Le Patient 49 / Le marathon de Noël

12 É tat grippal, perte de goût, dé- prime, fatigue extrême…Avec une infection à Covid-19, on a tendance à manger moins et à maigrir. Une bonne nouvelle? Détrompez-vous: la perte de poids involontaire est souvent synonyme de risque de dénutrition, et menace votre état de santé. Pour la préserver, suivez nos conseils nutritionnels Beaucoup de personnes infectées par le co- ronavirus maigrissent, parfois de manière spectaculaire ! Une étude française évoque la perte moyenne de 6,5 kg. Si certains pa- tients en surpoids s’en réjouissent, ils ont tort. «Une perte de poids involontaire est souvent un signe de risque de dénutrition, c’est-à-dire un état de carence dû à un désé- quilibre entre les apports et les besoins nutri- tionnels accompagné de modifications fonc- tionnelles» , alerte Anne-Marie Verbrugge, diététicienne en chef au CHU de Liège et référente nutrition pour les unités de soins intensifs. Et malheureusement, il n’y a pas que la masse grasse qui fond, mais égale- ment la masse musculaire QUATRE PATIENTS SUR DIX SONT DÉNUTRIS À l’instar d’autres infections aiguës, la Co- vid-19 constitue en soi un risque majeur de dénutrition. Elle toucherait 42% des patients hospitalisés et près de 67% parmi INFECTÉS? GARDEZ UN ŒIL SUR LA BALANCE ! Ligne du temps | Évolution de l’épidémie 10/12/2020 Le nombre de décès moyen par jour passe sous la barre des 100 10/12/2020 Démarrage des tests antigéniques en Belgique 10/12/2020 LaWallonie prolonge le couvre-feu de 22h à 6h jusqu’au 15 janvier ATTENTION À CES 3 IDÉES FAUSSES! 2 Les personnes âgées ont moins besoin de viande : FAUX ! C’est l’inverse. 2 Si je me sens fatigué, je dois me mettre au repos : FAUX ! La passivité aggrave la dénutrition. Sans activité physique, pas de synthèse musculaire possible. 2 Des compléments nutritionnels m’aideront à guérir : FAUX ! Les sup- pléments en vitamines et sels minéraux (fer, magnésium, zinc, cuivre…) sont des médicaments. N’en prenez jamais sans avis médical, ils peuvent s’avérer dangereux. REPÉREZ LES SIGNES D’ALERTE Surveillez votre poids : une perte involontaire de 5 % de son poids au cours des 3 der- niers mois ou 10 % sur 6 mois doit vous alerter. Restez attentif à vos aînés : une personne âgée qui perd l’appétit, qui devient sé- lective avec les aliments ou qui déprime est à risque de dénutri- tion au-delà d’une semaine. ceux admis en soins intensifs. (*) «Mais elle peut aussi sévir dans les formes légères de la maladie», avertit Anne-Marie Verbrugge. «Avec la perte de goût et/ou d’odorat, la fièvre, l’état grippal, les difficultés respira- toires, la diarrhée, etc., associés à la déprime liée au confinement, on perd l’appétit et on s’alimente moins». On croirait volontiers que le fait de rester quasiment immobile plusieur jours ou se- maines diminue nos besoins alimentaires, mais il n’en est rien : «l’inflammation pro- voque une augmentation des besoins en calories et en protéines. Si les apports nu- tritionnels sont insuffisants, l’organisme puise dans les réserves et dans les muscles! Résultat: une fonte musculaire parfois ra- pide, voire une perte de force, aggravées par une immobilité prolongée». LA DÉNUTRITION AGGRAVE LA MALADIE Le risque n’est pas seulement de voir dispa- raître sa masse musculaire : «tous les mus- cles sont concernés: digestifs, respiratoires, cardiaques…C’est pourquoi la dénutrition altère toutes les fonctions essentielles de COVID-19 I DIÉTÉTIQUE l’organisme», explique la diététicienne. Et l’immunité au premier plan : «comme pour n’importe quelle autre maladie, le fait d’être dénutri aggrave le pronostic! Cela augmente le risque d’infection et retarde la guérison. Pour une même infection, un patient dénu- tri restera hospitalisé deux fois plus long- temps.» . Et la récupération est très lente, «en particulier chez les personnes âgées», insiste Anne-Marie Verbrugge. EN SURPOIDS NE VEUT PAS DIRE À L’ABRI Il n’y a cependant pas lieu de se réjouir d’être en surpoids: le surpoids ou même l’obésité ne signifient nullement que l’on CONSEILS DIÉTÉTIQUES SE NOURRIR PENDANT ET APRÈS UNE INFECTION COVID 2 Adaptez lesportions àvotre appétit: fractionnez les repas en mangeant plus souvent de petites quantités 2 Enrichissez vos repas en calories et en protéines: en ajoutant par exemple à votre soupe de la crème, du lait entier ou concentré, du beurre ou de l’huile, des œufs, du fromage râpé, de la viande hachée, des croûtons ou des pâtes… 2 Recherchez le plaisir du goût autant que possible: relevez vos plats avec des épices, aromates et condiments 2 Buvezaumoins1.5litreparjour pour préserver vos reins, et même davantage en cas de fièvre 2 Si vous avez perdu le goût/l’odorat , retrouvez nos conseils sur www.chu- liege.be : «J'ai perdu l'odorat et/ou le goût suite à une infection virale. Que faire?» Si malgré ces conseils vous ne parvenez pas à stabiliser votre poids et maintenir une activité physique, consultez votre médecin traitant. possède des réserves nutritionnelles suffi- santes. «Au contraire, met en garde la dié- téticienne, «l’obésité est plutôt le signe d’un déséquilibre préexistant, et peut constituer un facteur de risque de dénutrition aumême titre que toute autre pathologie» . Parmi les autres facteurs de risques aggravants, on compte essentiellement «un âge supérieur à 65 ans, une pathologie chronique, et une hospitalisation prolongée, a fortiori en soins intensifs» JEN (*) Clinical Nutrition Espen, « Prevalence and severity of malnutrition in hospitalized CO- VID-19 patients », vol. 40, 2020, 214-219. ANNE-MARIE VERBRUGGE, diététicienne en chef au CHU de Liège et référente nutrition pour les unités de soins intensifs

RkJQdWJsaXNoZXIy MjkwMTYw