Festival Image et Santé en virtuel du 22 au 27 mars

19 ENTRETIEN I AVEC LE REALISATEUR ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR Christophe Hermans : «Être inƓrmière ou inƓrmier, ce n’est pas seulement donner des soins !» Trois quart des personnes à l’écran sont des femmes. Des femmes fortes, qui soulèvent, et portent le poids de psychologies lourdes. «En attendant la deuxième vague» est aussi une ode à la femme… Comment est née l’idée de Ɠlmer l’hôpital en pleine crise? Au début de la pandémie, j’ai perdu un col- lègue ingénieur du son, Marc Engels, décédé du Covid. Cela m’a donné l’envie de m’im- merger au sein d’un grand hôpital, pour voir comment vivait le personnel hospitalier. Je pense que le rôle du documentariste est d’aller porter sa caméra là où ça se passe, comme un témoin de guerre. Aussi, c’était le moment où l’on commençait à applaudir aux fenêtres… Et chaque jour je voyais dé- ler à la télévision des images anxiogènes, comme celles des hôpitaux italiens. Mais j’avais la sensation que cela ne re était pas la réalité. Alors j’ai voulu partir à la ren- contre de ces visages, de ces corps en lutte qui portaient tant de vies de patients sur les épaules… En quoi votre regard diffère-t-il de celui des médias? Pour moi, les médias ont un discours tron- qué, sensationnaliste : ils cherchent des images et des phrases choc pour alarmer la population et la faire réagir. Bien sûr, la réalité est anxiogène, mais au CHU on n’était pas non plus en train d’entasser des lits superposés dans les couloirs ! Même s’il a eu des di cultés, l’hôpital a su s’organiser progressivement et gérer la crise… Avec ce documentaire j’ai voulumontrer un autre point de vue, plus humain. Et restituer la parole aux soignants, particulièrement aux soignantes. Trois quart des personnes à l’écran sont des femmes. Des femmes fortes, qui soulèvent, et portent le poids de psycho- logies lourdes. En attendant la deuxième vague est aussi une ode à la femme… Le tournage n’a pas dû être simple… La première di culté a été de trouver un ingénieur du son qui accepte de m’accompa- gner en immersion auCHU. On connaissait encore mal la maladie, et la crainte était grande ! Finalement, Yves Bemelmans a accepté. Et comme il était inconcevable de pénétrer dans les chambres à plus que deux, j’ai géré seul la caméra. Nous avons suivi les mêmes règles que les soignants : désinfection, com- binaison, FFP2… Nous avons aussi coupé tous nos contacts avec l’extérieur et sommes restés tous les deux en quarantaine chez moi. Malgré la crise que traversait l’hôpital, le CHU et son administrateur délégué Julien Compère ont eu con ance dans notre dé- marche et nous ont ouvert toutes les portes pour le tournage, y compris aux réunions du Comité de crise. Sur les lieux, il a fallu du temps pour trou- ver nos marques et gagner la con ance des patients et des soignants… Ce n’est pas rien ! Accepter la présence de la caméra dans de tels moments, c’est aussi accepter de montrer les faiblesses et les doutes à l’écran… Comment avez-vous vécu cette expérience? Peut-on en sortir indemne? Ce qui m’a marqué lors du premier tour- nage, c’est à quel point les soignants ont été eux-mêmes a ectés par l’absence des familles et l’interdiction des visites. Parce que la relation aux gens, c’est ce qui fait le sens de leur métier. In rmier, ce n’est pas seulement donner des soins ! Ce sont des accompagnants, des psychologues… Leurs journées sont hallucinantes, ils ne s’arrêtent jamais ! Le tournage de la deuxième vague a été beaucoup plus dur. Voir ce que les soi- gnants ont enduré tout du long, puis les malades, les burn-out, les démissions... Car entre les vagues, ça ne s’est jamais arrêté ! Et même avec un regard exté- rieur, c’est terrible à vivre. On a la mort et la sou rance en tête tout le temps. Aussi, j’avais beaucoup d’a nités avec un patient que je lmais… Mais il a malheureusement succombé à la mala- die. J’ai beau travailler dans la culture, ces images me restent en tête et m’em- pêchent de décon ner. JEN D. CE QUI M’AMARQUÉ LORS DU PREMIER TOURNAGE, C’EST ÀQUEL POINT LES SOIGNANTS ONT ÉTÉ EUX-MÊMES AFFECTÉS PAR L’ABSENCE DES FAMILLES ET L’INTERDICTIONDES VISITES EN ATTENDANT LA DEUXIÈME VAGUE UN DOCUMENTAIRE BELGE RÉALISÉ PAR CHRISTOPHE HERMANS (2021) MERCREDI 24 MARS 2021 20H45 SUR LA 25 e HEURE Suivie d’une rencontre-débat avec le réalisateur et le personnel du CHU de Liège : Julien Compère (Adminis- trateur délégué), Dr Christelle Meu- ris (Infectiologue), Carine Thirion (Inwrmière responsable Infectiologie) et Patricia Modanese (Inwrmière res - ponsable Soins intensifs). Sélection: «Soulever des Montagnes» 6€ Infos et tickets : www.imagesante.be Le Ɠlm sera aussi diffusé le mardi 16 mars sur la RTBF (la Trois) à 22h00 Yves Bemelmans (preneur de sons) & Christophe Hermans (réalisateur)

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