Quelle consommation d'alcool ? Faites le test !

06 Tournée Minérale : quelle consommation avons-nous ADDICTION | COMPORTEMENT « Chef un p’tit verre. . . » : on connaît la chanson en Belgique. Elle pourrait presque servir d’hymne national. Mais derrière le clin d’œil humoristique se cache une réalité beaucoup moins souriante. Les Belges figurent parmi les plus gros buveurs d’alcool d’Europe : la consommation moyenne par habitant est estimée à 12 litres d’alcool pur par an. C’est plus que la consommation moyenne européenne. Et c’est la santé qui trinque : l’alcool tue près de 10 000 personnes chaque année dans notre pays, soit un décès sur 10. Se passer d’alcool pendant un mois ? Participer au défi « La Tournée Minérale » ? Plus qu’une simple pause, ça peut rapporter gros. Et c’est gratuit : c’est la maison qui régale. LES RISQUES SUR LA SANTÉ Quelques chi res en guise d’apéritif : ces 40 dernières années, la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires et aux pathologies neurologiques ou cancéreuses a diminué. Par contre, les chi res sont en hausse pour la mortalité liée aux maladies du foie, les pathologies hépatiques. Pourtant, l’hépatologie (la branche de la médecine qui s’intéresse à l’étude du foie sur un plan anatomique, physiologique et pathologique) a fait d’énormes progrès : on transplante des patients (ce qui n’existait pas avant), l’hépatite C a été découverte au début des années ’90 et il est désormais possible de la traiter. Alors ? Un chi re permet de démasquer le coupable : 3/4 des pathologies hépatiques sont liées à l’alcool. «On s’est rendu compte que la majorité des personnes qui ont une maladie hépatique du foie liée à l’alcool ne savent pas qu’ils ont un problème, explique le professeur Jean Delwaide, Chef de Clinique en gastroentérologie, hépatologie, oncologie digestive du CHU. Septante-cinq pour cent des patients qui en meurent ignoraient qu’ils sou raient d’une cirrhose liée à l’alcool ». Quand ces personnes se présentent à l’hôpital, leur situation est souvent dramatique, la mortalité est extrêmement importante. «Jaunisse, rupture de varices œsophagiennes, ascite (eau dans le ventre), infections : ils décèdent souvent dès leur première hospitalisation. Même s’ils s’en sortent, leur survie dépend souvent de la façon dont ils gèrent l’alcool après cet épisode ». LES POINTS DE REPÈRES D’UNE CONSOMMATION ACCEPTABLE L’importance d’agir largement en amont de l’hôpital est donc devenue une évidence. D’autant plus qu’en comparaison avec d’autres pathologies, cette maladie touche les gens jeunes : elle est la première cause de mortalité avant 50 ans. Une population qui ne se sait pas malade et découvre le problème de façon extrêmement tardive. Le Professeur Jean Delwaide rappelle que « quand un patient vous dit « Je bois un peu, comme tout le monde », c’est à ce moment-là qu’on peut se demander si ce n’est pas au-dessus des normes ». Celles-ci ne sont pas très bien connues par la population. Quelques points de repères permettent d’y voir plus clair et de se situer. Ils sont fixés par L’Organisation Mondiale de la Santé. Pour elle, une consommation acceptable doit respecter les règles suivantes : 10 verres par semaine avec 2 jours d’abstinence, soit 2 verres 5 jours sur 7. Lors de la même occasion, il faut boire moins de 4 verres (un verre, c’est entre 8 et 12 grammes d’alcool). Des chi res qui doivent être revus à la baisse si on n’est pas en parfaite santé. « L’utilité des actions du type « Tournée Minérale », c’est d’avoir une réflexion sur la consommation d’alcool « normale» ». Appelées « Dry january » en Angleterre (depuis 2013) et en France (depuis 2020), ces challenges permettent d’améliorer l’état de santé de la population qui arrête de boire de l’alcool pendant ce mois. Des études montrent en e et que sur l’ensemble des personnes qui s’inscrivent pour participer (et reçoivent des conseils par emails ou via des applis sur leur GSM), 70% réussissent à ne pas boire d’alcool durant le mois dédié à l’abstinence. Pour ceux qui ne s’inscrivent JEAN DELWAIDE Chef de Clinique en gastroentérologie, hépatologie, oncologie digestive L’ état de santé général des personnes qui réussissent est meilleur après ce mois. Ils dorment mieux, ont plus d’ énergie, une peau fraiche et plus belle et ont souvent réussi perdre du poids.

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