L'IRM 18 déstresse

6 Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 26/01/2021 Décision de réduire les activités extrascolaires pour les moins de 12 ans à 1 par semaine 26/01/2021 A ce jour, 408 variants britanniques et 54 sud-africains ont été identifiés par séquençage en Belgique 26/01/2021 Début de la vaccination pour le personnel de Notre-Dame des Bruyères I ls sont les oubliés de cette crise. « Pourtant, ils ont intégré les me- sures de distanciation physique, se sont conformés, de manière silencieuse au départ, à la ferme- ture des écoles et de leurs lieux de vie, de rencontres et d’échanges. Aujourd’hui encore, tous leurs es- paces sont fermés, ou fonctionnent au ralenti : il reste peu d’endroits où les adolescents peuvent poursuivre leur socialisation, s’émanciper, se déployer… Le manque est rée l », constate la Pr Fabienne Glowacz, psychologue clinicienne, directrice de l’Unité de recherche ARCh et du service de Psychologie clinique de la délinquance de la Faculté de Psy- chologie de l’ULiège. « La plupart, pourtant, ont davantage pointé le manque de liens sociaux que le manque de contacts physiques. Or, on sait que ces derniers répondent à des besoins physiologiques, sociaux, émotionnels, relationnels. La créativi- té dont les jeunes ont fait preuve, très vite, pour remplacer la bise rituelle, ne pallie pas nécessairement les manques relatifs à toutes ces dimensions. On sait, par exemple, que le toucher permet de diminuer les tensions internes : plus un individu est privé de toucher affec- tif, plus il risque d’être en tension. Le climat affectif,mais aussi les contacts physiques, les touchers sont, véritable- ment, des antidotes aux tensions et à la violence. » Masqués, confinés, distanciés phy- siquement, les adolescents ne dis- posent pas des supports dont ils ont besoin dans cette période d’ex- périmentation de l’intimité, où le corps est au centre, où les limites et rapprochements physiques sont explorés et où le besoin de proximi- té physique peut être fort pour tester, séduire, regar- der le corps de l’autre, appri- voiser le sien, en plein changement. S’identifier. « Mis en suspens, ce processus peut générer un certain mal-être, sans que l’ado ne comprenne que ce sont ces manques qui génèrent cette dépressivité », souligne Fabienne Glowacz. « Si les contacts virtuels ne remplacent pas les contacts physiques, ils permettent cependant à la fois de maintenir le lien et la fonc- tion sociale de l’amitié, mais aussi de se voir et d’interagir sans masque. Les enfants et les adolescents ont intégré le masque dans leur représentation du monde, mais ils sont privés de repères pour décoder l’expression que le bas du visage, notamment la bouche. » Si l’école a repris, cahin-caha, tous les jours pour certains, à distance pour d’autres, « elle reste un lieu d’apprentissage et de mise à jour des connaissances. Elle devrait être aussi un espace d’échange et de partage, ne pas robotiser les adoles- cents seulement comme des appre- nants, mais les voir comme des sujets qui ont été éprouvés par la crise, sont perdus, en détresse et questionne- ment », estime la Pr Glowacz. Restera, ensuite, quand tout sera terminé, à réacti- ver le lien social, à oublier la peur de « l’Autre », vécu depuis 10 mois comme une me- nace, un danger latent. « Les liens vont se refaire, et le vaccin aidera à favoriser le sentiment de sécurité nécessaire aux rela- tions sociales », conclut la psy- chologue. « Mais il faudra vraiment soutenir les acteurs de la santé et les travailleurs psycho-sociaux, rouvrir les espaces de prévention, participer à la réactivation du lien. Tout cela doit figurer à l’agenda clinique et politique. » F.SI . COVID 19 I ET LES JEUNES «LA PLUPART, POURTANT, ONT DAVANTAGE POINTÉ LE MANQUE DE LIENS SOCIAUX QUE LE MANQUE DE CONTACTS PHYSIQUES» «LES JEUNES DOIVENT ÊTRE MIS À L’AGENDA POLITIQUE» FABIENNE GLOWACZ Psychologue clinicienne, directrice de l'Unité de recherche ARCh et du service de Psychologie de l'ULiège

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