Le père noël existe !

10 LFONDATION LEON FREDERICQ I LE CHERCHEUR DU MOIS Arnaud Lombard : « Je cherche pour Adrian » ! Le glioblastome est le cancer cérébral le plus agressif et le plus fréquent chez l’adulte. Arnaud Lombard, jeune chercheur liégeois de 33 ans, s’intéresse à la maladie qui a emporté son ami Adrian Le glioblastome est le cancer cérébral le plus agressif et le plus fréquent chez l’adulte. Sa prise en charge est particulièrement di–cile car cette tumeur est peu sensible aux traitements actuels et récidive donc de manière systématique. Par conséquent, l’espérance de vie des patients sou™rant d’un glioblastome est particulièrement courte et, tout au long de leur prise en charge, leur qualité de vie s’altère progressivement. C’est ce que Arnaud Lombard, chercheur de 33 ans, voudrait changer. Arnaud Lombard a fait ses études secondaires à Saint-Benoit Saint-Servais en option mathématiques fortes et sciences fortes pour devenir ingénieur. Il décide finalement de s’orienter dans le domaine médical. En 2006, il entame un bachelier en Médecine à l’ULiège et continue avec un master qu’il obtient en 2013. Il se spécialise en neurochirurgie. Parallèlement à cela, il réalise une thèse de doctorat en sciences biomédicales au sein du laboratoire du Professeur Rogister sur le glioblastome et obtient son doctorat la même année. Il travaille actuellement au service neurochirurgie du CHU de Liège et occupe le poste de spécialiste post-doctorant au FNRS au sein du GIGA-Neuroscience. UNE THÉRAPIE PERSONNALISÉE L’étude que le chercheur liégeois mène s’intéresse aux cellules tumorales souches, qui semblent être à l’origine de la récidive du glioblastome. Celle-ci s’articule autour de plusieurs étapes. « La première consiste à utiliser du tissu tumoral qui provient de patients et de le mettre en culture tout en gardant le caractère dit « souche » des cellules, c’est-àdire leur capacité à pouvoir redonner une tumeur si le tissu est isolé de sa tumeur initiale. » La deuxième consiste à analyser ces cellules. «Nous les envoyons en analyse de « spectrométrie de masse » pour étudier l’ensemble des protéines qu’elles expriment au niveau de leur membrane (qui sépare l’intérieur de l’extérieur d’une cellule). » Pour analyser les données obtenues, il faut nécessairement travailler avec des outils bio-informatiques. « Ces outils nous ont aidés à sélectionner les protéines de membranes qui étaient plus exprimées par la tumeur que par le tissu cérébral sain. Ils nous ont permis ensuite d’a–ner encore un peu plus l’analyse en sélectionnant les protéines qui étaient bien exprimées par les cellules tumorales et non par des cellules immunitaires qui pourraient avoir envahi la tumeur. » Ce processus lui a permis de déterminer un panel de 15 protéines membranaires actuellement en cours de validation au laboratoire. L’étape suivante, qui vient d’être entamée, concerne les protéines qui ont déjà été validées. « Il y en a deux sur lesquelles nous avons déjà beaucoup avancé. On a produit de tout petits anticorps, qu’on appelle des nanobodies, contre ces protéines. On les a ensuite associés à des virus qui ont une capacité oncolytique, qui sont capables de détruire les cellules tumorales. Le concept est que le virus soit capable d’induire la mort sélective des cellules tumorales, à la condition qu’elles expriment le marqueur membranaire ». Avec l’aide du laboratoire du Professeur Sadzot, Arnaud Lombard a développé un virus oncolytique contre l’une des deux protéines déjà validées. « On a montré in vitro et in vivo que le virus est e’cace contre les cellules tumorales qui expriment le marqueur membranaire ». L’étape ultime serait d’apporter ce nouveau traitement selon une approche translationnelle. « Le but est de pouvoir utiliser ces virus, ciblés contre les protéines, chez le patient. Il va sans doute falloir qu’on développe un virus pour chaque protéine. À terme, l’objectif est d’obtenir une thérapie personnalisée en fonction du type d’expression de protéine de la tumeur du patient. »  LA COURTE ESPÉRANCE DE VIE, C’EST MON MOTEUR La complexité de cette maladie a toujours intéressé Arnaud Lombard. « Je m’y suis intéressé très rapidement, dès les débuts de mon assistanat en neurochirurgie. La courte espérance de vie des patients atteints de glioblastome était quelque chose que je n’acceptais pas facilement. » On estime l’espérance de vie entre 15 et 18 mois. « On observe des progressions majeures dans di‰érents domaines de la médecine, mais pour le glioblastome, il n’y a pas eu d’amélioration significative pour la survie des patients depuis bientôt 15 ans. Essayer d’améliorer un peu la survie de ces patients est à la fois motivant, mais surtout urgent ». Durant la réalisation de sa thèse, Arnaud Lombard a bénéficié d’unmandat Télévie, ce qui lui a permis de débloquer du temps pour la recherche, et de plusieurs prix de la Fondation Léon Fredericq, notamment le Prix Frédéric van den Brule. « Pour l’étude actuelle, c’est grâce au FNRS que je peux continuer à mener ma recherche. D’autre part, je continue à postuler pour des prix avec la Fondation Léon Fredericq, ils sont indispensables pour faire fonctionner le laboratoire. » En plus du FNRS, il est également le lauréat de la bourse Adrian Mastrodicasa « C’est un prix un peu particulier pour moi. Je connaissais très bien Adrian parce qu’on a fait nos études ensemble. Dans la mesure où je fais de la recherche sur la tumeur qui l’a emporté, je suis très fier d’en être le lauréat. » MILÉNA DE PAOLI Dans la mesure où je fais de la recherche sur la tumeur qui a emporté mon ami, je suis très fier d’être le lauréat de la bourse qui porte son nom ARNAUD LOMBARD Chercheur

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