Le Patient 50 / Vaccins, interview optimiste

8 COVID-19 I PATIENTS CANCEREUX D ’avril à janvier, le Service d’Oncologie du CHU de Liège a fait face aux aléas des confinements et aux craintes des patients, avec rigueur et constance. Rencontre avec le Professeur Guy Jérusalem, onco- logue et chef de service. « La pandémie de la Covid-19 a surpris tout le monde. Quand le premier confi- nement a été décidé, avec des allures de fin du monde, nous nous sommes adaptés dans les meilleurs délais à une situation particulièrement complexe : il s’agissait, pour notre service soignant des personnes déjà fortement fragilisées, d’ établir une balance entre le risque d’ interrompre le traitement de nos patients, et celui de les exposer à une infection à la Covid, lors de leurs déplacements notamment », rappelle-t-il. « La littérature interna- tionale sur le sujet était pratiquement inexistante, en raison de la rapidité de la pandémie, mais nous avons pu nous tourner vers nos collègues italiens, confrontés aux mêmes questions avec 2 semaines d’avance sur nous. » Apparaît rapidement l’intérêt de faire porter un masque, tant aux patients qu’au personnel soignant. «Mes collègues italiens faisaient état d’un faible taux de contagion chez leurs patients, probablement parce qu’un patient oncologique, conscient de sa fragilité, a déjà tendance à pratiquer la distanciation sociale. Nous avons donc décidé de traiter normalement nos patients de moins de 65 ans ne présentant aucune comorbidité, et de discuter ouvertement de la situation avec les autres. La plupart ont fait le choix de poursuivre leur traitement », explique l’oncologue. ET LES RETARDS DE DIAGNOSTIC? Le service d’oncologie lance alors, avec le soutien de la Fondation Léon Fredericq, une enquête sur la perception des patients on- cologiques par rapport à la pandémie : une dizaine de questions sur leurs inquiétudes, le niveau de sécurité ressenti, leur comporte- ment à domicile. «Ils éprouvaient à peu près tous une crainte majeure, celle de mourir en cas d’infection. Mais restaient demandeurs de poursuivre leur traitement, et se sentaient en sécurité à l’hôpital », observe Guy Jérusalem. Une autre étude, également réalisée grâce au soutien de la Fondation, a permis de confirmer la sécurité des traitements on- cologiques, même en période de pandémie. Les consultations de suivi ont, initialement, lieu autant que possible à distance, mais l’équipe revient, dès juin, à un fonctionne- ment plus traditionnel : «Non seulement les patients étaient demandeurs d’un contact avec leur médecin mais, pour les soignants aussi, le travail est plus simple en présen- tiel : il est arrivé que des malades prétendent, par téléphone, aller plutôt bien, et que nous constations ensuite que la situation était plus grave qu’ils ne l’avaient dit ! ». Si les séquences de certaines modalités de soins ont été modifiées pour des raisons pratiques, chaque patient a continué à re- cevoir un traitement optimal, et conservé toutes ses chances face à lamaladie. «Notre service n’a, finalement, connu aucune baisse d’activités, ni inscrit de patient sur liste d’attente. La question qui nous préoccupe, aujourd’hui, est celle des retards de diagnos- tic : puisque le nombre de nouveaux cas a diminué, il faut craindre des diagnostics tar- difs, à moyen et à long termes », ajoute Guy Jérusalem. Et de conclure : « Jamais il ne faut hésiter à consulter quand on éprouve un doute ou qu’on se pose des questions quant à sa santé. Même sous prétexte de covid-19 ! ». FRÉDÉRIQUE SICCARD Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 31/12/2020 Tous les indicateurs en diminution pour terminer l’année 01/01/2021 La planète fête la Nouvelle Année sous un air de coronavirus 03/01/2021 Un centre de testing ouvre ses portes à l’aéroport de Charleroi CANCER ET PANDÉMIE : QUELLE STRATÉGIE? PR GUY JÉRUSALEM, Oncologue et chef de service au CHU de Liège

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