La dérive des réseaux sociaux chez les ados

09 25 MAI | JOURNÉE MONDIALE CONTRE LA DOULEUR La douleur chronique, ça se soigne ! E n Belgique, plus d’un adulte sur cinq est atteint de douleurs chroniques. Beaucoup souffrent des années en silence, ignorant qu’il existe une branche de la médecine spécifiquement dédiée au traitement de leur mal w: l’algologie. Ouverture pro- chaine d’une nouveau service au CHU : l’algologie pédiatrique ! « Lorsque la douleur cesse d’être un signal de défense utile pour le corps et s’installe à long terme, elle devient une maladie en soi », entame le Pr. Vincent Bonhomme, chef du service anesthésiste-réanimation (le succes- seur du Pr. JF Brichant admis à la retraite), fraîchement nommé directeur du Centre In- terdisciplinaire d’Algologie du CHU de Liège (anciennement «Centre de la douleur»), en fonction depuis ce 1er octobre. Touchant entre 20 et 25 % de la population adulte, « la dou- leur chronique peut avoir d’énormes répercus- sions sur tous les aspects de la vie quotidienne, sociale, familiale, professionnelle… ». Le drame est que les patients mettent en moyenne dix ans avant de consulter dans un Centre de la douleur. Or plus la dou- leur s’installe dans le temps, plus elle est di cile à traiter et plus ses conséquences risquent de devenir sérieuses. « À long terme, elle provoque des troubles de l’humeur, du sommeil, une diminution de lamobilité, un isolement social…Mais tous ces éléments ag- gravent la douleur en retour ! Bienmalgré lui, le patient entre alors dans une série de cercles vicieux dont il est di cile de se dépêtrer. Ainsi plus on a mal, moins on bouge. Mais moins on bouge, et plus on a mal ! ». QU’EST CE QUE L’ALGOLOGIE ? L’algologie s’intéresse à la prise en charge de la douleur, quelle qu’elle soit. Pour le Pr. Bonhomme, « Cela ne se limite pas à des médicaments et des actes techniques de traitement et de soulagement de la douleur. C’est insu sant : il s’agit aussi de briser les cercles vicieux impliqués dans les méca- nismes de chronicisation de la douleur, qui sont en partie comportementaux, psycho- logiques, sociaux, etc. C’est pourquoi l’al- gologie propose une prise en charge globale adaptée à chaque patient, l’objectif étant de lui rendre la meilleure qualité de vie possible ». Pour cela, l’équipe du Centre Interdisciplinaire d’Algologie du CHU de Liège rassemble des anesthésistes-réani- mateurs, des médecins physiques, des QUI SONT LES ALGOLOGUES ? Spécialistes de la douleur, les algolo- gues sont souvent des médecins anes- thésistes-réanimateurs. Pour une rai- son simple: «Les anesthésistes sont «prédisposés» à l’algologie, car ils maîtrisent déjà la pharmacologie de la douleur de par leur formation, et sont amenés à gérer la douleur post-opéra- toire dans leur pratique au quotidien. Mais tous les anesthésistes-réanima- teurs ne sont pas algologues, comme tous les algologues ne sont pas anes- thésistes: ce sont aussi des rhuma- tologues, des physiothérapeutes…». L’algologie est une compétence sup- plémentaire que certains spécialistes peuvent acquérir au terme d’une for- mation de deux ans. Malheureuse- ment, trop peu s’engagent dans cette spécialisation, si bien que «l’algologie est un métier en pénurie et que nos consultations ne désemplissent pas». neurochirurgiens, des psychiatres, des psychologues, des infirmier(ère)s spécia- lisé(e)s, une assistante sociale… Pour traiter la douleur, les algologues uti- lisent toutes sortes d’« outils », en fonction des cas : « des actes médicaux antalgiques (comme les infiltrations par exemple), des techniques de reconditionnement physique et de rééducation fonctionnelle, des techniques comportementales et psychologiques, mais aussi des techniques innovantes de gestion de la douleur comme l’hypnose et l’auto-hyp- nose, la musicothérapie, la relaxation en ré- alité virtuelle... ». MAL UN JOUR, MAL TOUJOURS? Plus d’un tiers des douleurs chroniques trouvent leur origine dans une opération chirurgicale ou un accident (voir encadré). Le Pr. Bonhomme explique : « une douleur aiguë qui n’est pas traitée ou mal traitée risque de devenir chronique ». En cause : les fameux cercles vicieux de comportements liés à la douleur, mais aussi cet étrange phénomène de « mémoire de la douleu r» de notre corps, qui continue à la reproduire même lorsque sa cause a disparu. C’est pourquoi les algologues et les anesthé- sistes-réanimateurs s’occupent aussi « de traiter les douleurs aiguës le mieux possible, pour éviter qu’elles ne se chronicisent ! ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, traiter la douleur ne signifie pas la supprimer entièrement : « On sait par exemple aujourd’hui que l’excès d’opioïdes (de puissants antidouleurs) après une chirurgie favorise l’apparition de douleurs chroniques, car ils augmentent notre sensibilité à la douleur ». Lorsque la douleur est devenue chronique, « la prise en charge vise à fixer avec les patients des objectifs raisonnables, qui ne correspondent pas nécessairement à une absence totale de douleur ». Le tout est donc de parvenir à un seuil de douleur ac- ceptable pour le patient, qui lui permette de retrouver une qualité de vie satisfaisante. SOIGNER LA DOULEUR CHEZ L’ENFANT : UNE FUTURE SPÉCIALITÉ DU CHU Si la plupart des patients douloureux sont adultes, « la douleur touche malheureuse- ment parfois aussi des enfants, notamment dans les cas de cancer », déplore le Pr. Bon- homme. En tant que nouveau directeur du Centre Interdisciplinaire d’Algologie, il entend bien y développer prochainement une filière de prise en charge en algologie pédiatrique, car « l’o re dans ce domaine est actuellement assez pauvre en région liégeoise. Or il y a unmonde de di érence entre la prise en charge de la douleur chez l’adulte et chez l’enfant ! ». Jen D. POURQUOI A T ON MAL ? Palmarès des causes de douleur chronique en Belgique Source : Rapport d’étude SPF Santé publique, « Prise en charge de la douleur chronique en Belgique », 2011. usure des os/articulations opération accident autre maladie ostéoporose radiothérapie chimiothérapie blessure sportive ,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0 VINCENT BONHOMME Chef du service anesthésiste-réanimation Directeur du Centre Interdisciplinaire d’Algologie

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