Les TOC, ces "petites manies" irrépressibles

13 L’asthme est une maladie chronique extrêmement répandue. Au travers d’une étude, la chercheuse liégeoise Sara Gerday se concentre sur une sous-catégorie très sévère : l’asthme éosinophilique. Son objectif : comprendre cette forme de la maladie et réussir à soigner les patients qui en sont atteint. Inflammation des voies respiratoires, limitation d’activité, crises requérant parfois des soins médicaux d’urgence. L’asthme éosinophilique représente entre 40 et 50% des asthmes et est une forme plus sévère. Sara Gerday, 28 ans, s’est penchée sur cette maladie pour en améliorer le traitement. Très intéressée par la biologie, elle suit ses études secondaires à l’Abbaye de Flône à Amay en option sciences-mathématiques fortes. En 2012, elle se dirige naturellement vers un bachelier en sciences biomédicales à l’Université de Liège. Trois ans plus tard, elle effectue une passerelle vers un master en biochimie et biologie moléculaire et cellulaire qu’elle obtient en 2018. Elle enchaîne avec un doctorat en sciences médicales, dans l’unité de pneumologie au CHU et au GIGA-I3, où elle défend sa thèse sur l’asthme. «Le cadre de mon doctorat me donne une position assez hybride, elle me permet d’appréhender les données cliniques mais également tout le travail en laboratoire. » COMPRENDRE L’ASTHME ÉOSINOPHILIQUE GRÂCE AU SPUTUM Le point de départ du travail de Sara Gerday est d’essayer de comprendre l’hétérogénéité clinique et moléculaire des asthmes éosinophiliques. «Les éosinophiles sont des globules blancs qui se développent dans la mœlle des os et sont présents en faible pourcentage dans le sang. Chez les patients souffrant de ce type d’asthme, nous en avons remarqué une proportion élevée dans les voies aériennes ou le sang. » D’autres particularités ont également été observées. «Une thérapie à base d’anticorps a récemment été développée. Nous avons remarqué que, si les patients souffraient tous de l’asthme éosinophilique, et qu’ils présentaient les mêmes caractéristiques et qu’ils recevaient les mêmes molécules au sein de leur traitement, leur réaction à la thérapie était très distincte. » Le but de l’étude est donc double: mettre en évidence certains biomarqueurs au niveau génétique et épigénétique (l’étude des changements dans l’activité des gènes) ainsi que les différences qui expliqueraient les réponses hétérogènes à un même traitement. «Nous utilisons une technique qui va fournir un aperçu des mécanismes de régulation des différentes cellules, qu’on va retrouver notamment dans le sputum (l’expectoration) des patients. » Les patients asthmatiques ont en général une sécrétion accrue demucus. «Nous avons récolté ce mucus en clinique, réalisé un diagnostic et observé si les patients ont une proportion accrue d’éosinophiles au sein de leur mucus. » La phase suivante concerne l’analyse. « Nous allons récupérer ces cellules et utiliser la technique single-cell ATAC-seq pour savoir ce que nous pouvons retrouver au niveau génétique et épigénétique. Elle permettra éventuellement de mettre en évidence une certaine hétérogénéité chez un même groupe de patients. » AMÉLIORER LA QUALITÉ DE VIE La portée de l’étude est multiple. «L’originalité de cette étude, je pense, se situe dans la technique, qui n’a jamais été appliquée. Dans un premier temps, l’objectif serait de voir si la technique est vraiment applicable. Mais il faut toujours garder en tête que la finalité est d’avoir un traitement qui sera de plus en plus personnalisé. La médecine, de manière générale, tend à prendre en compte tous les aspects du patient. » Des recherches soutenues par différentes bourses, primordiales pour l’étude en cours. « J’ai eu l’opportunité d’accéder à la bourse EOS qui f inance entièrement mon doctorat. Elle permet également de financer les différentes expériences en laboratoire qui sont très coûteuses. La bourse Léon Fredericq m’a aussi permis de faire des tests préliminaires et différentes analyses. » Des financements utiles pour une maladie impactante. «On estime que 1 à 18% de la population mondiale est touchée par l’asthme. La plupart est traitée efficacement et les patients arrivent à vivre avec lamaladie. Mais l’asthme sévère n’est toujours pas bien contrôlé malgré un traitement optimisé. Nous nous intéressons surtout à cette sous-catégorie d’asthme. Ces patients peuvent être bouleversés par leur maladie. Nous avons envie d’améliorer leur qualité de vie. » MILENA DE PAOLI Le sputum, un rôle clé dans la prise en charge de« l’asthme sévère»? SARA GERDAY Chercheuse du mois Vous souhaitez, vous aussi, soutenir la Fondation Léon Fredericq et nos jeunes chercheurs de l’Université et du CHU de Liège ? FAITES UN DON, CHAQUE AIDE EST ESSENTIELLE ! Compte : BE48 0018 3821 0927 Communication : Fondation Léon Fredericq CC4012 (déductibilité fiscale à partir de 40€) Contact Fondation Léon Fredericq, Caroline MAZY, 04/366.24.06, caroline.mazy@chuliege.be LE CHERCHEUR DU MOIS| FONDATION LEON FREDERICQ

RkJQdWJsaXNoZXIy MjkwMTYw