Le Patient 49 / Le marathon de Noël

2 Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 17/11/2020 175 patients Covid confirmés au CHU de Liège, dont 39 aux soins intensifs 19/11/2020 À partir de maintenant, tout le monde peut relier son test COVID-19 à l’application elle-même 19/11/2020 Création d’une taskforce «Stratégie de vaccination Covid-19» • CHU Edito VACCIN : «SANS LE MOINDRE DOUTE» Le Pr. Michel Moutschen est le chef du service des maladies infectieuses et de médecine interne générale et professeur en immunologie et ma- ladies infectieuses. Il nous parle des vaccins « COVID » qui sont si atten- dus et payera d’exemple : « Je me ferai vacciner, sans aucun doute ». Pour paraphraser Victor Hugo : « Contre le Covid, l’espoir a changé de camp et le combat a changé d’âme ». La bataille a été rude, parmi les citoyens mais aussi dans le personnel soignant (que vous pouvez aider en soutenant le (Mara- thon du Père Noël), vous le lirez dans ce numéro du Patient. Mais le vaccin est à nos portes avec tout ce qu’il re- présente. Ce sont nos vœux pour vous pour 2021. Passez d’excellentes fêtes en fêtant Noël autrement et en respectant les consignes. Sans le moindre doute. LA RÉDACTION Editeur responsable: • Sudpresse - Pierre Leerschool Rue de Coquelet, 134 - 5000 Namur Rédaction: • Frédérique Siccard • Jennifer Devresse • Caroline Doppagne • Charles Neuforge • France Dammel • Milena De Paoli Coordination: • Louis Maraite • Rosaria Crapanzano Photographies: • François-Xavier Cardon Mise en page: • Sudpresse Creative Impression: • Rossel Printing LEMOTWALLON  « ESSE LODJÎ A L’ÅBE COÛTE-DJÔYE »  «ETRE VICTIME D’UNE DÉCEPTION AMOUREUSE» In Simon Stase, Dictionnaire populaire de wallon liégeois COVID I LA VACCINATION EST IMMINENTE PR. MICHEL MOUTSCHEN : « JE ME FERAI VACCINER, SANS LE MOINDRE DOUTE » L e Pr Michel Moutschen, chef du servicedesmaladies infec- tieusesetdemédecine interne générale et professeur en im- munologieetmaladies infectieuses, répondauxquestionsquevous vous posez. Entretien Bonjour Professeur. Quels seront les différents vaccins? Àma connaissance, la Belgique recevra au moins cinq vaccins : ceux d’AstraZeneca, de Johnson & Johnson, de Pfizer BioNTec, de Curevac et deModerna. Trois de ces vaccins sont des vaccins à ARNmessager alors que deux autres utilisent des vecteur adénovirus (AstraZeneca et Johnson & Johnson) Quels sont les risques liés à un vaccin ARN? Il n’y a pas de risque particulier. La grande crainte parfois exprimée par le grand public, c’est qu’on modifie le génome par ce type de vaccin. C’est absolument impossible. L’inconvénient principal de ce type de vaccin est qu’il provoque une excellente réponse immunitaire et que dans les heures qui suivent l’injection, on peut avoir une douleur au site d’in- jection voire même parfois un peu de fièvre chez certains sujets, surtout après la deuxième injection. Mais les données des études de phase III qui ont abouti à l’autorisation en urgence de ces vaccins par les administrations les plus sévères telles que la FDA (U.S. Food and Drug Administration) et l’EMA (European Medicines Agency) nous ont rassuré quant au caractère transitoire et non sé- vère de ces effets secondaires. Si j’ai fait déjà le covid, dois-je encore me faire vacciner? Il n’y a pas de contre-indication à recevoir le vaccin si on a déjà fait lamaladie. Il n’y a d’ailleurs pas de stratégie de testing séro- logique avant la vaccination. Etant donné la faible probabilité de réinfection à trois mois, on peut toutefois considérer que les personnes avec infection récente, pendant la seconde vague, sont non prioritaires dans ces premières phases de vaccination. Tout le monde doit-il se faire vacciner? Probablement tout le monde doit se faire vacciner, je le pense. Il faut toutefois souli- gner que les études n’ont pas encore porté sur les enfants de moins de 16 ans ni sur les femmes enceintes. Par simple principe de précaution, ces personnes ne seront donc pas vaccinées d’emblée. Il s’agit là je le répète d’une simple prudence et non de prédictions d’une susceptibilité plus grande de ces populations aux effets se- condaires du vaccin. Pour ce qui est des autres, nous conseillons la vaccination la plus large possible mais, en fonction de l’arrivée des vaccins, il y aura des groupes prioritaires. Quelles seront ces priorités? Dans la toute première phase, ce seront les résidents des maisons de soins, des personnes qui vivent en communauté dans des maisons de repos,… Avec le personnel soignant en général. Puis, en 2 e phase, on élargira aux groupes à risque, des patients dont on sait qu’ils font des COVID plus sévères (les patients avec des obésité, diabète, hypertension, ma- ladies cardio-vasculaires,…). Les carac- téristiques précises de ces groupes sont toujours en discussion avec les experts. Que risquent les patients avec des maladies auto-immunes ou greffés? Il n’y a pas de risque particulier, en tous cas chez les immuno-déprimés et les greffés. Il ne s’agit pas ici de vaccins vivants. Il y a quelques vaccins, comme celui de la fièvre jaune que l’on injecte aux personnes qui voyagent sous les tropiques, qui sont dangereux pour les personnes immuno-déprimées parce qu’il s’agit de vaccins vivants. Ici, ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une trace gé- nétique qui ne peut absolument pas se répliquer. La seule chose que l’on peut constater chez le patient immuno-dé- primé, c’est qu’il développe une moins bonne réponse, une moins bonne pro- tection grâce au vaccin mais c’est tou- jours mieux que rien, sans l’ombre d’un doute. Pour les personnes qui souffrent d’une maladie auto-immune, là aussi il s’agit d’une considération théorique : celui qu’une vaccination puisse exacer- ber les maladies auto-immunes. Cela n’a cependant jamais été démontré pour aucun vaccin et je ne vois pas de raison pourquoi cela devrait être constaté avec celui-ci. Si on est vacciné, est-on sûr de ne pas être porteur sain en continuant à faire circuler le virus ? L’étude portant sur le vaccin d’AstraZe- neca a testé cela. Des frottis naso-pha- ryngés ont été réalisés de façon répétée, y compris chez les sujets asymptoma- tiques. Selon les résultats préliminaires disponibles, ce vaccin pourrait forte- ment réduire la probabilité d’être un porteur sain laissant ainsi espérer une immunité qu’on qualifie parfois de « stérile ». Cette bonne nouvelle doit bien entendu être confirmée. Ce qui est très clair, c’est que tous les vaccins dont on vient de parler protègent de la maladie, a fortiori des formes graves. Savoir dans quelle mesure ces vaccins empêcheront la propagation du virus, en empêchant qu’on soit porteur sain, l’avenir nous le dira. Je suis optimiste. PR. MICHEL MOUTSCHEN, chef du service des maladies infectieuses et de médecine interne générale et professeur en immunologie et maladies infectieuses

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