Journée mondiale du braille

05 : e , r r - x , t t s e s - s t , - e LES DIFFÉRENCES NE SE LIMITENT PAS AUX ORGANES SEXUELS ! Longtemps, on a cru que les di érences entre la santé des hommes et des femmes se bornaient à l’appareil reproducteur. On sait aujourd’hui que c’est loin d’être le cas. Chaque sexe comporte des spécificités métaboliques, hormonales et génétiques, qui modifient la façon dont les maladies a ectent l’organisme (certaines maladies ont des symptômes très di érents en fonction du sexe), mais aussi la métabolisation des médicaments, qui n’ont pas les mêmes e ets chez l’homme ou chez la femme. De plus, le genre influence également la santé : des di érences sociales telles que le type de tâches, de métier ou de mode de vie des hommes et des femmes entraînent des pathologies di érentes. Or la grande majorité des recherches médicales n’en tiennent pas compte. autour de leur fonction de reproduction et de séduction. D’ailleurs lorsqu’on dit « santé féminine », on pense gynécologie ! On se concentre ainsi énormément sur le cancer du sein ou de l’utérus, alors qu’avec nos modes de vie modernes une femme a par exemple sept fois plus de risque de mourir d’un AVC ou d’un infarctus que d’un cancer du sein ! Mais beaucoup de soignants l’ignorent, car les maladies cardiaques continuent à être considérées comme une maladie d’homme stressé au travail ». Les femmes décèdent davantage que les hommes de maladies cardiovasculaires, alors qu’elles sont moins souvent touchées De plus, les maladies cardiovasculaires se manifestent par des symptômes très différents chez les femmes. «Des études ont montré que même à symptômes équivalents, on suspectera davantage un infarctus chez un homme, mais une simple crise d’angoisse chez une femme, à qui on prescrira plutôt des calmants ou des antidépresseurs. Ainsi les femmes sont souvent sous-diagnostiquées, moins bien prises en charge et moins traitées. Le constat est le même pour nombre d’autres pathologies, comme les maladies professionnelles par exemple, qu’on continue à penser comme typiquement masculines ». DES TRAITEMENTS MOINS EFFICACES ET PLUS RISQUÉS ! La plupart des recherches dans les domaines de la santé et la physiologie sont toujoursmenées trèsmajoritairement sur des hommes, révèle un récent article de The Conversation (11/10/2021). À tous les niveaux : les recherches fondamentales sont principalement menées sur des cellules d’origine masculine, les études précliniques sur des animaux mâles, et les études cliniques sur des échantillons qui comprennent très peu de femmes. Les raisons sont multiples : plus grande complexité d’analyse liée aux cycles menstruels et hormonaux, à la ménopause, à la contraception, etc. (qui rend les études plus longues et plus coûteuses) ; difficultés éthiques liées à la volonté de protéger les éventuels enfants à naître… Cette sous-représentation des femmes dans les études est pourtant lourde de conséquences, soulignent des chercheurs suisses . Selon eux, cela se traduit par une moins bonne connaissance des pathologies qui affectent les femmes, avec des conséquences «sur la détection, la prévention ou la prise en charge de cette population», et même des erreurs de diagnostic. Mais ce n’est pas tout : on manque aussi de données sur les médicaments, principalement testés sur des hommes. Résultat : nombre de traitements se révèlent moins efficaces sur les femmes, et provoquent beaucoup plus d’effets secondaires (pour 6 à 7 % desmolécules testées). C’est par exemple le cas de la digoxine, conçue pour traiter les insuffisants cardiaques. Les essais qui avaient permis sa commercialisation avaient étémenés sur un échantillon à 80 %masculin. Des années plus tard, d’autres chercheurs ont réétudié les données en fonction du sexe, révélant que les femmes sous digoxine décédaient plus rapidement que celles qui avaient reçu un placebo! Les auteurs suisses soulignent d’ailleurs que la parité dans les échantillons d’essais cliniques ne suffit pas : encore faut-il séparer les données et les analyser en fonction du sexe et du genre, ce qui n’est pas fait dans la grande majorité des études (64 %). VERS UNE PRISE DE CONSCIENCE Heureusement, le monde scientifique et médical commence à intégrer cette problématique. Une prise de conscience toute récente, probablement liée au nombre grandissant de femmes travaillant dans le domaine. Des recommandations politiques enmatière de promotion de la santé de la femme émergent progressivement. De son côté, l’OMS a créé un Département Genre, femmes et santé en 1995, et plus proche de nous, les autorités de santé françaises ont publié des recommandations pour la parité dans les essais cliniques en 2018. Si ces initiatives restent pour l’heure plus incitatives que contraignantes, elles témoignent d’une évolution des mentalités et de la législation porteuses de grands espoirs pour la santé des femmes. Jen D. On tombe dans le piège d’étudier des problèmes spécifiquement féminins et non les spécificités féminines des pathologies (1) Le FERULiège est un réseau interdisciplinaire de chercheur(e)s et d’enseignant(e)s de l’ULiège impliqué(e)s dans les études femmes et genre. (2) M.M. Potterat et al., « Les femmes, oubliées de la recherche clinique », Revue médicale suisse (23/09/2015).

RkJQdWJsaXNoZXIy MjkwMTYw