L'IRM 18 déstresse

7 27/01/2021 Publication du rapport du Pr Herman Goossens sur les contaminations dans les écoles 27/01/2021 Le cap des 100 millions de contaminations dans le monde est dépassé 27/01/2021 Le KCE lance une enquête pour connaître les besoins des patients Covid longue durée écrans qu’ils vont se mettre automatique- ment à faire plus de sport ». LAISSER FAIRE EST SOUVENT LAMEILLEURE ATTITUDE Beaucoup de parents se demandent s’ils doivent encadrer les appétits de leur progéniture, en limitant par exemple le nombre d’heures sur écran. Mais pour le psychologue, « progressivement en fonction de l’âge, la plupart des ados sont tout à fait capables de gérer eux-mêmes et le font naturelle- ment. Dans ce cas, pourquoi faire des règles pour faire des règles ? S’il faut édicter des règles (par exemple plus de tablette après 23h), elles doivent être claires et prévisibles, discutées à l’avance, pour ne pas générer de frustration. Sans perdre de vue l’objectif : que le jeune devienne autonome vers 16- 17 ans ». Dans tous les cas, mieux vaut com- muniquer que condamner, car l’édu- cation aux médias ne se limite pas à une régulation du temps d’écran: « faire preuve d’ouverture, s’intéresser à ce qu’il fait sur le net, en parler, pourquoi pas jouer avec lui… Car si on adopte une posture de défiance par rapport au nu- mérique, on sera la dernière personne à qui il viendra se confier s’il ren- contre un souci, qu’il s’agisse de cyberhar- cèlement ou d’autres dérives qui peuvent impacter de façon importante le bien-être de nos jeunes » JEND JOURNEE MONDIALE I LES ECRANS NE SONT PAS TOXIQUES ! C onfinement et école à dis- tance ont plus que jamais acculé les ados derrière leurs écrans, suscitant l’inquiétude de nombreux parents. Pourtant, dévorer les écrans n’est pas forcément problématique, au contraire! Psychologue spécialiste des usages numériques, Pascal Mi- notte tempère les craintes et remet le débat en perspective. C’est la contribution du journal « Le Pa- tient » à la journée mondiale des télés et donc des écrans ! Depuis bientôt un an, l’essentiel de la vie des plus de 12 ans passe par le numérique : contacts sociaux, loi- sirs et même apprentissage scolaire. Risquent-ils pour autant de devenir « accro » ? « Les médias numériques ne sont pas une drogue ! », réagit Pascal Mi- notte. « Souvent accusés de tous les maux, y compris par certains profession- nels mal informés, les écrans ne sont pour- tant pas nocifs en soi, pas plus qu’ils ne provoquent de dépen- dance à la manière d’un psychotrope. Des termes comme «addiction» ou « sevrage » n’ont aucun sens ! ». Pour le psychologue, « Toute nouveauté sociotechnique a toujours suscité des craintes. D’où une approche médicalisante, comme si l’usage massif des écrans était une maladie ». À cette défiance s’ajoute l’idée vieille comme le monde « que les ados sont néces- sairement idiots et feignants. De tout temps, les adultes ont tenté de gérer leurs excès et leurs turbulences, pourtant normales: avant, on faisait appel aux curés. Aujourd’hui, aux psys! ». NON, ILS NE «GLANDENT» PAS SUR LEUR TABLETTE! Les adultes « ont souvent des représen- tations stéréotypées de ce que les ados font réellement sur le net. Mais dans les faits, on constate plutôt une richesse et une diversité des usages. Ils socialisent, se distraient, et passent souvent beaucoup de temps à se cultiver et à apprendre » : une chorégraphie, une recette de cuisine, un instrument de musique, une langue étrangère, une coiffure, un bricolage… Ce qui déstabilise les parents. « Avant, on demandait conseil à maman ou papa. Désormais les modes de transmission du savoir ont changé, et les ados n’ont plus forcément besoin de se référer à nous ». CONTRE LA SOLITUDE, LESMÉDIAS SOCIAUXONT REMPLACÉ LA RUE En tête des usages : les médias so- ciaux. « C’est un âge où les contacts so- ciaux sont centraux. Socialiser, c’est leur job », résume le spécialiste. « Or pour diverses rai- sons (l’urbanisation, le traumatisme «Dutroux »), ils ne se retrouvent plus en rue comme nous le faisions à leur âge ». C’est encore plus vrai avec les contraintes sanitaires : « les adolescents sont la catégorie la plus empêchée de faire ce qu’elle est censée faire. Seuls les écrans les relient encore au social ! Sans cette techno- logie, jamais on n’aurait pu leur deman- der autant de sacrifices ». De quoi relati- viser leurs « excès » : « ce n’est pas un signe d’addiction, mais bien d’une adaptation fonctionnelle. Les études montrent qu’un usage actif des médias sociaux réduit le sentiment de solitude. De plus, confinés avec leurs parents, les écrans sont une fa- çon de recréer un espace d’intimité ». UN REMÈDE PLUS QU’UNE MALADIE Pour Pascal Minotte, « ce n’est pas la surconsommation des médias numé- riques qui devrait inquiéter chez nos ados, mais leur santé mentale globale ». Dans le contexte sanitaire actuel, les écrans sont bien davantage une solution qu’un problème : « Les usages excessifs sont en général une réponse à une souffrance psychique, une angoisse, un manque… Dans le contexte que nous vivons, les jeux vidéo par exemple per- mettent de gérer le stress, d’éviter de broyer du noir, de trouver de la reconnaissance so- ciale… ». Si les écrans sont accusés de géné- rer troubles du sommeil, anxiété voire décrochage scolaire, « ils en sont souvent la consé- quence plutôt que la cause : parfois, c’est parce que les jeunes font de l’insomnie qu’ils jouent en ligne la nuit et non l’in- verse. Débrancher le wi-fi ne règlera pas le stress à l’origine des problèmes d’endor- missement ! ». Ils ne sont pas non plus la cause principale de la sédentarité ou des problèmes d’obésité : « une étude récente 1 montre que les jeunes consomma- teurs de jeux vidéo font statistiquement plus de sport que les autres ! Par ailleurs, comme le montrent certaines études amé- ricaines, ce n’est pas parce qu’on coupe les «CHEZ L’ADOLESCENT, LES USAGES INTENSIFS NE SONT PAS NÉCESSAIREMENT PROBLÉMATIQUES, ET SONT SOUVENT PASSAGERS.» «LES JEUX EN LIGNE COMME FORTNITE SONT AUSSI DES LIEUX OÙ ILS DISCUTENT ET JOUENT ENTRE AMIS. CE N’EST PAS SI DIFFÉRENT DU MONOPOLY.» CONTRE LA SOLITUDE DES ADOS, LES MÉDIAS SOCIAUX ONT REMPLACÉ LA RUE PASCAL MINOTTE Psychologue et chercheur au Centre de Référence en Santé Mentale (CRéSaM), et dispense des cours à l’Université de Liège sur les usages et usages probléma- tiques du numérique. 1 J. De Wilde, & M. Van Campenhoudt, Les loisirs et pratiques culturelles des jeunes à l’ère numérique en Fédération Wallonie-Bruxelles. Un rapport de l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse & de l’Observatoire des poli- tiques culturelles (2019).

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