Solidarité au CHU pour l'Ukraine

11 une priorité DES FINANCEMENTS POUR LES AUTRES BESOINS En Ukraine, les besoins sont hétéroclites et les dons financiers vont rencontrer d’autres problématiques. Le CHU a eu une politique très claire à ce niveau: «Nous avons orienté les demandes de ce type vers le Consortium 1212, évitant ainsi de créer une autre structure inutilement » explique Isabelle Degand. D’autres membres du personnel ont proposé des logements pour les familles qui vont arriver en Belgique: «Nous avons aussi réorienté la question des logements vers les différentes communes concernées. Cela nous paraissait plus adapté pour être le plus efficace possible. » LES SOINS À TOUT LE MONDE Les images de ce conflit dévoilent sur les routes de nombreux blessés ou des personnes malades. Le CHU va également s’investir dans leur prise en charge dans les prochaines semaines. Au niveau fédéral, la Direction générale Soins de Santé Service «Aide Urgente » a adressé un courrier signé par Marcel Van der Auwera, Chef du service Aide Urgente, aux directeurs d’hôpitaux et aux médecins-chefs : «Nous souhaitons nous préparer à d’éventuelles évacuations sanitaires et médicales vers notre pays. Elles pourraient concerner des publics divers : ukrainiens, russes, autres nationalités, militaires et/ou civils. Nous devons anticiper et organiser notre système de santé de manière à pouvoir offrir une prise en charge de qualité à tous nos patients (activité de routine, Covid, Ukraine,…). » La Belgique a donc mis 150 lits d’hôpitaux à la disposition de patients et le centre des grands brûlés de l’Hôpital militaire Reine Astrid (HMRA) de Neder-over-Heembeek près de Bruxelles se tient prêt. A Liège, le CHU devrait en accueillir prochainement : «Les hôpitaux académiques ont en effet été réquisitionnés pour accueillir les blessés et les malades qui ont pris la route de l’exode. Les réfugiés gravement malades pour certains, souffrent de cancer, de diabète, de maladies chroniques, tuberculose...Ils fuient souvent sans médicament. Notre devoir est de les prendre en charge » ajoute Isabelle Degand. Dans les prochaines semaines, le personnel soignant pourrait donc être confronté à des blessés par balles ou par bombes en provenance du front : «Nous sommes prêts si on nous demande d’apporter les soins adéquats en fonction des types de blessures » ajoute Isabelle Degand. «Notre rôle est de soigner tout le monde. C’est très important pour un hôpital comme le CHU pour qui la question du pluralisme est centrale. » LA PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE Ces blessures, ces longues routes dans le froid pour fuir le conflit, les séparations avec les membres de sa famille...vont avoir un impact mental et physique majeur pour ces personnes. Mireille Monville, Psychologue institutionnelle au CHU de Liège (cheffe du service Valorisation de l’Humanisation S.S.T., conseillère en prévention, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation, Unité d’expertise en psychotraumatismes et psychologie légale), insiste sur l’importance d’une bonne prise en charge de l’aspect psychologique sur la durée : «Certains vont devoir faire face à des processus de deuil ou à des deuils gelés. Ils sont inquiets pour une partie de leur famille qui se trouve sur les routes ou dans les villes bombardées. Ils laissent aussi des gens de leur famille partir au front. Les traumatismes sont multiples face à cette sensation d’errance aussi. » Un premier patient va arriver sur Liège d’ailleurs, un enfant : «Nous allons recevoir une première patiente ce lundi au centre de psychotrauma de l’université de Liège. Elle a quitté la zone de guerre avec ses parents. Elle aura besoin de soins psychologiques. Nous allons aussi être attentifs à sa famille. » Cette implication dans ce type de suivi, Mireille Monville la connaît bien pour avoir coordonné, voici quelques années, l’aide psychosociale des réfugiés pour le Kosovo. Son expertise sera très précieuse : «Nous avions beaucoup réfléchi pour savoir comment aider au mieux une population qui est déplacée. Nous devons lui venir en aide en redonnant un sentiment de sécurité. Concrètement, cela se traduit par des gestes très concrets : donner un toit, un statut pour qu’ils ne soient pas dans une sorte d’errance administrative... » Pour Mireille Monville, il est important d’être à l’écoute face à des événements potentiellement traumatisants : «Prendre le temps de laisser la personne s’exprimer. Ecouter sa souffrance, ses questions, ses interrogations, ce processus est indispensable. Il nous faudra également être attentif à faciliter les liens, la communication par une lecture transculturel, en cotravaillant, notamment avec des interprètes.» LES CHERCHEURS MOBILISÉS AUSSI Le personnel du CHU travaille aussi souvent avec l’Université de Liège qui a aussi marqué son soutien au peuple ukrainien. Dans un communiqué, l’Université a rappelé « l’importance d’apporter son aide à la population ukrainienne, en tant qu’universitaires, nous sommes particulièrement sensibles au sort des étudiants, chercheurs et enseignants de nos institutions sœurs en Ukraine avec lesquelles nous sommes totalement solidaires. Ainsi, nous nous mobilisons pour accueillir, soutenir et faciliter l’intégration de ceux qui ont dû fuir et souhaitent poursuivre leurs activités universitaires dans notre institution. » Nul doute que dans les prochaines semaines et les prochains mois, les membres du personnel du CHU de Liège, voire les patients auront toutes et tous à leur manière l’occasion d’apporter un peu de chaleur, un sourire ou même une oreille bienveillante à toutes ces personnes qui vont quitter leur pays, poussés par cette guerre qui aura un impact durable sur leur vie et leur famille. V.Li. Il est important de prendre le temps de laisser la personne s’exprimer. Écouter sa souffrance, ses questions, ses interrogations, ce processus est indispensable

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