Journée mondiale du braille

07 Je ne peux pas oublier le regard de cet enfant-là, qui a sou ert et fait sou rir, et qui tente de trouver un sens et un avenir Mireille Monville La Chaire internationale sur « La violence faite aux femmes et aux filles dans les conflits » (en abrégé «Chaire Mukwege ») est le fruit d’une démarche initiée par la professeure émérite Véronique De Keyser, Députée européenne honoraire, suite aux premiers contacts du Docteur Denis Mukwege avec les psychologues de la Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Éducation (FPLSE) et les médecins du CHU de Liège. Le but : mettre sur pied des programmes de coopération pour le suivi des survivantes de violences sexuelles. La Chaire Mukwege est attachée au Centre d’Expertise en Psychotraumatismes et Psychologie légale de l’ULiège. Elle a noué une étroite collaboration avec l’équipe de psychologues de l’hôpital de Panzi (République Démocratique du Congo) et l’Asbl Les Enfants de Panzi et d’Ailleurs, avec l’appui du CHU de Liège. La Chaire s’est ouverte à différentes universités qui ont déjà accueilli le Dr Denis Mukwege, notamment celles qui lui ont décerné un titre de Docteur honoris causa. Elle entend promouvoir des recherches transversales, interdisciplinaires, et ainsi mieux appréhender tant la prévention que le suivi des femmes victimes de violences sexuelles. À PROPOS DE LA CHAIRE MUKWEGE Plus j’avance dans la vie, plus je m’aperçois qu’il y a autour de la problématique de la violence faite aux femmes des inconnues que seul je ne pourrai lever. Il reste tant de questions sans réponse dans le domaine médical, psychologique, juridique, historique, socio-économique. Dr Denis Mukwege pouvoir la reconnaître, leur permet de développer un sentiment, un langage, et d’entamer une reconstruction. » Elle se souvient de cet enfant, «ce jeune homme de 14 ans », avec qui elle est parvenue à établir le contact. «Il m’a dit qu’il ressentait beaucoup de peine, et de colère. Je lui ai demandé quel sentiment il aimerait développer, il a mentionné la sérénité. Pouvoir grandir de façon sereine… J’ai voulu savoir à quoi il pensait quand il essayait de retrouver cette sérénité. Il a évoqué son père, décédé, et le souvenir de la douceur de sa mère. Je ne peux pas oublier le regard de cet enfant-là, qui a souffert et fait souffrir, et qui tente de trouver un sens et un avenir, à la fois enfermé en lui-même et dans un camp où l’avenir semble si difficile à imaginer. » Elle évoque aussi le souvenir d’une fillette de 11 ans, incapable de dessiner lors d’une séance d’art-thérapie. «Elle avait déjà été scolarisée, pourtant. Mais le processus semblait figé, par le bruit des bombes, par l’enlèvement de sa mère, par le fait d’avoir dû vivre cachée… Par tout ce qu’elle avait vu, en somme, et qu’un enfant, ou un adulte, ne devrait jamais voir. Elle a fini par esquisser un cercle, maladroitement. Il est difficile de construire, et de se reconstruire, quand on a vu la destruction partout. Pourtant là-bas, au milieu de la richesse des langues, de la cuisine, de l’art d’accueillir, au milieu de tout ce que Daesh a tenté de détruire, on assiste à un travail énorme de reconstruction psychologique, corporelle, communautaire, culturelle. On refait du lien aumilieu du chaos. On a l’espoir. » Parce que «Université, ça commence comme universel »,MireilleMonville y retournera. «L’ULiège et le CHUdoivent continuer à faire ces voyages, à créer ce lien, et à témoigner. Même si ces voyages ne sont pas sans danger physique et psychologique, on revient d’Irak , comme du Sud Kivu, étrangement chargé d’énergie, avec le sentiment curieux qu’il existe un chemin d’espoir, même après avoir été confronté à toute l’absurdité du comportement humain. » F. Si

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