Solidarité au CHU pour l'Ukraine

07 YVES BEGUIN Chef de service Hématologie clinique et responsable du laboratoire de thérapie cellulaire et génique VINCENT SEUTIN, Président du comité d’éthique BENOÎT MISSET Chef de service des soins intensifs général, au stade d’évolution de la maladie, aux traitements préalablement reçus, etc. Benoît Misset évoque l’importance du patient dans ce processus : « Il faut être très attentif au patient. Le patient doit pouvoir décider de participer ou pas à la rechercher. La prise en compte de son suivi avec une information éclairée est essentielle. Dans les situations d’urgence vitale, lorsque le patient n’est pas capable d’exprimer sa volonté, la loi protège le patient tout en permettant de réaliser les recherches nécessaires, et le Comité d’Ethique de l’institution est ici particulièrement vigilant. Tout doit être fait en transparence avec le patient et tous les acteurs. » Le plus souvent, un patient désirera participer à une étude afin d’être parmi les premiers à bénéficier de nouveaux traitements prometteurs. « Nous offrons la capacité aux patients d’avoir accès à des études de nombreuses années avant qu’un médicament ne devienne disponible en remboursement. Ils bénéficient ainsi précocement de traitements innovants, même si bien sûr il est possible au bout du compte que certains traitements n’atteignent pas les résultats que l’on espérait en lançant l’étude. La majorité, toutefois, va apporter des éléments positifs au patient. Dans les soins, cela offre des possibilités nouvelles aux médecins et aux patients. C’est une des raisons d’être des CHU » complète Yves Beguin. Les patients espèrent ainsi en retirer un bénéfice direct tel que la guérison, une espérance de vie plus longue ou encore une meilleure qualité de vie. Les patients savent également qu’en entrant dans une étude, ils contribuent à l’avancée de la recherche médicale, laquelle permettra de faire progresser les traitements et d’aider d’autres personnes atteintes de la même maladie. À chaque étape la priorité vis-à-vis du patient est la transparence comme le rappelle Vincent Seutin, président du comité d’éthique : «Nous informons le patient ou ses proches suivant l’état du patient. Aux soins intensifs, les proches peuvent donner leur accord quand le patient est intubé et soumis à une sédation par exemple. Nous insistons pour que, dès que le patient est sorti de son inconscience, il puisse donner lui-même son accord. Il peut d’ailleurs renoncer au consentement qui a été émis par un proche auparavant. » DES EXEMPLES CONCRETS Sur les plus de 300 études par an réalisées au CHU, Benoît Misset en a mené quelques-unes avec ses équipes dernièrement: “Nos principaux axes de recherche concernent les défaillances d’organes et les suppléances d’organes, mais aussi les maladies infectieuses. Nous avons parallèlement plusieurs travaux actuellement sur le covid. Nous avons plusieurs essais thérapeutiques dans lesquels nous testons l’efficacité de médicaments ou de produits de nutrition.” LA CONFIDENTIALITÉ DES DONNÉES Toutes les données récoltées au cours d’une étude clinique menée au CHU de Liège sont ultérieurement vérifiées et restent confidentielles. Ainsi, seul le personnel médical et les personnes en charge de la collecte des données dans les dossiers des patients ont connaissance de l’identité de ceux-ci. Toutes ces personnes sont bien entendu tenues au secret médical. LE CHU À LA POINTE DU DÉVELOPPEMENT De son côté, Yves Beguin insiste sur une spécificité du CHU: «Nous fabriquons aussi des médicaments cellulaires comme une entreprise pharmaceutique qui développerait des médicaments classiques. Notre spécificité est la production de médicaments constitués de cellules, parfois modifiées génétiquement, et non de substances chimiques. Il s’agit du seul endroit en Wallonie où il y a la fabrication, en dehors d’une firme pharmaceutique, d’un médicament de ce type. Un exemple est celui des cellules CAR-T. Il s’agit de cellules du système immunitaire qui sont transformées génétiquement pour les armer à reconnaître une cible cancéreuse bien précise. D’autre part, lorsque ces cellules vont se fixer sur les cellules cancéreuses, elles vont pouvoir se multiplier et s’activer pour tuer les cellules cancéreuses. On renforce les cellules immunitaires du patient pour mieux combattre le cancer. Nous avons une licence de l’agence fédérale du médicament pour pouvoir fabriquer et utiliser ces médicaments dans le cadre d’essais cliniques chez des patients. » Sur le terrain, cette démarche apporte un atout supplémentaire au CHU de Liège : «Nous pouvons être non seulement le médecin qui traite le patient mais aussi le producteur du médicament. » Également président de l’institut de cancérologie, il insiste aussi sur la remise en question permanente pour une recherche de pointe : «Nous avons créé le CTC (Clinical Trial center) qui n’est pas encore fonctionnel sur le spectre complet des essais cliniques, mais qui se construit. Il doit devenir le point d’entrée unique au CHU pour tous les promoteurs extérieurs qui voudraient qu’un ou plusieurs services du CHU participent à l’un de leurs essais cliniques. Cela leur offre une porte d’entrée unique. C’est un gage de qualité et de transparence. Cela amènera un contrat unique avec une grille tarifaire unique, transparente et homogène ... pour un professionnalisme accru. » D’année en année, les législations évoluent et le CHU de Liège s’adapte, comme le souligne Vincent Seutin en guise de conclusion: «Une nouvelle loi transpose en Belgique un règlement européen. Concrètement, elle va nous amener à ne plus évaluer nous-mêmes les études médicamenteuses multicentriques qui se font au CHU de Liège. Nous allons évaluer les études qui se feront sur d’autres sites (Saint-Luc, Erasme...). Ce seront donc des comités d’éthique d’autres sites qui évalueront les études de ce type effectuées au CHU de Liège. L’évaluation de ces études sera centralisée au niveau européen, ce qui nous permettra de comparer nos pratiques à celles des comités d’éthique d’autres pays. » V.Li. Lors d’un essai clinique la réponse scientifique doit correspondre à la question posée

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