Télétravail : ne soyez pas « workaholic » !

03 pas disparaître hantement » y a eu à peu près 80 cas de thrombose tout à fait particulière, accompagnée d’une chute des plaquettes. Et les cas ont prin- cipalement été décrits chez des jeunes. Des cas d’une grande rareté : 80 cas pour des dizaines de millions de doses de vac- cin. On a décidé quand même de jouer la prudence et réserver le vaccin aux plus âgés puisque ce sont eux qui sont le plus à risque et que, par ailleurs, ce n’est pas chez eux que ces formes très particulières de thrombose ont été observées. Tout cela est très logique, mais peut donner de loin une impression de cacophonie, comme on l’a dit dans les médias. ■ En Belgique, on a décrété un moratoire d’un mois en attendant les conclusions. Il faut savoir que on en est à l’ordre de la plausibilité, c’est à dire qu’on pense qu’il est possible que ces quelques dizaines de cas soient liés au vaccin. Mais ce n’est pas sûr. On n’a pas de mécanisme, on n’a pas de preuve de lien de cause à effet et il pourrait tout à fait s’agir d’un phénomène de biais de rapportage. Tout simplement parce qu’on a été très, très, hyper atten- tifs à tout ce qui se passe chez les vacci- nés. Et donc, on a rapporté plus qu’on ne l’aurait fait l’année dernière ou l’année auparavant. Des phénomènes qui exis- taient déjà avec une incidence semblable. Maintenant, tout ça reste à démontrer. C’est la raison de ce moratoire. ■ AstraZeneca suspendu, qu’en est-il de ceux qui ont reçu une première dose ? Doivent-ils avoir une deuxième dose adéno- virus ou peuvent-ils recevoir un vaccin ARN Messager ? Encore une fois, c’est le genre de dé- cision qui devrait être prise de façon concertée. Mais d’un point de vue im- munologique, il n’y a strictement au- cune raison qui empêcherait ce « mix » de deux types de vaccin. Il y a même des arguments qui suggèrent que la qualité de la réponse sera meilleure en mélangeant, si je puis dire, de l’ARN Messager et de l’Adeno. C’est d’ailleurs ce qui se fait dans d’autres types d’es- sais vaccinaux, où on montre que la qualité de la réponse est améliorée par des vecteurs différents. ■ Le Johnson & Johnson arrive quant à lui tout doucement dans les centres de vaccination. J’ai lu comme tout le monde qui avait quelques milliers de doses qui étaient ar- rivées sur les 5 millions qui ont été com- mandées. L’intérêt, évidemment, étant là la preuve qu’une protection suffisante conférée par une seule dose. Ce qui veut dire que, en principe, si on a nos 5 millions de doses, ça voudrait dire 5 millions de personnes vacci- nées en plus… ■ Aujourd’hui, le Pfizer est le seul vaccin dont l’approvisionnement est assuré, mais c’est à présent son efficacité contre le variant sud africain qui est remise en doute. C’est une fausse nouvelle. Il faut dire qu’on savait déjà depuis plusieurs se- maines, voire plusieurs mois, que les anticorps générés par les vaccins, qu’il s’agisse du Pfizer, du Moderna ou d’AstraZeneca, étaient un peu moins efficaces contre le variant sud-africain avec une perte de pouvoir neutralisant de l’ordre d’un facteur 3 ou d’un facteur 4. Sans savoir exactement ce que ça voulait dire en terme de protection réelle. Il y a une petite étude israélienne, non publiée d’ailleurs, qui est sortie : ils ont pris 400 personnes vaccinées par le vaccin Pfizer et 400 personnes non vaccinées. Toutes ces personnes avaient la COVID. On sait que la protection n’est pas de 100 %. Il est possible dans les suites immédiates du vaccin parce que c’était pris relati- vement tôt, de contracter la COVID. Ils ont analysé chez ces 400 personnes avec une COVID non vaccinés et chez ces 400 personnes avec une COVID en étant vac- cinés la proportion de ceux qui avaient le variant sud-africain. On retrouvait plus souvent le variant Sud-Africains chez ceux qui avaient été vaccinés que chez ceux qui ne l’avaient pas été. Mais, en nombre absolu, la protection conférée par le vaccin était tout à fait majeure. Ce que l’on a simplement vu est une sur-re- présentation d’une souche sud-africaine chez ceux qui avaient été vaccinés, alors que chez ceux qui ne l’étaient pas, les va- riants plus classiques étaient arrivés sur le dessus du pavé. Un peu compliqué à ex- pliquer comme ça. Mais quand on prend la peine de comprendre cette étude, il n’y a absolument rien d’étonnant, ni rien d’inquiétant par ailleurs. ■ C’est l’accélération de la vaccination qui ralentirait l’apparition de mutations du virus. Faut-il s’ouvrir aux autres vaccins ? Où en est la procédure d’agrégation du Spoutnik en Europe ? Le vaccin par lui-même n’a pas d’impact sur l’émergence aléatoire des mutations. Mais c’est réellement le degré de circulation, le nombre de personnes infectées, qui va don- ner un coup d’amplification aux mutations en question. Plus vite, on arrive à éteindre la transmission du virus, moins grande sera la chance pour ces mutations de se développer. C’est une véritable course de vitesse. Et avec les doses que nous avons pour le moment, les quatre vaccins (deux ARN Messagers, deux Adenovirus et peut être le CUREVAC qui arrivera dans les mois qui viennent) ne permettent pas couvrir la population assez vite. Peut-être que le Spoutnik serait une bonne idée. Un dossier est déposé à l’EMA, mais ce n’est pas en- core un dossier de demande de mise sur le marché. C’est une demande, c’est une world review, c’est à dire un processus pendant lequel, en temps réel, l’EMA est tenu au courant des résultats aussi bien d’études cliniques que des résultats réels. L’EMA disposera alors d’un dossier très complet au moment où la demande de mise sur le marché sera soumise. Mais tout cela peut encore prendre des mois. LM

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