Le Patient 49 / Le marathon de Noël

13 S ouventminimisée, la commo- tioncérébralepeut causer des troubles bienplus importants qu’on ne l’imagine. Aurore Thibaut, co-directrice du Coma Science Group, réalise une étude sur les effets qu’ellepeut avoir sur le sommeil. Avec l’aidede laFondation Léon Fredericq. Chuter, se cogner la tête, penser que ce n’est rien. C’est un mauvais réflexe. Car cela peut ne pas être anodin. Le choc peut engendrer des lésions neuronales entrainant un réel dysfonctionnement du cer- veau. Aujourd’hui, encore trop peu de personnes vont chez leur mé- decin à la suite d’une commotion cérébrale. Et trop peu d’entre eux obtiennent un suivi médical adap- té. C’est ce que voudrait changer AuroreThibaut. Diplômée en Kiné- sithérapie et Réadaptation à l’Uni- versité de Liège en 2010 avant de réaliser une spécialisation en Neu- roscience, elle a fait son Doctorat au Coma Science Group en 2015. Le but de l’étude, « c’est de faire le parallèle entre le développement possible des troubles du sommeil et la commotion cérébrale » , le tout objectivé par des questionnaires cliniques, une polysomnographie (permettant de mesurer les diffé- rentes phases du sommeil) ainsi que l’IRM fonctionnelle. Pour ce qui est de la clinique, elle est accompagnée des Professeurs Jean-François Kaux et Steven Laureys ainsi que des neuropsycho- logues Éric Vincent et Gaël Delrue. DES EFFETS NÉGATIFS SUR L’APPRENTISSAGE Les symptômes de la commotion sont multiples : « Il y a des symptômes aigus, qui vont persister quelques heures voire quelques jours. On peut noter une perte de connaissance, des troubles de la vision, de l’audition, de l’attention et des vertiges. Ceux-ci vont s’estomper après quelques jours. Il existe également des symptômes chroniques : on se rend compte que des patients vont avoir des symptômes pendant des semaines, des mois voire des années.» C’est ce que l’on nomme le syndrome post-commotionnel. Parmi ces symptômes chroniques, les patients peuvent souffrir des troubles persistants du sommeil. Un problème aux retombées très importantes notamment au niveau de l’apprentissage. «On sait que chez les jeunes, notamment dans le milieu sportif, les commotions sont fréquentes. Cela peut entraîner des insomnies ou un sommeil beaucoup moins réparateur. Cela a un impact considérable sur leur apprentissage puisque le sommeil joue un rôle clé dans le processus de consolidation de la mémoire. » LA CHERCHEUSE DU MOIS I AURORE THIBAUT COMMOTION CÉRÉBRALE : QUELS EFFETS SUR LE SOMMEIL ? Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 11/12/2020 La ministre Morreale élargit le nombre de visiteurs pour les maisons de repos à 2 par résident 11/12/2020 La Belgique a atteint un plateau pour le Covid : « La courbe va choisir un sens, les cartes sont entre nos mains », Steven Van Gucht 11/12/2020 L’OMS appelle à redoubler de prudence pendant les fêtes «AUJOURD’HUI, ENCORE TROP PEU DE PERSONNES VONT CHEZ LEUR MÉDECIN À LA SUITE D’UNE COMMOTION CÉRÉBRALE.» AURORE THIBAUT, co-directrice du Coma Science Group Retardée à cause du coronavirus, l’étude devrait commencer début 2021. Aurore Thibaut explique le procédé : «On va suivre le patient du stade aigu au stade chronique. La première visite doit se faire dans les trente jours qui suivent la commotion cérébrale et le suivi du patient durera un an. On va alors voir si ce patient développe des troubles du sommeil. » Dans l’idéal, la chercheuse voudrait utiliser ses précédentes recherches sur les stimulations transcraniennes : « In fine, ce qu’on voudrait faire, c’est SOUTENEZ LA RECHERCHE À LIÈGE Vous souhaitez, vous aussi, soutenir la Fondation Léon Fredericq et nos jeunes chercheurs de l’Université et du CHU de Liège? Faites undon, chaque aide est essentielle! Compte : BE16 2400 7780 1074 – Com- munication : Fondation Léon Fredericq CC4012 (déductibilité scale à partir de 40€) CONTACT: Fondation Léon Fredericq, Caroline MAZY, 04/366.24.06, caroline.mazy@chuliege.be utiliser un courant alternatif lent et non-invasif. Si on voit qu’une phase du sommeil est plus perturbée, on va booster une onde lente durant le sommeil pour améliorer sa qualité. » Et la jeune chercheuse liégeoise de remercier la Fondation Léon Frede- ricq pour la bourse accordée, « une aide vitale qui permettra de récolter des données pilotes auprès des pre- miers patients. » MILÉNA DE PAOLI

RkJQdWJsaXNoZXIy MjkwMTYw