme et l’environnement de manière globale a fait son chemin et aujourd’hui on parle de plus en plus de symbiose. » Milena De Paoli Souvent, nous allons chercher loin ce que nous pouvons aussi trouver à proximité Une fois sur place, au lieu de faire un voyage de deux jours, nous pouvons privilégier un temps relativement long pour prendre le temps de découvrir le pays, ... ro depuis le Parc Nationnal Amboseli au Kenya.

Particulièrement polluants, les mégots sont classés parmi les plus dangereux ennemis de l’environnement. Sensibiliser le public fumeur est un problème majeur. Le CHU organise une distribution de cendriers portatifs le 31 mai. La salle de réunion est plongée dans l’obscurité. Tous les participants ont le regard tourné vers l’écran. Les diapositives défilent. Photo d’un canard. Les apprentis non-fumeurs en chœur : «Bien ! ». Photo d’une plage. Tous ensemble: «Bien! ». Photos de mégots de cigarettes. Stop! Parce que sur ce coup-là, le «Pas bien ! » des Inconnus et de leurs comparses dans le film «Le pari» est largement insuffisant. Les mégots, pour l’environnement, c’est «Pas bienmais alors vraiment pas bien du tout». Démonstration. PARTI EN FUMÉE Entre le tabac et la planète, c’est la guerre. Dès le moment où on commence à le cultiver massivement. Selon une étude publiée par l’Imperial College de Londres, pour faire pousser une tonne de tabac, une surface de 1300mètres carrés est nécessaire. Avec une surface identique, on récolte 6 tonnes de tomates. Ajoutons à cela que les produits chimiques utilisés (fertilisants et pesticides) pour la culture intensive du tabac polluent le sol. Il faut donc continuellement défricher pour faire pousser la production sur des terres saines. Pour cette raison, mais aussi pour faire sécher le tabac, on coupe du bois à tour de bras: 200 000 hectares de forêts (30 fois la superficie de la ville de Liège) disparaissent chaque année. Pas bien! GROS CONSOMMATEUR D’EAU Ce n’est pas tout. L’eau prend aussi un sacré coup dans l’histoire. 670mètres cubes d’eau sont nécessaires pour une tonne de tabac : Entre 5 et huit fois plus que pour les pommes de terres. Selon la plateforme francophone d’information et de décryptage de l’industrie du tabac « Génération sans tabac», derrière chaque cigarette se cachent 3,7 litres d’eau, 3,5 grammes de pétrole et une empreinte carbone équivalente à une émission de 14g de CO2 dans l’atmosphère. Une reconversion des champs de tabac en agriculture nourricière de ces espaces pourrait nourrir entre 10 et 20 millions de personnes dans le monde. ECRAN DE FUMÉE Le tabac est cultivé, les cigarettes sont fabriquées. Elles vont maintenant être fumées. Là non plus, l’environnement n’est pas à la fête. Le portail québécois de la lutte au tabagisme et au vapotage «Québec sans tabac» a fait les comptes. Accrochez-vous. Trois cigarettes brûlées une à une durant 30minutes polluent 10 fois plus qu’unmoteur de voiture moderne diesel qui fonctionne au ralenti. Une autre information qui décoiffe ? Pour libérer une pièce de toute trace de fumée et de ses composants toxiques, il faudrait un courant d’air de la force d’un ouragan! Quant à la fumée qui se dégage d’un produit du tabac, la respirer vous expose 57 fois plus à développer un cancer que l’exposition à tous les polluants contenus dans l’atmosphère. Quand on disait «Pas bien»... MÉGOTS À GOGO Le bouquet final : la cigarette est fumée, reste lemégot. Que contient-il? Une grande quantité de produits toxiques. En plus de la composition du filtre (des fibres d’acétate de cellulose (un plastique) traitées avec du dioxyde de titane (toxique)), «megot.com» site en vrac : la nicotine, des traces de pesticides, des phénols, de l’ammoniaque, du cadmium, de l’arsenic et d’autres métaux lourds, tels le mercure ou le plomb. Que devient-il ? C’est là que ça se corse. Chaque année, 4,5milliards demégots de cigarettes atterrissent en dehors des cendriers. Ils représentent de 30 à 40% de l’ensemble des déchets récoltés à l’occasion des grandes campagnes internationales annuelles des nettoyages des campagnes, des villes et des plages. Un mégot dans le caniveau? C’est 500 litres d’eau pollués. Il faudra 12 ans à la nature pour le digérer. Entretemps, 54 milliards d’autres mégots se seront retrouvés dans la nature, les mers, les océans. Les substances chimiques et nocives qu’ils contiennent auront contaminés l’environnement. En 2018, une étude publiée par la chaîne de télévision américaine NBC classait le filtre de cigarette comme le premier agent polluant des océans, avant même les pailles et les sacs en plastique. Loin d’améliorer la situation, la cigarette électronique la rendrait plus préoccupante encore. Les solutions de recyclage pour les batteries et les plastiques qui les composent sont peu connues du grand public. Résultat : la pollution engendrée serait plus importante encore que celle des mégots. Pas bien! Pas bien du tout ! Charles Neuforge Les mégots de cigarettes écrasent la planète Une étude publiée par la chaîne de télévision américaine NBC classait le filtre de cigarette comme le premier agent polluant des océans. JOURNÉE SANS TABAC Le 31 mai, date de la journée mondiale sans tabac, Fabienne Princen et ses collègues distribueront des petits cendriers de poche ainsi que des flyers de sensibilisation dans le hall d’entrée du CHU. Elles répondront également aux questions qui leur seront posées au sujet du tabac. Fabienne Princen est infirmière. Elle a suivi une formation d’un an au FARES (Fonds des Affections Respiratoires asbl) pour devenir tabacologue. Elle travaille dans le service de radiothérapie du CHU et aide les patients dans leurs démarches pour arrêter de fumer. FABIENNE PRINCEN Tabacologue 10 POLLUTION| UN GESTE À ÉVITER

11 Le professeur Didier Cataldo ne fait pas que s’intéresser à l’influence de l’environnement sur les maladies pulmonaires. Comment marier clinique, enseignement et recherche ? Rencontre avec un hybride de la médecine. Quels sont les effets de l’environnement sur le développement des maladies inf lammatoires pulmonaires et sur le cancer du poumon? Comment la pollution interfère-t-elle avec ceux-ci ? Depuis plusieurs années, le professeur Didier Cataldo cherche les réponses à ces questions. L’objectif : diminuer un grand nombre de tumeurs pulmonaires et leur croissance. UNE PASSION « J’ai toujours voulu faire de la recherche. A 19 ans, j’étais en Bac 2 en médecine. J’ai été engagé comme étudiant chercheur par mon professeur en biologie, le professeur Jean-Michel Foidart (aujourd’hui, il codirige ce laboratoire avec le professeur Noël). Par la suite, j’ai fait la médecine interne et 3 années complètes de clinique. J’ai alors choisi de partager mon temps entre la clinique et la recherche ». Aujourd’hui encore, Didier Cataldo tient à conserver une carrière qu’il qualifie d’« hybride » : « Je ne conçois pas d’être clinicien et de ne pas contribuer à l’amélioration des techniques ou des traitements » explique-t-il. Pneumologue spécialisé dans les maladies respiratoires obstructives, une partie de ses occupations est consacrée à la clinique (ce qui lui permet de rester en contact avec les patients). Une autre est dévolue à l’enseignement (il est professeur ordinaire à l’ULiège), une troisième à la recherche au laboratoire de biologie des tumeurs et du développement à l’ULiège et au CHU. L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL Au départ de la recherche qui nous intéresse, un constat alarmant : beaucoup de patients sont malades à cause de l’environnement. De nombreuses maladies pulmonaires sont à la fois exacerbées par celui-ci (par les polluants et leurs caractéristiques) ou directement causées par l’environnement. «Nous étudions donc l’interaction entre l’environnement et les pathologies. Par exemple, de nombreux patients asthmatiques développent des pathologies plus sévères quand ils sont exposés à certains polluants comme l’ozone. D’autre part, des études épidémiologiques démontrent qu’un cancer du poumon chez une personne évoluant dans un environnement pollué a un moins bon pronostic que chez un individu vivant dans une atmosphère plus saine. C’est vrai aussi pour le cancer du sein». Des maladies inflammatoires et des cancers ne se déroulent donc pas de la même manière selon le degré de pollution auquel le patient est exposé. CHERCHER A partir de ce constat, le professeur Cataldo et son équipe ont construit des modèles pour étudier le phénomène, notamment sur des souris. Objectif : démonter les mécanismes qui conduisent à l’aggravation des maladies par l’environnement, pour arriver à traiter cela ou, au moins, à identifier ce qu’il faut éviter pour empêcher que la maladie s’aggrave. «Nous ne pouvons pas traiter complètement l’environnement et retirer tous les polluants comme l’ozone par exemple. Par contre, si nous trouvons des mécanismes, inflammatoires notamment, sur lesquels nous pouvons développer des stratégies, alors on peut tenter d’influer sur cette interaction environnement-maladie». TROUVER Depuis une quinzaine d’années, le professeur Cataldo et son équipe cherchent. Ils trouvent aussi ! «Certains types de cellules polynucléaires neutrophiles (des cellules tueuses et anti-infectieuses, la première ligne de défense de l’organisme) sont impliqués dans la progression de cancers. Ces cellules sont attirées au sein du poumon par l’ozone. Ces neutrophiles particuliers supportent la croissance tumorale, la boostent même. Conséquence : cela provoque des métastases». Fait remarquable : lorsque ces neutrophiles sont supprimés, les métastases sont beaucoupmoins nombreuses voire inexistantes. «Chez l’animal, il est possible de retirer ces neutrophiles. Ce n’est pas possible chez l’homme en raison du caractère fondamentalement important des cellules pour la réponse immunitaire. Nous cherchons le moyen de le faire sélectivement en n’enlevant que le sous-type de neutrophile délétère». Les recherches ont aussi abouti à la découverte d’unmédicament qui fonctionne dans le traitement de l’asthme et de maladies induites par le tabac. Il est en phase de test clinique chez l’homme. «Avec des collègues, nous avons créé en 2013 la société pharmaceutique «Aquilon Pharma». Nous travaillons sur des façons originales d’envelopper les médicaments pour obtenir des corticoïdes inhalés plus efficaces». POURSUIVRE LES ÉTUDES Cette recherche n’est pas la seule sur laquelle travaillent Didier Cataldo et sa douzaine de collaborateurs. «Nous sommes notamment soutenus par la Fondation Roi Baudouin et la Fondation Léon Fredericq ainsi que le Télévie pour un autre projet qui s’intéresse très spécifiquement à la résistance aux chimiothérapies ciblées dans le cancer du poumon». Au fil des recherches qu’il mène, deux questions interpellent plus particulièrement le professeur Cataldo. La première est très spécifique: comment l’environnement recrute-t-il ces neutrophiles qui facilitent la prolifération de tumeurs? «Avec cela, nous pourrions probablement diminuer un grand nombre de tumeurs pulmonaires et leur croissance. C’est ce qui me titille le plus actuellement». La seconde question est beaucoup plus large, elle touche à l’essence-même du travail du chercheur : «Certains font de la recherche sur le cancer, d’autres sur le système immunitaire, d’autres encore de la recherche clinique, fondamentale ou animale. Pourquoi ne pas décloisonner davantage la recherche, éviter de se retrouver cantonner dans un domaine trop restreint ? Nous essayons d’avoir une vue transversale des problèmes, de la recherche. Cela permet d’aller plus loin. Ce n’est pas facile au quotidien mais c’est mon credo (rire) ». Charles Neuforge «Il faut décloisonner la recherche» Vous souhaitez, vous aussi, soutenir la Fondation Léon Fredericq et nos jeunes chercheurs de l’Université et du CHU de Liège ? FAITES UN DON, CHAQUE AIDE EST ESSENTIELLE ! Compte : BE48 0018 3821 0927 Communication : Fondation Léon Fredericq CC4012 (déductibilité fiscale à partir de 40€) Contact Fondation Léon Fredericq, Caroline MAZY, 04/366.24.06, caroline.mazy@chuliege.be LE CHERCHEUR DU MOIS| FONDATION LEON FREDERICQ DIDIER CATALDO Chercheur du mois

12 DON | ISOUTIEN À LA RECHERCHE O rir son corps à la science permet d’aider les étudiants à devenir les médecins accomplis de demain, de continuer à former les spécialistes en exercice et de contribuer à la recherche. L’ULiège lance un appel aux dons. Pour être utile, jusqu’au bout. Pour atténuer un peu l’angoisse du passage de la vie à la mort. Pour exprimer sa reconnaissance envers le corps médical. Pour permettre à d’autres de mieux vivre, grâce à des traitements issus de formations médicales précises et pointues. Les raisons de donner son corps à la science ne manquent pas, à en croire les patients qui ont déjà entrepris la démarche. Pourtant, ces dons sont peu nombreux depuis la sortie de la pandémie. « Nous avons dû, dans un premier temps, refuser les corps, puisque les risques du Covid étaient encore mal connus : nous avons calqué notre attitude sur celles des collègues français », explique Pierre Bonnet, urologue, Chef de clinique au CHU de Liège et Professeur en charge de l’enseignement d’anatomie à l’ULiège. « Nous avons, pendant ce temps, utilisé au maximum les technologies numériques. Mais il est certaines disciplines où le corps humain est absolument nécessaire pour apprendre à poser le geste adéquat. Et le nombre de corps dont nous disposions s’est rapidement épuisé. » UN GESTE ALTRUISTE Les futurs médecins ne sont pas les seuls à étudier le corps humain. «Les chirurgiens, les anesthésistes, les généralistes même, continuent à se former tout au long de leur carrière. Certains collègues, en chirurgies vasculaires et en ORL notamment, ont besoin d’affiner une technique particulière ou de reproduire les gestes chirurgicaux avant d’effectuer une opération importante. Pour toutes ces raisons, le don de corps reste un geste altruiste, extrêmement généreux, dont nous ne pouvons nous passer», ajoute le Professeur Bonnet. Compatible avec le don d’organes et/ou le don de cerveau, l’acte «ne permet pas de faire l’impasse sur les frais funéraires, qui restent à charge de la famille du défunt ou de l’assurance-décès, lorsque le corps leur revient, au bout de 3 mois à 3 ans. Mieux vaut le savoir », précise Murielle Wauters, Prosectrice au Service d’Anatomie Humaine de l’ULiège. «Nous insistons également sur l’importance d’informer la famille de cette volonté, même en cas de conflit. Nous vivons dans une culture où l’on respecte généralement la volonté des défunts, et il est rare que nous fassions face à une opposition. Mais, dans ce cas, nous n’insistons jamais. Pour le bien-être de tous, mieux vaut explorer ce sujet à temps, et connaître les souhaits de ses proches. » DIALOGUE ET CRÉATIVITÉ Un avis que partage Virginie Deschamps, psychologue au Service de Psychologie Clinique et d’Action Sociale du CHU de Liège : « Certains patients préfèrent offrir leur corps à la science pour ne pas imposer l’organisation d’une cérémonie à leur famille. C’est touchant, mais cela ne correspond pas nécessairement aux besoins de chacun. L’essentiel est donc, d’abord, de bien communiquer, de manière à ce que le projet du patient rencontre l’adhésion de son entourage, sans en contrarier les souhaits. » Il s’agira, ensuite, d’imaginer une cérémonie, voire un lieu où se recueillir ultérieurement, en l’absence de corps. « Dans toutes les sociétés, la cérémonie d’adieu est un rite de séparation, qui permet d’entamer le travail de deuil. Il est important de pouvoir organiser un temps de commémoration, précieux pour chacun, afin de rendre hommage au défunt, de l’évoquer, de recevoir les condoléances, de se retrouver, de se sentir entouré », précise Virginie Deschamps. Pour elle, « le deuil est propre à chacun, et le chemin de deuil n’a pas de temps. Chacun le vit différemment et le parcourt à son rythme. Parce que ce n’est pas toujours simple, il existe des groupes de parole et de soutien, ou des relais professionnels. » FRÉDÉRIQUE SICCARD L’ultime don de soi PIERRE BONNET Chef de clinique et Pr en charge de l’enseignement d’anatomie, CHU de Liège, ULiège VIRGINIE DESCHAMPS Psychologue au Service de Psychologie Clinique et d’Action Sociale, CHU de Liège EN PRATIQUE Pour en savoir plus : www.dondecorps.uliege.be 04 366 51 52 04 366 21 53 Toutes les informations utiles concernant les groupes de parole sont sur le portail des soins palliatifs en Wallonie, rubrique aide et soutien : www.soinspalliatifs.be/associations-de-suivi-de-deuil-groupes-specifiques.html

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