Télétravail : ne soyez pas « workaholic » !

08 28 AVRIL | JOURNÉE MONDIALE DE LA SANTÉ Equilibre vie privée-vie professionnelle : ne soyez pas « wo L ’addiction au travail, c’est quand travailler prend le dessus sur la vie privée. Et le télétravail n’a fait qu’ac- croître le phénomène. Entretien avec JoefreyWibrin, responsable SIPPT au CHU de Liège L’addiction au travail est devenue un phénomène trop courant ces dernières années. Et le télétravail lié à a crise sa- nitaire n’a pas aidé à lutter contre ce genre de comportement. À l’occasion de la journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail (28 avril), nous avons rencontré Joefrey Wibrin, responsable du Service interne pour la prévention et la protection au travail (SIPPT) au CHU de Liège afin de définir ce qu’est être «workaholic » et de trouver des solutions face à cette dépendance. ÊTRE ADDICT AU TRAVAIL, QU’EST-CE QUE C’EST ? Il existe plusieurs symptômes de l’addic- tion au travail : cela ne vous gêne pas de travailler 12 heures par jour, vous res- sentez le besoin d’être toujours connecté à votre travail, vous avez du mal à vous détendre, vous avez un investissement anormalement exagéré au sein de votre boulot ? Alors vous êtes «workaholic ». «Une personne qui est addict à son travail, c’est une personne qui ne pense plus qu’à ça, qui ne sait pas décrocher et qui consacre presque tout son temps à ses tâches pro- fessionnelles » nous explique Joefrey Wibrin. « Cela arrive soit parce qu’on a énormément de choses à faire, qu’on ne sait pas dire non ou qu’on est hyper impliqué » continue-t-il. Les risques liés à cette dépendance sont nombreux. On pense trouver beaucoup de bonheur dans les résultats obtenus dans l’hyper-implication, mais cela mène à une fragilité qui a tout moment peut faire défaillir une personne. Cela peut en- trainer un retrait sur soi-même, la perte de contacts essentiels, de repères et en- trainer une personne vers un «burn-out ». LES RÉPERCUSSIONS DU TÉLÉTRAVAIL Suite aux décisions gouvernementales, la majeure partie des travailleurs belges ont été mis en télétravail. Une décision qui n’est pas restée sans conséquence. En effet, en plus de perdre des repères sociaux dû à l’isolement et les difficultés d’être toute la journée au sein du cercle familial, le télétravail a également en- trainé des abus de confiance de l’em- ployeur envers son employé dans un encadrement qui n’était pas favorable au travail. De fait, si certaines personnes ont préféré travailler de chez elles, d’autres ont res- senti beaucoup plus de difficultés à être proactifs à domicile. Lemélange constant entre vie privée et vie professionnelle est un des risques du télétravail, entrainant l’anxiété d’obtenir des résultats. «Le tra- vailleur, de chez lui, est pris entre deux feux : soit je travaille moins, soit j’en fais trop. C’est un exercice à double tranchant car il y a peu de contrôle social ou managérial » nous confirme le responsable du SIPPT. Une difficulté de travailler à domicile, c’est de savoir quand s’arrêter. Il n’y a en effet plus de « sas décompensatoire » possible entre le lieu de travail et le domicile et donc plus de frontière entre le moment où l’on travaille et celui où on rentre chez soi. De plus, le fait d’être confiné et par conséquent de ne plus avoir accès aux activités extérieures a provoqué une hy- per-disponibilité du travailleur pour son travail. Il se lance donc un cercle d’heures supplémentaires qu’il ne comptera pas, mettant à mal sa vie privée et son bien- être personnel. « Il n’y pas de raison à se JOEFREY WIBRIN Responsable du Service interne pour la prévention et la protection au travail (SIPPT) au CHU

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