Le Patient 50 / Vaccins, interview optimiste

2 Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 16/12/2020 Le Depist-Car du CHU déménage sur le parking du Country-Hall. 16/12/2020 952 décès en 24h en Allemagne 18/12/2020 42 patients hospitalisés pour Covid aux CHU dont 13 aux soins intensifs» • CHU • CHU Edito NE PAS AJOUTER DU BRUIT AU BRUIT Le PrMichelMoutschen est le chef de ser- vice desmaladies infectieuses duCHUde Liège, professeur d’immuno-pathologie à l’ULiège. Il est une référence dès lors que l’on parle d’infections et de vaccins. Une référence qui ne souhaite pas courrir les médias. Il ne les fuit pas mais il privilégie ceux, comme l’émission «Vital » du lundi sur RTC, où il a le temps de s’exprimer, posément, clairement, avec humani- té, avec humilité face aux incertitudes, avec force dans ses propres convictions qu’il présente comme telles, pas comme des vérités absolues. Pour «Le Patient », depuis décembre, il a accepté un entre- tien mensuel pour faire le point sur les vaccins. Il dédouble cette expression par un entretien filmé, un mardi sur deux, pour mettre l’information actualisée à la portée du plus grand nombre. Vous ne le verrez jamais participer à des conflits d’experts dans les médias populaires parce que cela n’y a tout simplement pas sa place. Il ne veut pas « ajouter du bruit au bruit ». LA RÉDACTION Editeur responsable: • Sudpresse - Pierre Leerschool Rue de Coquelet, 134 - 5000 Namur Rédaction: • Frédérique Siccard • Jennifer Devresse • Caroline Doppagne • Charles Neuforge • France Dammel • Milena De Paoli Coordination: • Louis Maraite • Rosaria Crapanzano Photographies : • François-Xavier Cardon Mise en page: • Sudpresse Creative Impression: • Rossel Printing LEMOTWALLON «IL PINSE QUI C'ÈST LU QUI A PIHI L'MOÛSE» «IL PENSE QUE C’EST LUI QUI A PISSÉ LAMEUSE (C’EST UN VANTARD)» Proverbe liégeois COVID 19 I VACCINS ET VACCINATIONS PR. MICHEL MO « IL N’Y A PAS DE RISQUE À S P our « Le Patient », Michel Moutschen, chef du Service des maladies infectieuses - médecine interne du CHU de Liège, fait le point sur les vaccins et la vaccination Avant de parler du Pfizer, où en sont les autres vaccins ? Il y a deux autres vaccins ARN messa- ger. Le Moderna, qui a déjà été accepté par la FDA aux Etats-Unis et qui vient d'être accepté par l'Europe. Et le Curvac qui fait l’objet de différentes études de phase 3, et dont les doses ont été précom- mandées par les autorités. A côté de ces trois-là, il y a deux vaccins à adenovirus : le vaccin d’Astra-Zeneca qui commence à être largement utilisé en Angleterre mais qui n'est pas encore disponible aux Etats-Unis et en Europe. Celui de John- son& Johnson, basé sur des technologies assez semblables, est en cours d’études de phase 3. Il y a encore un dernier vac- cin qui est celui de Sanofi-GSK, qui est basé sur une technologie plus standard de protéines recombinantes. Il arrivera plus tard. Il y a aussi des vaccins chinois et russes... Des vaccins chinois, il y en a beaucoup, certainement une trentaine selon toutes les technologies. que l’on a évoquées. Ceux qui sont disponibles actuellement sont des vaccins basés sur des technolo- gies classiques, c’est-à-dire qu’on prend le virus, on le tue par desmoyens chimiques ou autre, et c’est avec ce virus tué que l’on vaccine les sujets. Beaucoup de pays dans le monde, notamment au Mahgreb, font des études de phase 3 avec ces vaccins. Le vaccin russe est le fameux Spoutnik 5 à adenovirus, mais qui n’est pas encore enregistré par l’Europe et à fortiori par la FDA. La vaccination a débuté en Belgique avec le Pfizer en maisons de repos. Il doit être pris en deux doses. C’est remis en question? Si on regarde les résultats de l’étude pu- bliée, on a l’impression que la protection conférée par la première dose apparait ra- pidement, une dizaine de jours, mais elle n’est que de l’ordre de 50 à 60 % et on a aucune donnée sur sa durabilité ; je pense qu’à l’heure actuelle, il serait contre-pro- ductif de faire des vaccinations avec une ef- ficacité éduite. Je pense qu’il faut tout faire pour que le stock soit là et qu’on vaccine selon les recommandations que les études de phase 1 et de phase 2 nous ont données. Doit-on se faire vacciner si on a déjà fait le covid ? N’est-on pas alors immunisé ? Il n’y a pas de risque à se faire vacci- ner. Mais, si on a fait le COVID, est-ce nécessaire ? Ce que l’on sait, c’est que certains sujets acquièrent unemeilleure réponse immunitaire après le vaccin qu’après l’infection naturelle, proba- blement parce que le virus a toute une série d’armes pour leurrer le système immunitaire. Alors, si on est dans une situation où les doses de vaccin sont li- mitées, il y a le compromis adopté aux Etats-Unis : ceux qui ont fait le Covid lors de la première vague et dont on peut présumer qu’ils ont perdu une partie de leur immunité, on les vaccine comme tout le monde en fonction des groupes à risques. Par contre quelqu’un qui au- rait fait un Covid dans les trois derniers mois, à fortiori s’il n’appartient pas à des groupes à très haut risque, ne sera plus prioritaire pour recevoir le vaccin Quand on est vacciné, on est encore transmetteur ? On a peu de données. L’étude qui a probablement le mieux travaillé cette question, c’est l’étude d’Astra-Zeneca. Eux seuls ont, de façon méthodique, réalisé des frottis naso-pharyngés chez des personnes asymptomatiques pour justement voir si le vaccin empêchait le portage asymptomatique. Le résul- tat est oui. Le vaccin réduit le portage. Ce serait aussi le cas pour le Pfizer. Très raisonnablement, en fonction de la fa- çon dont ces vaccins fonctionnent, on peut présumer qu’ils auront également un impact sur la transmission asymp- tomatique. En sait-on davantage pour les femmes enceintes ? On n’en sait pas davantage. Il y a pro- bablement, parmi les millions de per- sonnes vaccinées, des femmes enceintes qui l’ont reçu. On n’a décrit, à ce jour, sur tous les sites de pharmacovigilance, aucun incident. La position actuelle no- PR. MICHEL MOUTSCHEN, chef du service des maladies infectieuses et de médecine interne générale et professeur en immunologie et maladies infectieuses

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