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11 MUSIQUE| UN ART DU QUOTIDIEN Vous souhaitez en savoir plus, https://theconversation.com/lamusique-adoucit-elle-le-confinement-135102 https://www.cedem.uliege.be Les images ont marqué les esprits et, sans doute, les cœurs : au début de la crise du Covid-19, alors que les informations rapportent un nombre e rayant de décès en Italie, une vidéo fait le tour du monde. Un habitant de Benevento, non loin de Naples, y entonne une chanson populaire sur son balcon. Sur un autre balcon, trois jeunes femmes l’accompagnent au tambourin. Les portes et balcons s’ouvrent timidement, et chacun, là-bas ou ailleurs, respire mieux, le temps d’une chanson. La musique adoucit-elle vraiment les mœurs ? « Avant le Covid, Alessandro Mazzola et moi avons beaucoup travaillé sur la musique comme moyen de mobilisation sociale et politique », explique Marco Martiniello, directeur du Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations (CEDEM) et de l’IRSS (Institut de Recherches en Sciences Sociales) de l’ULiège. « La musique existe dans pratiquement toutes les sociétés. La plupart des êtres humains sont sensibles, touchés, émus par la musique. Après cette fameuse vidéo, on a vu partout des gens chanter aux balcons, aux fenêtres. On a ressenti tout à coup l’importance de pouvoir se grouper, d’une certaine manière. De pouvoir, à un peu comme les adolescents que la musique réunit, se retrouver, faire un peu société. » POURQUOI ? « Pensez aux concerts : vous y allez pour écouter une musique que vous aimez, oui, mais aussi pour partager une expérience collective. Se retrouver lors d’un concert, ou sur des balcons, c’est symboliser la collectivité, la rendre visible par la musique », renchérit Alessandro Mazzola. «On attribue 5 grands rôles à la musique. Elle permet de s’occuper, de se cultiver, qu’on l’écoute ou qu’on la pratique. Elle participe alors au bien-être personnel. Elle permet de répondre à l’anxiété, de favoriser un certain apaisement, de vivre avec une di culté, de dédramatiser : le type varie fortement selon la population, l’âge et le niveau économique, notamment. Elle crée également, on l’a vu, ce sentiment d’identité collective, d’appartenance, de faire groupe. C’est vrai sur les balcons, dans les concerts ou dans les stades de foot », résume Marco Martiniello. « Peut-être, ajoute Alessandro Mazzola, parce que c’est probablement la forme d’art la plus transversale et la plus accessible. On peut apprendre les paroles d’une chanson ou le rythme d’un morceau de musique en quelques jours, se sentir inclus et fier, finalement, de maîtriser quelque chose de di cile, ou de beau. » POUR S’EXPRIMER, APPRENDRE, INFORMER De tout temps, la musique a également été un moyen d’expression, rappelle le directeur : les traditions se transmettaient en chansons. « Aujourd’hui, sans doute, tout va beaucoup plus vite, mais le hip-hop ou le rap permettent aux jeunes d’exprimer ce qu’ils ressentent dans cette société, avec des aspects plus ou moins acceptables. Le Blues, quant à lui, est le fruit de l’expérience indescriptible de l’esclavage vécue par les centaines de milliers d’Africains arrachés de force à leur environnement pour être acheminés comme du bétail aux États-Unis d’Amérique. » Enfin, la musique conserve un aspect pédagogique : de l’alphabet chanté dans les classes de maternelles au rythme des tables de multiplications, en passant par ces vidéos, filmées en Afrique du Sud, qui expliquent comment maintenir ses distances en temps de crise sanitaire, « la musique permet d’informer ceux qui n’ont pas les moyens de décoder l’équivalent d’un CODECO, par exemple. » POUR S’OPPOSER Revers de la médaille : cette musique qui rassemble peut aussi opposer. Quand on n’a pas les mêmes goûts musicaux (« Si cette personne aime cette musique et moi non, il est possible que cela conduise à un préjugé de ma part envers cette personne », résume Alessandro Mazzola), parce qu’un hymne se fait politique, parce qu’on le revendique… Mais, à l’heure où l’Académie Royale de Médecine s’apprête à consacrer très sérieusement une conférence au pouvoir guérisseur de la musique, avec « La pilule musicale. Que dit la science ? Bénéfices de la musique pour la santé », Marco Martiniello et Alessandro Mazzola sont formels : «Dire que la musique peut certainement aider de nombreuses personnes à traverser une crise ne revient pas non plus à en faire un outil univoque ou omnipotent. Mais sans doute peut-on assurer, aujourd’hui, que la musique est essentielle. » FRÉDÉRIQUE SICCARD cette essentielle MARCO MARTINIELLO Directeur du CEDEM et de l’IRSS ALESSANDRO MAZZOLA Chercheur affilié au CEDEM La musique,

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