Journée mondiale du braille

14 COMITE DE PATIENT | LA CHRONIQUE In memoriam: Georges Larbuisson «Le médecin n’a pas prononcé le mot de cancer. C’est moi qui ai dû le prononcer. C’est souvent comme cela que ça se passe, je pense. C’est le patient qui verbalise. Les médecins mettent en place les éléments pour que le patient verbalise de lui-même ». «Vous me donnez encore combien de temps à vivre ? » «J’ai avoué au médecin que c’est mieux d’être pessimiste. Quand on se trompe, on ne vous en veut pas. Alors que si vous êtes optimiste et que vous vous trompez, on vous en veut.» «Quand un soldat part à la guerre, il sait qu’il peut mourir, mais il a l’espoir de ne pas mourir. Quand il monte sur l’échafaud, il sait que la mort est inéluctable. » écrivait-il en copiant Dostoïevski. Sur cette citation, il entend qu’ils sont encore peu nombreux les médecins qui sont habitués à ne plus être les miraculeux guérisseurs ou les impuissants s’excusant de ne pouvoir guérir. Et c’est à cemoment-là que doit émerger un autre rôle dumédecin: celui d’accompagner un patient dans la fin de samaladie, dans la fin de sa vie. Le soignant possède le savoir – Le patient possède le ressenti Nous ne comprenons pas pourquoi notre corps ne suit pas toujours le mouvement, pourquoi il réagit douloureusement, pourquoi il nous montre nos limites dans la douleur Dans le décours de la vie d’une institution, il est des moments heureux au cours desquels nous sommes appelés à souhaiter toute la réussite possible à l’occasion de la venue ou la promotion d’une nouvelle ou d’un nouveau collègue. À l’opposé, il est des moments d’intense amertume lorsque nous devons déplorer le voyage sans retour de celle ou celui qui aura marqué notre vie de son honnêteté tant morale qu’intellectuelle, de son intelligence exaltée par son altérité, de son franc parler au service de son engagement humaniste … de tout ce qui fait d’un Homme une image reconnue et respectée. GEORGES LARBUISSON ÉTAIT DE CETTE TREMPE En octobre 2015, Georges est sollicité par la direction générale et la direction médicale du CHU pour mettre en œuvre les objectifs du premier en date des Comités de Patients de Belgique. Jusqu’en janvier 2019, Président de ce Comité, il se dépensera au service du mieux-être du patient, défi qu’aucun autre avant lui n’avait eu l’intuition de lancer. La base de sa réflexion était : Dans cette simplemais évidente controverse résidait le pari de la complémentarité et de l’équité dans le domaine de la Santé Publique que Georges Larbuisson avait accepter de prendre. La Loi sur les Droits du Patient était promulguée depuis 2002. Encore fallait-il en appliquer les principes fondateurs sur le terrain à savoir rendre la médecine participative. Soucieux d’une analyse honnête et équitable, Georges tenait aussi à rappeler dans le corps de son premier article au sein de ce journal ce besoin de complémentarité du patient avec le corps médical. Tout était donc à faire tant dans le chef des soignants que dans celui des patients. Sans encore le savoir, il enregistrait l’acte de naissance d’une des préoccupations essentielles de la Santé Publique. Romaniste de formation, il connaissait les mots qui interpellent les bonnes volontés. Il connaissait la rhétorique des cœurs. Il vivait l’angoisse d’un patient sans maladie, d’un souffrant non identifié. Romaniste de formation, disions-nous, il usait de l’étymologie du mot «patient » (le latin «pati ») à savoir souffrir ou endurer. Par respect et par reconnaissance, le Comité de Patients du CHU de Liège lui laissera le dernier mot de « l’absent inévitable » tel qu’il s’était identifié comme ultime patronyme à l’attention incrédule de ses amis. Avec toute notre reconnaissance et notre respect, Monsieur Larbuisson. Jacques GLAUDE

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