Journée mondiale du braille

06 Le CHU et l’ULiège s’engagent 12 FÉVRIER | JOURNEE INTERNATIONALE DES ENFANTS-SOLDATS Créer un réseau international de recherches sur le thème des violences sexuelles subies par les filles et les femmes en situation de conflits : voilà l’objectif de la Chaire Mukwege, créée à l’ULiège en septembre 2018. « Il s’agit, plus largement, de construire des modèles de prise en charge pour les femmes, mais aussi les enfants et les adolescents, victimes directes ou indirectes de viols et de mutilations graves. On compte aussi, parmi ces victimes, les enfants nés de ces viols, et les enfants-soldats, dont la réinsertion dans la société reste compliquée », rappelle Mireille Monville, Psychologue Institutionnelle au CHU et Maître de conférence à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’ULiège (Unité d’expertise en psycho-traumatismes et psychologie légale). En collaboration avec La Fondation Mukwege, Médecins du Monde et l’association Les enfants de Panzi et d’Ailleurs, Mireille Monville s’est ainsi rendue dans le Kurdistan irakien, en septembre 2021. «Nous avions, dans un premier temps, donné trente heures de cours, en visioconférence, à des psychologues, des assistants sociaux et des éducateurs, irakiens et expatriés, qui travaillent avec les communautés yézidie et kurde irakienne, principales victimes des exactions de Daesh », explique-t-elle. «D’une certaine façon, l’Irak concentre à elle seule, toutes générations confondues, tout ce qui est possible de faire de monstrueux, de barbare, à un être humain. » Ainsi la ville de Mossoul compte-t-elle 138.000 enfants des rues, livrés à euxmêmes, «parce qu’ils ont été enrôlés comme enfants-soldats, ou que leurs parents sont des combattants deDaesh. Des enfants sans statut, en errance, sans carte d’identité, sans droits – pas même celui d’aller à l’école -, comme s’ils n’existaient pas. »DeMossoul àArbil enpassant par Sinjar et Dahouk, elle a rencontré celles et ceux avec qui, à distance, elle avait «tissé des liens si chaleureux ». Puis elle s’est rendue dans les camps. «Après avoir traversé ces villes dévastées, qui sont le berceau de l’humanité, de notre culture (les Yézidis considèrent que l’arche de Noé s’est posée dans les monts Sinjar, après le Déluge biblique), entrer dans ces camps fait un tel effet… On a l’impression que les gens vivent là depuis toujours, et pour longtemps encore, entre la difficulté de reconstruire et la menace de Daesh, toujours présente. Les communautés ont réintégré les femmes vendues comme esclaves sexuelles, mariées de forces à des combattants, parfois plusieurs fois, instrumentalisées dans leur corps et dans leur psychisme. Elles font aussi une place aux enfants-soldats, essaient de les aider à retrouver un sens à leur vie. Seuls les enfants nés de viols, séparé de leur mère, sont envoyés à l’orphelinat. Le combat pour certaine de ces mères étant de retisser, par tous les moyens des liens avec leur enfant », témoigne Mireille Monville. «Là, dans ces camps, j’ai apporté beaucoup de matériel pour travailler les émotions. Parler reste difficile, pour les victimes, prises entre l’idéologie, la honte, la culpabilité, la peur. Travailler sur l’émotion, MIREILLE MONVILLE Psychologue Chef du Service Valorisation de l’Humanisation

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