Année record pour la Fondation Léon Fredericq

03 echerche PR. JACQUES BONIVER Administrateur FLF «Si l’Etat veut que la recherche se concentre sur des domaines particuliers, qu’il la finance ! » Aujourd’hui, le Télévie génère 13,3 mil- lions € (en 2019. 10,6 millions en 2020 et 2021). Cet argent est directement remis au FNRS où le Pr Arsène Burny préside la commission Télévie et se mouille comme personne pour drainer les euros néces- saires au financement de la recherche en cancérologie. Les sommes récoltées sou- tiennent les projets retenus par le FNRS. « Et les cinq universités se partagent les montants. Pour Liège, ce sont 30 % du mon- tant qui sont réinvestis dans la recherche, ce qui est plus que le ratio « habituel » de l’Université dans le paysage universitaire francophone, ratio qui est d’environ 22 %. Comme le FNRS se base sur des projets, nous pouvons en déduire que les chercheurs liégeois sont performants ». LE LIEN AVEC LE FNRS POUR VISER L’EXCELLENCE Ce lien entre le FNRS, le Télévie, la Fonda- tion Léon Fredericq et le CHU/L’ULiège est très fort… et entretenu. «Ainsi, tous les doc- torants FNRS, aspirants FRIA-Télévie liégeois reçoivent automatiquement de notre Fonda- tion un crédit de fonctionnement de 5000 €/an ». Mais la bonne entente va plus loin. « Le Fonds André Daners, qui est nouveau de cette année, est révélateur de cette synergie : la Fondation roi Baudouin reçoit un legs pour financer une recherche sur le cancer du pou- mon à Liège. Elle contacte la FLF et c’est une chercheuse liégeoise prometteuse, Marie-Julie Nokin, qui revient d’un post-doc à l’Université de Bordeaux, qui voit son projet de recherche présenté par le Pr. Didier Cataldo, pneumo- logue, du Labo de biologie des tumeurs. Ce projet a été retenu non seulement par la Fon- dation pour le subside André Daners mais aussi par le Télévie. Sa recherche ? Le cancer du poumon résiste aux médicaments ciblés qui sont utilisés actuellement. Elle étudie la façon de contourner ces résistances ». Mais qui choisit de financer telle ou telle recherche ? « Pour le Télévie, c’est le FNRS à travers une commission scientifique com- posée d’experts belges et étrangers. Pour la Fondation, c’est le Commission Perma- nente Facultaire à la Recherche (CPFR) de la Faculté de Médecine, que préside Bernard Rogister et qui est composée de chercheurs de l’Université et parfois renfor- cée par des collègues extérieurs et ce pour éviter le risque de copinage ». La FLF n’échappe pas au reproche de saupoudrage en acceptant toutes les thé- matiques de recherche biomédicale. Ne serait-il pas préférable de se focaliser sur une pathologie en particulier pour concen- trer les efforts ? « Le Télévie aussi essuie la même critique. Mais nous préférons, depuis la création de la Fondation, l’esprit du FNRS rassemblé dans un autre slogan : la liberté de chercher. Nous sommes là pour semer, pour encourager la créativité. Il faut que les jeunes viennent avec des idées nou- velles. Et si l’Etat veut que la recherche se concentre sur des domaines particuliers, qu’elle la finance ! Ce fut le cas avec le HIV et tout récemment avec le COVID. Nous avons reçu cette année, via l’Université, un legs de 690.000 € que le donateur vou- lait consacrer à la recherche sur le cancer du rein. Personne, ni à Liège ni en Wallo- nie-Bruxelles, ne cherche sur ce cancer qui est relativement peu fréquent (3% de tous les cancers). Et bien nous lançons un appel à projets dont Vincent Bours est le promo- teur. C’est cela la liberté de chercher ! » ÉLÉMENT FONDAMENTAL : LA LIBERTÉ DE CHERCHER Il n’y a pas de liberté sans financement et les apports du Télévie et de la Fondation Léon Fredericq sont les garants de cette li- berté. «A la Fondation, nous remercions les donateurs, les organisateurs et les citoyens. Nos apports proviennent pour trois quarts des legs, dont 70 % sont des legs directs pour 30 % de legs duo (voir ci-dessous). Merci aus- si aux notaires et aux «private-bankers » qui nous recommandent auprès de leurs contacts ». Le dernier quart, ce sont les opérations de crowd-fundings, les dons directs de particuliers, les organisations des associations et amis de longue date (les tournois de golf des Mousquetaires ou du «Ladies against Cancer » d’Agathe Verlegh, lamobilisation des «Super-Mec» de Grivegnée ou le Gala de l’Union Saint- Georges à Verlaine,…), ou le travail de la propre structure de la Fondation comme les tournois de golf inter-entreprises au Royal Golf Club du Sart Tilman . «Mais la liberté, c’est aussi de prévoir. Nous avons ainsi capitalisé assez pour pouvoir, même si toutes les sources venaient subitement –Dieu nous en préserve- se tarir, financer nos re- cherches pendant deux ans ». Cette liberté, c’est aussi ce qui motive les chercheurs. Ils ont tous une raison per- sonnelle à mener leurs recherches. Ils savent qu’il y a beaucoup d’appelés mais que peu d’entre eux seront des « cher- cheurs permanents FNRS ». «Le parcours du chercheur est un véritable entonnoir. Il est d’abord doctorant : le chercheur ap- prend. Puis, post-doctorant : il faut partir à l’étranger pour mettre son savoir à l’épreuve et pour s’ouvrir l’esprit à d’autres manières de travailler mais, à la fin, il reste quelque 500 chercheurs FNRS « professionnels ». L’on peut donc comprendre que certains post-doctorants restent dans les structures qui les ont accueillis à l’étranger et ne sont pas revenus. C’est la vie et …la liberté ». LM QUI ÊTES-VOUS [ PR. JACQUES BONIVER ? ] Jacques Boniver a 76 ans et il a déci- dé de retrouver du temps. Il avait en- core une charge dans l’organisation de l’UNILAB au sein de l’Institut de Can- cérologie Arsène Burny. Il la transmet. « Mais je reste actif à la Fondation Léon Fredericq, dans le Télévie et aussi dans l’organisation des conférences et cours à l’Espace universitaire de l’ULiège à Ver- viers » sourit-il, en pensant à Claudine, son épouse. La recherche, c’est toute sa vie. Mé- decin (ULiège) en 1970, spécialisation en anatomie pathologique en 1978. « Je suis alors parti deux ans à Stanford - Ca- lifornie, dans les laboratoires du Pr H.S. Kaplan. Son « Cancer Biology Research Laboratory», « construit à côté du Me- dical Center de l’Université, lui avait été offert par un mécène, qui avait été son patient. C’est l’Amérique ! Quand je suis revenu à Liège, le professeur Betz m’a désigné à la tête de son laboratoire de recherches du service d’anatomie patho- logique dans la tour Patho (au 1 er étage) pour continuer les recherches que je me- nais à Stanford sur la formation des lym- phomes ». En 1981, Jacques Boniver pas- sait son agrégation, le professeur Betz prenait sa retraite en 1985 et Jacques lui succédait …en 1987, après deux ans de palabres intra-facultaires. Aujourd’hui, il suit les jeunes cher- cheurs au travers de « ses deux dino- saures» que sont le Télévie et la Fondation dont il est une des «mémoires vivantes ». Le Télévie 2021 a rapporté 10.617.189 dont 30 % reviennent à Liège pour la recherche. Le FLF remet cette année 4 millions € en bourses et en inves- tissements en matériel. On peut donc dire que, pour la première fois dans leur histoire parallèle et aux objectifs communs, la Fondation Léon Fredericq a investi davantage que le Télévie dans la recherche médicale à Liège. « Mais, pour la Fondation, 2021 a été une année exceptionnelle. On ne refera pas 4millions l’an prochain. On a pu bénéficier de gros legs cette année ». Bernard Rogister, président du CPFR, avec des jeunes boursiers. (Photo MH)

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