Journée mondiale du braille

04 11 FÉVRIER | JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES ET FILLES DE SCIENCE Longtemps exclues du milieu de la recherche, les femmes sont aujourd’hui bien représentées dans les milieux scientifiques. Mais de nombreuses inégalités subsistent, entraînant des conséquences importantes pour leur santé. De graves lacunes entravent toujours la connaissance du corps des femmes, souvent moins bien soignées que les hommes. Bien du chemin a été parcouru depuis le temps des sorcières, cette époque pas si lointaine « où les femmes qui détenaient une connaissance des remèdes étaient accusées d’avoir pactisé avec le diable », rappelle Claire Gavray, Docteur en sociologie et enseignante au Master en études de genre à l’ULiège. Pour la Présidente du FERULiège , «On peut se réjouir d’une meilleure parité hommes/femmes dans la recherche médicale, mais la parité n’est pas le tout ! Nous restons héritiers d’une longue tradition symbolique qui continue à organiser une hiérarchie entre hommes et femmes, mais aussi entre ce qui est considéré comme masculin ou féminin dans le domaine de la santé ». De nombreuses études s’accordent de fait à montrer que la recherche médicale est encore largement faite par les hommes et pour les hommes, « considérant le corps de l’homme comme le corps de référence, alors que de nombreuses connaissances ne sont pas transposables au corps de la femme ». LA SCIENCE MÉDICALE SE CONJUGUE TOUJOURS AU MASCULIN Aujourd’hui, les femmes sont autant, voire plus nombreuses que les hommes dans les professions scientifiques. Cependant, leur nombre diminue au fil de l’évolution de carrière, et elles restent très minoritaires dans les postes à responsabilité. À l’ULiège par exemple, toutes Facultés confondues, elles sont 52 % parmi les chercheurs en début de carrière mais seulement 33 % parmi les scientifiques confirmés, et représentent seulement 27 % du corps enseignant en 2020. Du côté du CHU de Liège, seules 8 femmes occupent des postes de chef de Service, contre 33 hommes. Par ailleurs, une étude récente publiée dans la revue Science (18/06/2021) montre que seuls 25 % des brevets médicaux ont été déposés par des femmes au cours de trente dernières années. Pour l’auteur, cela se traduit par une désertification du champ de la santé féminine : «Les chercheurs masculins ont eu tendance à minimiser, voire à ignorer carrément, les besoins médicaux des femmes ». Pour Claire Gavray, «À ces rapports de pouvoir entre hommes et femmes s’ajoute la persistance d’un certain sexisme dans les milieux scientifiques. Ce qui fait que les femmes, pour réussir dans leur carrière, auront souvent tendance même inconsciemment à privilégier des sujets de recherche plus masculins ». LA SANTÉ FÉMININE EST RÉDUITE À SA FONCTION REPRODUCTRICE «Globalement, le milieu de la santé reste très imprégné de préjugés culturels, hérités du temps où le « sexe faible » restait cantonné au foyer. Ces préjugés sont intériorisés par les femmes elles-mêmes, et influencent la façon dont elles perçoivent leur santé », estime la sociologue. «La médecine féminine demeure ainsi essentiellement centrée La recherche médicale néglige-t-elle les femmes ? CLAIRE GAVRAY Docteur en sociologie et enseignante au Master en études de genre

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